LIBRARY OF PRINCETON

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THEOLOGICAL

REVUE

DE

L'ORIENT CHRÉTIEN

RECUEIL TRIMESTRIEL

1903. N" 1.

PARIS

LIBRAIRIE A. PICARD ET FILS

82, BUE BONAPABTE, 82

1903

SOMMAIRE

Pages.

I. I. VIE DE SAINT AUXENCE. Texte grec publié par

Lréon C'iugnet. II. MONT SAINT-AUXENCE. Étude historique et topographique par Jules Par- g'oire, A. A 1

II. _ SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPHRONE LE PA-

TRIARCHE {suite), par Siiméon Vaillié, A. A.. '^'^

m. - NICÉPHORE MÉLISSÈNE, ÉVÉQUE DE NAXOS. ET

DE COTRONE, par Emile Legrand 70

IV. VIES ET RÉCITS D'ANACHORÈTES (IV«-VIIe SIÈ-

CLES). I, Analyse du Ms. grec de Paris 159G, par l'abbé F. rVau. -:- II. Textes grecs inédits extraits du même Ms. et publiés par L<éon Clugnct (suite). 91

V. - RELATIONS OFFICIELLES ENTRE LA COUR RO-

MAINE ET LES SULTANS MAMLOUKS D'EGYPTE,

par H. L<aniiiiensi> S. «i 101

VI. -LA REBAPTISATION DES LATINS CHEZ LES GRECS

(suite), par A. P 111

VII. - LE PATRIARCAT MARONITE D'ANTIOCHE. par

P. Cliebly 113

VIII. MÉLANGES.*

I. DÉPOSITION DU PATRIARCHE MaRC XyLOCARVI, par

L.oiii»« Petit, A. A 141

II. Russes et Nosairis, par P. Liammens, ». J 149

IX. BIBLIOGRAPHIE 150

La Revue de rOrient chrétien (recueil trimestriel) paraît par fascicules formant chaque année un volume de plus de 500 pages in-S", avec des textes en langues grecque, slave, syriaque, arabe, arménienne, copte, etc., et des planches.

ON SABONNE A PARIS : A la JL.IBÎIAIRIE A. PIOARO,

RUE BONAPARTE, 82.

Prix de l'abonnement :

France « fr.

Étranger lO fr.

Prix de la livraison , 18 fr. oO

On peut se procurer les volumes qui ne sont pas épuisés à raison de 10 IV. le vol.

Les coinmuiiieations relatives à la rédaction doivent être envoyées

à M. Léon CLUGNET

Secrétaire de la JFîevue de l'Orient Chrétien, à Fresnes-les-Riingls (Seine).

11 sera rendu compte de tout ouvrage relatif à l'Orient, dont un exemplaire aura été adressé il la Revue de rOrient Chrétien, chez MiM. A. PICARD et Fils, librau'es, rue Bonaparte, 8-2, à l'aris.

REVUE

dr:

UORIENT CHRÉTIEN

VIII

8^ volume. 1903

REVUE ( SEP

DE

L'ORIENT CHRÉTIEN

RECUEIL TRIMESTRIEL

HUITIÈME ANNÉE

PARIS

LIBRAIRIE A. PICARD ET FILS 82, Rue Bonaparte, 82

1903

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE HUITIÈME VOLUME (1003)

V»gee,

I. L VIE DE SAINT AL'XEXCE. Texte grec, pul.lù- par Léon Clu- gnet. II. MONT SAINT-AUXENCE. Élude historique et topographique,

par Jules Pargoire. A. A 1, 240, 426, 550

II. SOPHROXE LE SOPHISTE ET SOPHROxXE LE PATRIARCHE, par Siméon Vailhé, A. A. (suite et fin) 32, 356

III. XICÉPHORE MÉLISSÉNE, ÉVÊQUE DE NAXOS ET DE COTRONE,

par Emile Legrand 70

IV. VIES ET RÉCITS D'AXACHORÉTES (ive-viie siècles). I. Analyse du manuscrit grec de Paris 1596, par l'abbé F. Nau. IL Te.\tes grecs inédits, extraits du morne manuscrit et publiés par Léon Clugnet. . 91

V. RELATIONS OFFICIELLES EXTRE LA COUR ROMAIXE ET LES SULTANS MAMLOUKS D'EGYPTE, par H. Lammens, S. J 101

VI. LA REBAPTISATION DES LATINS CHEZ LES GRECS, par A. P. (suite) m

VII. LE PATRIARCAT MAROXITE D'ANTIOCHE, par P. Chebly, prêtre maronite 133

VIII. VIE ET OFFICE DE SAIXT EUTHYME LE JEUNE. Texte grec, publié par Louis Petit. A. A 155, 503

IX. HISTOIRE POLITIQUE ET RELIGIEUSE DE L'ARMÉXIE, par

F. Tournebize (suite) 206, 577

X. LE PATRIARCAT MAROXITE D'ANTIOCHE, par S. Vailhé. A. A. 281

XI. VIE DE SAIXTE MARIXE. VIL Texte français, publié par Léon Clugnet (suite). VIII. Texte éthiopien, publié par F. M. Esteves Pereira 288, 614

XII. UX POÈTE ROYAL A LA COUR DES OMIADES DE DAMAS, par H. Lammens, S. J 325

XIII. LETTRE DE PAUL, ÉVÊQUE DE SAIDA, MOIXE D'AXTIOCHE, A UX MUSULMAX DE SES AMIS. Texte arabe, publié et traduit par

L. Buffat, S. J 388

VI TABLE DES MATIERES.

Pages.

XIY. LA FORME CONSÉCRATOIRE DE L'EUCHARISTIE D'APRÈS QUEL- QUES MANUSCRITS GRECS, par E. Batareikh, prêtre grec-melchite. 459

XV. LE MÉMORANDUM DU PATRIARCHE GREC ORTHODOXE DE CONSTANTINOPLE AU SULTAN SUR LES AFFAIRES DE MACÉDOINE,

par X 485

XVI. NAHADAG-MARTYRS. RITES ET USAGES, par D. M. Girard,

S. J 537

MELANGES

I. DÉPOSITION DU PATRIARCHE MARC XYLOCARVI, par L. Petit, A. A 144

IL RUSSES ET NOSAIRIS, par H. Lammens, S. J 149

in. NOTES DE GÉOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE SYRIExXNE, par H. Lammens, S. J 313

IV. UNE BAGARRE AU SAINT-SÉPULCRE EN 1698, par L. Petit, A. A. 471

V. L'ANTIQUITÉ DE LA FORIMULE - OIMNIA AD MAJOREM DEI GLO- RIAM ", par H. Lammens, S. J 477

VI. ANCIENS COUVENTS DE L'AURANITIDE, par H. Lammens, S. J. 478

VIL LA LETTRE DE PHILOXÈNE DE MABOUG A 'ABOU-NIPHIR, par J. Tixeront 623

VIII. NOTE INÉDITE SUR PHILOXÈNE, LVLQl E DE MABOUG. par F. Nau 630

IX. COPTES ASIATIQUES ? par H. Lammens, S. J 633

X. UN DOCUMENT PALESTINIEN A RETROUVER, par H. Lammens,

S. J 637

BIBLIOGRAPHIE

F. Cabrol et H. Loclerq, Monumenta Ecclesiae liturgica. I. Relliqinae Li- tiirgicae vetuslissimae (L. Clugnet) 150

L. de Beyiié, L'fiabilaiion. byzantine [J. de Laviornerie) 152

Al. Gayet, Anlinoë et les sépultures de Thaïs et de Sc'rapion {.]. de Lavior- nerie) 153

R. Graffin, F. Nau, Patrologia orienlalis (L. C.) 154

S. Weber, Die Katholische Kirche in Arménien (F. Tournebize) 320

G. Schlunibcrgor, Expédition des Almugavans eu routiers catalans en Orient de Van 1302 à l'an iSil. Le tombeau d'une im] éralrice byzantine

à Valence, en Espagne (L. Clugnet) 321

TABLE DES MATIERES.

Pagee.

H. Oldoiiberg, La relujiua du \'i'da. Le Bouddha, sa vie, sa doclrine, sa

communauté (L. Cliignet) 323

II. Marucchi, Éléments d'archéoloyie cliréiicnne. IIL Basiliques el églises

de Rome (.1. de Laviornorie) 482

0. Bardenhewer, Palrologie (A. Guigard) 483

Dom Placide do MoesLor, Officia deW iano acalislo in onore délia sanlis-

sima Madré di Dio (L. Clugnet) 484

M. Dunlop Gibson, The Didascalia apostolorum (F. Nau) 639

A. Vaschalde, Three Letters of Philoxenus, bishop of Mabbogh (F. Nau). . . 640 E. Pears, The Destruction of the Greek Empire and the story of the capture

of Constantinople (J. de Laviornerie) 640

Patrologia orienlalis, vol. 1, fasc. 1; vol. II, fasc. I. (F. Nau) 642

R. Dussaud et F. Macloi-, Mission dans les régions désertiques de la Syrie

(H. Lainmens) 643

0. Marucchi, Le Catacombe romane. Le Forum romain el le Palatin

d'après les dernières découvertes. D. Dufresno. Les Cryptes vaticanes

(A. Guigard) 645

YIE

DE

SAINT AUXENCE

TEXTE GREC

PUBLIÉ

l'AR

Léon CLUGNET

INTRODUCTION

La Vie de saint Auxence donnée dans les pages suivantes est fort différente de celle qui est contenue dans les manuscrits grecs 1451 et 1452 de la Bibliothèque Nationale et qui, d'après le deuxième, a été insérée dans la Patrologie grecque de Migne (vol. CXIV, col. 1377-1436). Elle est beaucoup plus courte, ce qui tient surtout à ce que son auteur n y a pas introduit ces discours d'Auxence à ses visiteurs, dont plusieurs nous ont été conservés par l'autre historien. Toutefois, si les deux textes ne sont pas semblables, ils paraissent bien venir d'une source com- mune, ou plutôt celui de Venise doit être considéré comme un résumé de celui de Paris. Dans l'un et l'autre, en effet, on remarque le même ordre dans l'ordonnance du récit et dans la distribution des événements mentionnés.

Le P. Pargoire, avec la compétence qui lui est particulière, a utilisé ce texte de Venise pour son étude sur saint Auxence

ORIENT CHRÉTIEN. 1

2 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

qu'on trouvera plus loin. Je suis donc, grâce au travail du sa- vant religieux, dispensé d'en parler davantage.

Le manuscrit de la Marcienne (Mss. grecs, Cl. VII, 25, fos 296''-303^) d'où notre texte est tiré, est un volume in-fol. co- pié au XI' siècle. L'écriture en est fort belle et très correcte. C'est un légendaire, contenant des Vies de saints ou des homé- lies sur les saints pour les mois de décembre, janvier et février. Il appartenait autrefois au monastère du Précurseur, ancienne- ment nommé Pétra, et situé près de la citerne d'Aétius, ainsi que le montrent les trois vers ïambiques qui se lisent à la der- nière page :

Tf,q y.£t[j.£VYjç 'é-{yiaTX t^ç 'Astiou 'ApyaïxY) es -lti ;x3vr^ 'AKfiGiz HsTpa.

BI02

TOT 02I0Y AïSENTIOY

MONAXOY

(Bibliothèque Maicienne de Venise : Ms. grecs, Cl. VII, 25 (xi' siècle), f»^ 296'--303^.)

I . - Kal Ti TÔiv -/.xAcov 8<7oaai tw ,8t(p ^tooù; u.r^ rôv tou [;-£yy.Xou Aù^£VTLOu piov £TCa^v;YO'j|7-£vo; -/.avova xxl aùxôv àpsTvi? ■f^'ri\j.'j,':iC,wzx

5 x,ai àpysT'jTVOv; siTTat. yàp Trr.v-:co; TrpoT'.Osy.svo; 7:o).'Xoïç wcpsXetaç 'jTToOîci;. 'A:x.T£Ov o'jtw Tr^ç oiviy/i'icojç.

II. O y-aya; oOto; Aùçivrio; zù^err,; yayovôj; xal twv àcp' r,Atou àvaToXwv x.al arpantoTr,; y£vvaro? £yvct)pi{^£TO y.al xv. Tpi.a/.OGTÔ Toîvuv £T£i Tr,ç pa'jt7.£{a.i; 0£o6o(7ioi» tou véou, ty^? S'jpix; 6 v£o; oûto;

10 £7:av'.à)v 'Aêpaà|/. (TauTvi yxp £V ttî TcTapT'/i tùv pa.(7i)vixùv ctox-

T£U|J.ZTtOV £TUy£V £X,'7TpaTcUC0V C/oV?,), TïiV KwVGTîCVTlVO'J /.aTslaêc,

•/cxl £77£l {/,'/) £'jpoi TÔv T^pôç ysvo; aÙTw OaTov (0£ia yàp aùxov twv t"^- §£ p-STax^alscaTO Tupdvoix) , OeTov tb; eitûeTv auT^Xxêoj^svo; cpoêov, xpôç Paci>.£iQu; â'êXs'iEV y.ù'Xàç, -po; ào'çxv t-/iv ^lappÉGUTscv , àXX'

15 £Ù6Ù? tÔv Cri)p(p£TCO(^-/] TO'jTOV P'!oV llTTWV Toù; £— ' àpETïj pco'jVTaç 7r£-

pi'^Ei C'/l'tiiv. Kal fAEVTOi ^7) -/.al Twv èlTzîSoiv ^'.£^pe'J(76vl, [v.ova/cp yap Tivt TTspiTuywv 'Itodcvvv; t'/jv •/Axcî.v, tov ^iov c£[j(.vÇ>, tov rpo- Tvov j(_pyi'jTco, TTJ; Pa-TiT^Eyoucrviç â'çco ^tîcyovT!. y.aTa to XsyojAEVOv 'Eê'^o- p.ov, MapxLocvÇ) tw j^-syàXoi ttjv oi/.ovo{xiav àcTi t-^ç y.eyx'y.'fiÇ 20 lyx.£5(^£ipi(7(/.£V(p ToO ©EoCi ÈK/.V/iciaç, oO 77A-/)'pr,; Tcov /.aTOpGcojxarcov r, cu^—XG'X, ïxiSï StTTz O'jTco; wvo;j-7.!7a£vcp, àvàpl 6£oçi'.>.£Î' xxl y,0'j[A''ci),

4 REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

yXky. ^-/i "/.al 'AvOîaw tw goow (op^tvapio; oûto; syvwpi'^sTO T'/ivi- •/.auxa Tou TTaXaTiou xa.1 ^£x,a.voç), 6; /.al tco TtspiovTi Tvît; àpexviç y.al

* f. 29(j^ t£pw(7uvviç û(7Tspov /,s-/.6c)[x-/iT0 àçiiù^y.Ti, Gsi'o'.ç ovTco; àvàpà cri xal

T3C ôs^a oroipoTç. £•/. TO'JTcov ■/.aT.'Xt'jTa xal Tvàv scôo; àpsTvi; cjve- };£^aTo, xal togo'jTOv coq 7ï£piêoriTov [;-âHov è/.sivcov sivai toOtov 5 xal TOtç y— avTwv zi^EGOai crrojv.a'nv. "A^wv oOv /.ai Tiva xr,: àpexriç aCixou yvojpiGjAaxa 7:ap£V£Tpai xco ôi'/iyvi'aaxu

III. SuvflV 770XS Map/.iav(o -/.axz xov utt' £/.£'!vo'j ^oa'/iOlvxa 7r£0'.-/.al>^ xr;Ç Ebr.v^ç vaov xov Tïpô; BxkxcGX'J 0 Ôeî'o; oOxoç A'j^évxioç, TCavv'jyou; £/,x£XoOvT£ç ajAÇW xàç uj/.vcorîia;. "Vôaxoç xoivuv (0 guv/îOe; 10 £}C£tvotç TTToxàv) aîx-/i9£VX0!;, /.al /.paj^-axoç (0 ^svov xo'Jxoi;) àvxt^oGsvxo; oïvo'j, X7)V 7rapa/.o-/iv £TC£OT£p ô /.ofAiTaç évs/.aXsTxo , xou Mapxiavou xauxviv aîx'.wvivoi», ce 'Ao£ç, (o 7cax£p, 6 Aùçs'vxio; eItte, ^wpov xal xo'jxo 0600. Rai [/.àpxu; 6 £v xw Ravà yâp-w x6 Gocop £tç oivov 'j-£xa~oirjGa; XoiGxoc ». Tt oôv £'7xiv svxfiuGsv /axa[xaO£Î'v ; xoij jxèv 15 xvjv iy/.pâxsiav, xou Se p.s'xpiov /.al ax'joov.

IV. "kXkrjTZ TzyJkiv £V [j.ia xtov cruvaÇECov Tixcoyô; [iiaio; 77£piéoXr,v è^aixcov où/, àçpt'crxaxo, /.al 0; xo y.xwviov £v à.TO/.p'j'^w yavotAîVoç àTTOoùç, (otj^£ yàp vjv ixspou xivo; eÙTropùv) £X£ivw '<Tap£'7y(_£X0, xou Map/.ta- voD xo Tuav àyvo'/^cavTO^. Ti oOv yivsxai; vu/.xepivo'ji /.}.£— xou Tuayai; ô -O xxo))(^oç èfXTTS'jwv xpo(>aTi;(6>.£C£ /.al à^ep v)v 7i:po/.xr|(7x[J!,£vo(;, /.al /.a- xa'Xaêwv xov sv xÇ) 'Eêod[/.tp [^.ovayov 'Icozvvr.v O'J 7rpox£pov 6 Xdyoç £{xv'/i<:6vi , XuTiv -/iXEt, xùv C'jfJLTrîTo'vxoJV /.al Tvi; cru|X(popàç 7rapr;y6p7i[/,a. 'Ev xoco'jxw /.al ô Oaujj.acrxo; Aù^s'vxto; cjv xoj Map/.iavw x6v ylvapa /.axa'Xay.Çy.vouTi /.al ÈttsI [7.a6o'.£V X(o X£vr,xi GU[/.êa:vxa, 25 0 Aù^£vxioç £-£UAdy£!. XOV /."Xfd/avxa. Trapar^o^ov 0 'I^aw/iç xo TCpàyp!,a

* f. 297'' voyJJ^zi /.al (( ^£vov {;.o'., "/lyei, xd slpvijXEVOV ^£Vov àyaGoTi; * £[y.cpai-

v£xai xpoTVOiç )). Rai 6 ^i/.a'.o? <7xpacp£lç Tûpô; xov :7£V7ixa, a DoVa ovf (701 /.al iij,axia, £lTr£v, d y.Xi'hxç àçEiXexo; )) (( 'E— xà, â'çv) £/.£Î- voç, xal xo Tïapà X'o; aviç [xoi ooÔsv oc'i.dxvixo;. » ft Rai Evaxî xoTodxtov 30 £d77opwv, ô [Jt.£ya; Tïpo'îlOsxo, xal xo £v £X£Ïvo [/,oyB-/ipûç ï^iy.noi >>a- éeiv^ » [/.i/.po'Xoywv, (bç àv sixo!. xi.;, 77aio£'ja)v Se [/.àT^'Xov aùxov {;//j tcT^eovexxsîv. no).ù yàp -^iv jj,£ya>.dçppovi xaux'/) 4"^X,'^ '^'^ ^^[/.TiraÔè; xal xd Ltlxpiov ôic, d Vj'yo; ^'rfkoiazi. Ttvà yàp oiXkov Troxè xXo— '/iç àT^ovxa TCsvvixa p'.aiwç £Xxdp.£vov xoù; £"X/.ovxa; 6 '7U[a,7TaOrj; àu(jco7r-/i''7aç l^eTXs 35 xdx£ xouxojv xal ^uctoTaxo.

VIE DE SAINT AUXENCE. D

V. "kXkr, Se Tt; yuv/i Tvovvipco Ay-y.ajiro^ irveufj-y.Ti, '/povoiç àç' oXoiç eizoGi TouTW ^£^0'Aco[7.£V/i, ôiç, [^.o'vov cuv/fv—ziTS /.a6' ÔOÔV T0> àyicjn Poat; àc7;pL0t; i/Jyor~o- /.cd o; sct-/] {/.èv sùOù; Tr,ç ôp[7/7^ç tw au[A- xocBsL vi/.r,Oêi;- £Ùyr,v ■;:o'.nca;j.£vo;, co too Oxu[j,a.To;j T-flç ôaijAO-

5 vix; aÙTr,v à7r/i>.7^a^£ p.y.'TTiyo;. E^STrXri^e toù; -apxTu)(_6vTx; to tA^yx TOUTO Gauaxcrioupyrjxy.- sOsto Tor; à-JTXVTCov GT0[/.a(7'. tov u.axzpiov xai TC£p''o'/iao; r,v.

VI. 'ÂlXà oeuycov o'jto; tov tOçov, t'/jv Èpviaïav r,G-y.GiXTO. tvjv BiQuvtav yzp T7.yo; y.y.ry.'Ky.^iow , o^z'. 77po<7£py£Tai >.'!xv ùj;ri>.w -/.at

10 xpuy-w^st, G7i'7,£Îoi; oj^Tci SeV.7. tv;; Xx"Xxrj^ovo; d-iy o^ni ('O^sTav TOijTO /.xlouGt), £(p' w yei^ac, tlç 0£ov àvaT£'Na;, « "EaT-zi^a;, £}v£yev, £v £Ù3U7(ooco Toùc TïoV^ac aou y,y.\ /,a.T£'jO'jvx; tx èixêr.axTz aou, Kupi£, £v TcsTpa 'jij;oj'7a; /.al /caTxaova; èr' £").tci(^'. xaToV/acja: y.£. »

VII. Mta yoOv Tùv v;a£p(ov 7îOiy.£V£; Tivà:; 7T£p'.vi£G5'.v opo; ^r,-

15 TOÛVT£^ TX TTOt'AVlX, OÏT'.VE; TOJ JJ-a/,Xpi;TVl 77:OG£VT!jyOVT£^ /.al 6"/;ptOV

wG7r£p xùtov 67r£iV/]*(p6Tc; eTvx'. tw ttjÇ zo;7/fj; Sy.Gci xxl tw -rpaj^cî" * •"• 29^ TTiÇ TCsptêo'X-^;, ©oêw 'Xr,cpO£v-:£; ïcpuyov, o'j; 6 Oxuixx'jTo; £/.£îvo; çkovv; yX'j/.sia xcoT/.aXouixEVo;, « M-/) cpoê'rj'rOE, te^.vx, TûaTpr/.oJç D.£y£v' £i|;.t yàp avÔptoTTo; (oi; ûa£Î'ç ))' £lTa zxl r^t.opaTix.wTaTX, « bs, O'/iTi,

20 /.OTTTE^Os TÙJV TTOl'JLV'wV £V£XX ; T"^ àpi-TTEpa TOO OpOl»Ç 7î'X£Upà TxOO'

EÙpTlVETE 7rGO(7lOVT£Ç ». TpiTVlV OÙV T0UO£ TOU p-ÉpOUÇ TTEpîOOOV SXEtVCOV £l770VT(i)V TTOlviTai /.al V//Χ£V £(p£'jp£ÎV, ô àO'Oll/.OÇ, « "A" IT£, Ts'/.VX,

£OVlG£V, a'7riT£ /.xl /^socl Taî; uy.wv sttxi tx -0''[7.vix Tou Rupiou Qtk/]fjCiVTQq ». "Epyov 6 >.oyo; iyivezo, x,xl to -irpayaa G'jv toîç xot-

25 [7-vtotç 0'. 7:atS£ç £7rxvi6vT£(; toi"; S£a770TX'.ç eyvwpKTXv. ôà 0£oG àvÔpwTirov î)-rAaêovT£? slvxi tootov Txy£i /.aTalxaêxvouGt /.xl o-/; /.xl TV]v TTpÉTTO'Jcrav aÙTco TTpoT/.'jv/iCiv à770V£i[y-xvT£ç iùlojiy.q TUyOVT£g T7ÏÇ irap' aùro'j /.al /.£l').iov to; £/.£ivco i^o/.ouv /.xtxc/.£1)xgx[7.£voi y_a''povTcç £7rxv7,£(jav. O'jto; c'jy/J.tinoijj.zvQ; sauTOV, « 'Ey£v6|7.7iv,

30 £'J;a);};£v, co? TTpouOiov y.ovy.{^ov £-1 §w[;-aTOÇ, àXXx n'j, K'jpi£, [J.i-' ijj.o\j 0 0£oç, ô 0£oç d •;:£pi'(tovvucov [/.£ ôuvaj7-tv ».

VJII. TtiÇ (Dwrnq o'jv ^tai^oOEfTViç à-nravTayoO, oùbs yxp olov '/;v

11. "EffTYiffa;... îiôôa; [jlou Psalm. xxx, 8. 12. xa.T£y6yvaç... ôia6r,(iaTa [xov Psalm. XXXIX, 2. Cf. cxviii, 133. 13. Iv TiéTpa {iJ/wcra? Psalni. Lx, 2. 13. xaxa- [i.dvaç... xaTwvttffa; (jt£ Psalm. iv, 10. 29. 'Eyz\6\i.ri'j... SwpiaTo; (pour ôéfia-rt) Psalm. ci, 8. 30. (TU jiet' èiaoù Psalm. xxii, i. 31. ô 0£Ô; ô TtEpi^wvjMv [i.£ 50va[Atv Psalm. XVII, 33. 32. o'joèyàp... ôpouç Malth. v, li.

6 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

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OLÙTOi PooV/l6£t; TtVl TOJV CplXcOV T"/ÎV ^DoV/iV £X,0lVW(7a.T0. 'A^-T.' olo. <70U,

xovTjpè, ry. Tt'j(yy.G^.y.T;y.. Aoi^op£Î'v £)C£Îvoç -Àip^aTO /«al ^tacupîtv tov lo oty.aiov, jj.ig()ou t6 Sai(i.ovav ij7ro/.piv£(>0xi "XÉywv ç6X£(ov £^ rj xoti Tpiwv Toùç utt' aCiToS 0£pa7r£i»o[X£vou;. "0[Jmc, cuvy.T^rtVis. tw (piXw,

£7r£t T-flÇ Xap' £/.£lVOl» TUJ^6VT£; £Ù7;0yiaç Û— £CTp£(p0V, CUVaVTÔC TIÇ aÙT(p TO)V OtX£lWV £V 0tj/£t (p£'p(OV T'/IV GUf7-(pO0aV. « AaiV.OVia yy.p, £Oa(7X.£,

[AacTiyt O'jyy.Tpiov cou 7T£'7vV/i/CTai '/.ai /.a/.oj; £j^£t ». "OiTcp 6 15 loioopoç £-/C£ivoç (bç */i/«ou(7£ , TOV ol/cov ^p6[xo>v £ly£ xaTalaêcov zal TYiv xafoa o£tvû; outw (p£u è'youcav /.o-Tk^cov, §£'7[J.o'jç 7r£pié'x"X}v£t /.al Guva[xa Ta'JTV] /.al tok 7:po'7-^'/.ou(7i Tcpoç tov octov avEiTiv. 77o}^ij T-^ç x£X}>viç à— £Î'^£ /.al TO oatp!.6viov £/.Tapa^av aÙT-/iv opoij.acav aÙTTlv 7:ap£'jT7i(7aTo. T-' oùv -'n [j-£yaV/; ^^'/^'t]', àpa 7rap£Î'(^£v; 20 àpa aTUcoTaTO xr^; T^aTpi/.viç yiTzovoixc, ïvey,y.] p!.£v oùv àHà Trjç cu[/.(popaç /.aToi/CTEtpaç /.al « 'è^ v; /.al Tp'.cov, £iTtrwv, cpol£{ov auTT) to oat[/.ovav u7ro/.piv£Ta'. », Trai^juiov (i-.'' aÙTOu tov —y.zépy. |7.r, lotr^o- p£îv, otax,o'vw Tr,v [iia/.TVip(av £yy£'.pi(7a:a£voç CTaupov k'youTav, ùxèp )t£(pa^-^ç T*lo %OLrrj(ouGrt ^rpoceTCiOeivai Ta'JTr,v £)C£>.£u<7£. Kal to toC Trapa- 25 ^o'Hou Oaup.aTOç, ûytviç eùOùç y) /.dpvi /.al SoçxCQunx tov Ô£Ôv /.a6(o-

pOCTO.

IX. "A'XT.OTE TOIV'JV ^'JO —pôç TOV OCIOV aV^p£Ç àv^T^OoV TW

£>.£(paVTtaç T£Tpuj(^0)[7-£V0!, VOGV)'[XaTl /.al TYjV y.TXx'KXy.yh'^ aÙTOÙ G£p[7.à)^

i'^^viTouvTO TOUTO'j OÙV Toù; op/.ouç aiTtouç s'ivat, toùtoi; t'^ç vo'cou 30 yvwpicavTOç, /.al £ii7£p [/,•/] toùtcov on-ÔGyoïvro où/, àv a7>7^co; G£pa,- Tuetaç aÙTOÙç eî-ovto; Tuy£Tv, I/.eivoi '|'uj(_vi; 1^ aÙTViç [;//i/.£T'. toj

* f. 298^ 7ua6£t. TOÙTCo * TO cùvo"Xov âAwvai. àiaê£êaia)(7Z[Jt.3voi taTEwç Tuy6vT£ç

àTCYi>.6ov.

X. 'AT^^à /.al yùvaia à^Jo Tviç (tpuyiaç £^op|y.G)[/.£va to opoç /.aT£- 35

7>aêov, TO [Jt.£V 7:V£Ù[XaTt. /.aTiaj^£TOV 770VV)û(O, to T£0paU(7f7-£VYlV £^0V

VIK DE SAINT AUXENCE. /

TYiv /.OT'jV/iV èx. (p6ovou S^a.ij/.ovi-/.o'j. To'jtcov •/! oaiy-ovûTa owvjcç àioc to'j ^xt'pLovo; àTa/,TOuç -/icpisi, « T{ £[^.ol /cy.l (70t, "kiyo'jfjy., co Aù^évTie;

Tvi y^ 7irpo(7Vipa(j(j£TO. "Hv o'jtwç zjq'jgt.'j ô [J.éyccç Aù^svnoç OeaTzfAe- 5 voç yetpa ^oGviva!. Ta'JT-/i 77af£xe7.£uaaTO xal l-si'^ûsp (x^icvr, /.cli (7'j[j.-

XI. npoTVivé/Ôvi O'jv aÙT(o -/.a- t;; £9' àay.C'i; TTxpzluTOÇ, ôv xai a-jTOv ly.G'y.y.svoç Toiç /.oaiTact vsvv/jTopciv vyia Trapicoîôco/.c.

10 Nal Sr, xa{ ti; £T£pa yuv/) ToJv tt,; R>>aur^;ou ttoT^itojv OuyaTTiO évoç Seivco;; ûtco ^a-'aovo; TzaL^rfOMay. -po; tov ociov Tcapay-Vcxai, r,v y.ai aÙT/jV r, rruairaOyi; Toi ovrt X7.l ^asyâX/i 4''-*Z,''l '^^'^ ~7.0o'jç £>.£'j0£pc6- caca Ta otx.ewc /.aTaT.aêsî'v TTzpSG/.E'JaTS. Kai TX'jxa piv toù ot,/.a(ou T5C x.aTopOcôfxaTa .

15 XII. "ApTt, th. Tou çi'Aoyp-'rîTO'j Mapxiavo-j y.£Tà. t-^v Hsoôogiou

TsleUT'/lV TCÔV pWV-aïX.WV TXZ/ITwTpWV £7r£0>Vl[A|J.£V0'J X,al TOU ypiGT(OVÛ[/.OU

T^aoO x-a>wCo; Trepl tvjv ôpOoSo^ov è'/ovToç tttîttlv, ô toï? x-aloî"; £j(i)6(«)(; [3xcx.a.tv£iv oLz\ zo'jç Q'.y.eiouç "jizoï.c'iziGTy.ç È^Eyetpaç , (EÙTuy^-À; xv 6 xxpàçpcov x-al oi Ta toû (raTipoù xal >/;pou N£aTopiou çpovoOvTEç,

20 (3v olSx ir/i àyvoeîv ûpLzç Ta >,-/ip7i;xaTa) , nù^/yaiv tivt. o£tv/iv t'^ £X.x.V/)Gia §ià TO'JTwv £lpyacaTO. Mv] ^tx.aiov oùv £ivai xpivaç 0 ^a- (Ji>.£Ùç ouTW T-/)v iy.7.1rtGiyy x-uji-aiVETGat , cuvo^ov £v Xalxnoovi ys- VcGÔat ^là toOto TTOOfTSTa^E. Rai ;j,£vtoi §•/) [J.£Tà TravTOJV TCpo(j£ xAviOv) * f- 290'' /.al 6 Aù^svTioç. Rai sttsI xogIv oix.£ioiç àf^uvxTCûç ei/e ^aoîCsiv,

25 Toau[/.aTOÇ okor>iù'j.ox) tôv TCO^oiv aÙToO T/j GTaaei ysyfiwijxsvcov x.ai TVE'-pua'/ijj-svwv f^'!x.viv ôpwy.svwv àax.O'j. w; '-/ûpa x.aTappsîv £/.£ÎO£v x.ai Gx.a)lvix.a<; àTCOTtx.T£<76a'., yj^J.^'O '^O'Jfov xapà [âaai'Xico; c7Tal£VT£ç ivBéyAVQi -jirpoç t'/iv guvo^ov -^yov. Rat, ^vî Tiç ToJv é-rroi/.svtov ©sdcpiXoç cp£p(ovu{/,coç wvo;7-a(7[J'.£vo; tov toO [xei^ovo; >^£yo;j.£vou twv oax.TuT^wv

30 TOU S£^io'j TûO^ôç ovuy_a lx.'7-acrOsvTa rco; i^wv x.al Tfi yTi xpocrpuÉvTa, Tàv TToluTijAcov wGTûEp x.al r,v loyi'7ay,£VOç xÙtÔv x,al T^abcov , o'Aa- X-Tvipiov siys TWV £X7ri*Co[J-£vwv aÙTco ô'JGyspwv.

XIII. ToO opou; OUV x.aTiovTi toj Aù;£VTia> yuvrj ne, tov éaur/iç 7rpo<7riyay£ Traita ^aipiovi 7r£«^viO£VTa, r,Tiç x.al (pcovaf; oix-Tpaiç tov

35 ô'atov irpôç é'isov £^£x-5c)^£i, « <77rXàyy_vov, lîyoucra, tov ôcpôalfxov, TOV t:oO£ivov £[xol Traîna y^zpiçja-., TwaT£p, [xviTpl 7r£pi':7a6£Î x.al toùtov

f. 2Î)9^

10

8 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

;7,6vov iyjjùa-ri 7ra.pa!];uj(_vfv ». 6v y) ypi(yTO^i[//riTOç exeivvi ^\>y-i] toû tôzOgu; oïy.T£ipaa£vv] ôcpOaTtfjLÔv aÙTïi 7rpo(7/'.a}^ouca xal ttîç àvOpcoirtvviç xy.TacT£va^a(7(X «puTswi; S'jy^ xat araupou tou Gsiou GCppayu^i Tvi p//]-

XIV. "AlV/i oi Ti; yuv/i x,6jj-yiToç Ttvo; £/,yovo; A(opoG£ou à.Tîo^v;- [7iaç £/- T'.voç oty.ot xo[xt'(o{;.£vvi , ài; t^ç tou àytou tIgÔeto TïapEXfiUGEwç, ûttÔ tou èvoixoijVTOç aÙTTÎ ^aif7.ovoç ey,[xa.vet<7a vm xr,v ÈaOriTa pvi^y.Ga yu[j.V7) T7ÎÇ à^Lx^TiÇ r,).0£v èyyùç '/) tov aycov £Cp£pe. t'^ç à77p£-o0ç O'jv ixtiv-nv yu[7.vwc£co; cpsu x.xl tou -z()ou; 6 p-£'yai; oi/.T£ipaç, « "E^êX6£ TOU 7;)^K<>(xaTo;, £i7T£, TO'j 0£O'j, TwOvrpÉ »* /.al aax lupiv -/î loyoç £X.£tvto T£}\eaG£tr,j (puy/jv viijTCy.TO.TO to Sxiaoviov. Rai TauTa piv Ta Trapoi^ia Gaûv^aTa.

XV. 'Oç oùv £v xc6|/.Yj *T'.vl Suzifîeç TCpo(7ayop£uoa£V7i -/.aT'/îVTriGy.v, £/. Auoûv Ti; 6py,(6p,£voç 'AY£t6pioç ovojj.x TzvîU'j.y.Ti /.aToyoç àx.aGapTa) TcpoG-^XÔe TU àf/.aiw, « 'E);£r,GOv, cuijLTïaOiGTaTE, ).£ywv, 0ÎXT£ip7I-

COV, ypiGTOj^.lJJ.'/lTfi, ^'JJi'ViV ^EIVÛÇ OUTtO [JL0CC7TtyOp-£V/lV ùttÔ ^EtvoO Tïai-

S' .". ~ f " ^. \ ^ ' r\' / V .

0£UTOU (7T*/;G0V [7,0'., GTr,GQV TO TOCOUTOV XaXOV. Uu ÇEpW yap T3CÇ

[7.acTiyaç, çô'pw Taç à).y/;^ôvaç ». Kal TaoTa yiv o Tcacr^tov. 'O

«î" ' V £1 . ■. ^. ~ \ , ... ^

77a.voGioç TTiV rjauy-aToupyov auxou y£ipa guv £uy'/i tt; tou

TVZGyOVTOÇ STIiÔeIç XECpa)/^ (tIÇ cou XpiGT£ (AOU [7//] OaUJ/,âG£l TVJV 20

ouvajx'.v) , Ta'yo; to «^aty.o'viov àxE^ito^EV. "H^-/) 8e tov tou p.zpTupo; 0aA£laiou vaôv toù ôgiou xaTocXaêôvTOç, ol y.Èv tûv £7ro[;-£V(ov /.al TTpoGto yoiOEiv riOe"Xov, oi /.al Guvstvai toutco (^io')xju" à)A' è/.eTvoç,

C( AtïTITS , T£/.Va, >.£y£l TTpôç aÙToii;, £V £tpriVV) , 7rpOGp.£VOVT£Ç

Tr,v £77avoaov' 77VcU[;,aTt yàp [y.£0' u[7.wv £i(7.l /.al £i tco GcopiaTi axetat ». 25

ToUTCOV oùv ÙTTOGTpE^pXVTWV /.al TW TVÎÇ (t>ta}//lÇ i^pOVTlGT-/ipUO TOU

âyîou 7Tapa^a>.6vTOÇ V£oç ti; 'iGÎ^ojpoç ovo[;.a âaiy.ovi /.zToyo; /.al aÙTÔç, (( 'O ,8ia, §i£êo'-/;G£, Ti GO', /.al */Î[aîv, Aù^evtu; » /.al oùtco ôtaGTcapaçav aÙTOv 7kVcU[7.a /.aTrvo; wGTTEp r^is^pa.

XVI. n)//i.v ^£1" r:oooiyj.\.s I-kv^j.ùmc, /.al Toi p-/i6-/i'G£G6ai [7.£>.>,ovTt. 30 RcoVGTavTÎvoç Ti; GpaTTilaTxç /.al 'ApTz/.toç /.Of^vj;, av^p£; £7:t£i/.£tç /.ai {/.aXa ypviGTol, 7ûpoGt.dvT£ç tÇ) [7.a/.apt /-al Tr,ç ap' aÙTOù Tuyo'vTEÇ eùloyiaç, ôsovTa'. y.paTÙvai /.al aÙTov t'/iv ôpGo'i^o^ov -i'gtiv /.al uoppo)' TTOu Tr,ç £/./->.•/; Gi'a; £/.GO£voov'!^Gai Ta àA),6cpu).a ^6y[7,aTa. Kal t7.£VT0i

or; /.al }(_puGOv aùxco t'/;v tvigtiv £77i^£i/,v'jvt£; £(^i(^ouv, (( "Iv' r, co'., 35 9r,Glv, £îç TYiv TO'j ôpOo^o'^ou Guy/.poTrjGiv ». 'KW ô ^uaioç ^lavefjLvi-

10

VIE DE SAINT AUXENCE. 9

Ô-^vai TouTov Y.ikfjv. TOÎç £v^iaiT(i);j.£Voiç TCO Tr,ç 'Oçeia? ô'psi Tzi-

vYicrt,, cocpco;* outco ^eiça; aùroT? [x-/i yfr.y.xTcov ôEScOa'. Toù; -ttstwOi- * f_ 3oo'-

9oTaç STïl 0 = dv.

XYII. yo'jv Tr,; v-ov?;? f^.ova/ol çOôvo-j TtV/iyévTcÇ -/,svt:o T-/;v TO'j àv^ûôç G/Sk-npxybiyiy.v y.xl t-/)v a'Xlr.v £Y-/.pxT£iav, ïvrΣ!.;iv o-j/. àocT/;v £'j7r£'j'7av aTîOi^EÏçai' [iowuLXTa yàp ^eaviOoto); ty, xsX'X'/i to'j ixa/capo; ÈvT'.Oo'jG'. , x.al iraf^x Tiva -/.aOicTcoGi twv TcpxTTop-svcov STTOTCTViV, £Ï TCO'j x.al a£T5ccyo'. TO'JTwv Y^wvy.i lî'yovTEç, ÏV7. /.aTriyo- prlccocT'.v. 'Eê(^otA7i TzxoTiKiiv r,[jAox y.y.\ Tvi -/.si)//; 7ïpo'ji'j'vT£ç a()!./>Ta Ta'jTx piTTOuci y,a,l to olov a!|/a'jcTx' fi^ra /.al tov -iraT^a à'cx /.al -/.aTi^oi '7,£Ta^'j twv vi{y,£pwv ^ixTrr.aaTi oi'/iocôtwv. Rai o; çptV.viç y.7.l cpoêoi» 7r£G'--X£w; -nrX'/îO'Jv £Î77£V 'j-spcputo; à^àpwv -/.aruk'.v Guvar^oucrav aÙTto xxl (7uaJ;a)v'Xou'7av, /.ai Tiva -rrepiTTEpàv, •/;; /.a>.lo; aopaGTOv, TpofpYjV a'jTw ^£vviv £-i/.oy-i'Co'Jcav, àA*)và 07\ y.al Toùç •^ èxTvi-TovTx; GT.Mlrt/.y.ç twv tto^wv GuHÉyovTa toOtov to'jtoiç aOB'.; £7;iTt6£vai, yy.i^ov~y. [xâX'Xov It:' xÙtoT; -/) àv'.a)U.îvov. "Hxou(7av £/.£rvo'.* (poêo; cTXsv xÙto'j; /.xl -T'jyyvcotAr.v x'Ito'jc.. Rxl -aOra yiv outcoç.

XVIII. 'E7U£l <^£ tri iv 'Po'jfpivtxvxT; to'j 'Tcêxaaîou 7:xTpo? 'fl^MV 'Tt^xtiou [7.077] xporpaTTsir, 6 v-s'yaç r^cjyacxi /.ai TrapÉé^x^Ev

20 £;; au— /iv, |x£Tx "olV^ç ÙTZi^î'/br, yy.^y;. Ilolloi yàp Èyyôpiot /.xi Tcov tcjoi^ y.oi'j.Cyv, yj'/.x (^r, /.al tt,; [ia'T'.lïuouGr,; xÙTv^; ooitîovte;

£•; aÙTÔv. TÔiv r.SiTTtOV £/.£lVOU 7.6yO)V /.xl TTXpXOO^COV 6xU[XXT(0V àxfi-

AX'jov. 'Ev gT; /.ai ti; yuv/i y,6u:r,TÔç -'M'-jt ya[7.£T7î 6xî[xovi /.xT£'.pya-

(j[J!,£VVl 5clVÔ -pôç X'JTOV £/. XxA'/CriSoVO; àvcX.OjXl'ÇETO. "HtI; £-£1 7T).r,'7''0V

25- y£yov£ T7^; [^^ov^ç, ^i£pp-/i^£ TTiv £c6y;Ta /.xî l^or^? xcrviaou tov àspa

STrV/fpo'j. * 'ExiTia-/î6£VTo; oOv toO «^xiaovor, ixO'/; to yuva-.ov, y^pyj'fxxTX *f. 300" -jrlsÎGxa T'^ [j-ovYi /.ai toi; tovvîci Trxpx'jyop.îvov.

XIX. 'O youv ttkjTotxtoç pa'n")^£Ù; tov xoi(^ip.ov îv tÙ) 'IÏ,?(^o[j.w

[A£Ta(7T£!,lx(/.£V0Ç (£/.£Îi7£ yàp £TUy£ Tr,V'./.xOTX TÛXOWv) , cbç £uk TO'J- TOV CWp.X TTXvTr, /.X/.WÇ ËyoVTX, bo'jVj'v 0£O'J à.— ï/.xlcl. /.Xl TT,

TWV TwXTÉocov <7uvd^o (TSTapTV) r,v /.XTx Tr,v Xa7^/.r,àdva cuy- /.poTTiOcT^a) (T'JvOs'aOai /.xi xOtov '/i^iou. 'O ^è, /.xl Ôpx [xoi, txttsi- vo(ppoc'jvr,ç u-Epêo'X-/), « /.xi ti; siai Èyœ, (prjC7iv, l'va /.ai roip-STi

CUVTXTTO'.'Al 7T0U/.ÉV0; aUTOÇ TTpOCT^sdfJ.îYO; ; )) /.ai 0 paTO.E'jÇ T'?;ç "Trap'

aÙToG Tu^ôv £Ù}^oyîaç aùOiç xOtov à7:37,u(7£v £i; to [AovaaT7;piov, g/.eiJ/jI èouvai To 7rpâyp-a pouVj|X£VOÇ,

30

10 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

XX. 'O os TOUTw 7;apaê'a.').cov roXloùç toG fJuv^s^pajj-TjXOTOç TTV/f-

60UÇ ptytOVTZÇ /.où TTUpSTTOVTO.; â.m\ TTjÇ )(_£ipOÇ sGspaTCEUSV. £l(7£};0wv

oùv T'.ç xpoç aÙTOv à.Tvocyyc'T^'Xst ot'. /,o'pvi tiç tôjv y^jAcov apTi teT^ou- [j-£vcov a.iiT7i 77veu[/.aTi xaTStjysGvi 'îeivw xal TilXet, [asv xpi^aç, czpx.a xaTSTOtEi, -/.aï yyXiTzh'i O'jtco /.siTat ôéajv-x toTç ôpcocrt. 3to[;-iG6rlvai 5 Toi'vuv aÙT'/iv aÙTi'xx x£"X£'j£i, Xîà Tirpô; tov ^at[;-ova, « "E^e^-Gs, cpvicrl, 7rovT,p£, Tou Oeï-z-ou x'XaGp.aTo;' s^eXÔs, Xpicrô; EziTaTTSi coi ^'/ £'7,00 ». Kai TOUTOU priO£VTOç, uTCvo; [aÈv 6 loyoç T'^ y-o'p'/i, (^''CO^IÇ §£ Tw TuoVTipoJ xvE'Jfj-aTt ysyovEv.

XXI. O'^x'^ aujyai 7Tap*^>.6ov 7][x£pat y.al ttxT^iv ô pacilsùç ij.tTy.Y,7.- ^^ ■XeiTat, TGV 0(7iov (7uvaiV£C0VTa t'^ cruvôow y.al Guvô'/ico'p'.Evov. stcsI S^s /.al iV-ETO x.a.'. SiEyvwGO*/] to'jtco Ta toO (7U(x€o7;Ou oti ttjV 0eoTo/.oç oùx. àcpEÎXe TYîç 7:ap0£vou ipcovviv x.al ToiWa o-h tx t'/jv ôp6d^o^ov ttictiv £[/,(paivovTa, •/.al ctoi^eIv aÙToT; ■/.aTÉVEU're xal cjvy.ivEÎv £v a7va<7i. Xapfil; oùv 6

f. 301 ■■ * p^Gt'XEÙ^ £-1 [j.£ya )cal t'/iv 7ïxvti[xov aÙTOu xxTXGTCaGaf^-EVoç "/.£cpa- 15 Xry tÙv tc'XvÎOei toOtov tti ex/Avigix 7rap£7ï£(/.'|£v. oùv xxl rCo TuaTpixpy/i ('AvxTolioç ouTOç r,v 6 {^.eyxç) evétu^e /.al tov opov ÛTravéyvco. c/Toiywv sicxTvav toï; TTXTpâaiv £(pxv/i.

XXII. EtTa to'jtoiç /xl paaiAcî' g'jvtx^x(7.£V0(; tx 'PoucpiviavoO xaTEiV/i'cps'., /a/£ïO£v àxxpxç to t-^ç 'O^siaç [^.èv opoç y.aTaT^aêEïv où/Iti 20

TùpOGÉÔETO, aT^'Xo );ÎXV XVXVTEÇ /.al UTCEpVE'pÈ; Xxl TpXJÇ_'JTaTOV (S/OTTOV

TOUTO /.a'XooGiv £yy(6p!.oi) xaTci^TiCpEi, £v w y.iXka.'j 7;ri^x[j-evo; toÙç p'.sv aA>.ou; EÙ^atç STTtcrr/ipûEaç àxÉlucev. Aùtô; TauTTiV eiTiwv txç tûv à^ai|7.dvwv ÛTC[Jt.ev£ TupocêoT^xç. fy.ix Se tûv vuxTciv tc1y]0ouç ItteT^Oovtoç aÙTwv /.xl, « ït COI, /px(ovTo;, y.xl Taiç ép'/ijj.oii; ; àxo'iTTx tojv 7i[/.e- 25 TspcDV », ^lETTEGEv È/Eivoç xpû:; Tx; /pxuyà;, EX-px-rau-jOr, [axXIov, xal TO'jTOuç où/ àGÔEVEÎ";, â7Aà xxl çpuyx^a; à-s^Ei^E.

XXIII. lTu/V0'T£p0V OÙV Toi Ô'pEl TO'JTO) TTXpaêxT^o'vTCOV TIVCOV £>C TE

T7Î; RwvGTXVTivou /xl tûv G'jy/£'.{/£Vcov /.^pœv xÙtÔç tj;a7>[a,oî'ç tigiv vi^'.- GTOV /xl TGV vo'jv tyouGi /xl TO [7-e'Ioç toùtouç fipiXocppo'vtoç daxio., y.y.l 30

Ta V0G71[J-2CTa TO'JTWV tXTO Xxl yalpOVTaç TX ol'/Ol )CaTxlx[J.êxV£lV £TCOt£'..

EGTtv 0T£ /al oiôXG/x)^i/cov Ô yÉpcov vi'tcteto "kôjoiv, « Xpr, vrlçpEiv, w

T£/VX^ >.£yO)V, Six XXG'/IÇ 7Î[XcljV TïlÇ ^WT,Ç, /xl JJIVÎ [^-OVOV TxTç GCOJJ.XT'.- XxTç IvXG^oT^EfGGxi CppOVTlGlV, (bv [i.lXpôv 7) OÙ^Èv EGTat TO /E'p^OÇ, à)^}^à TCO^'Xw [xâT^loV TXtÇ <|uj^l>tXt'ç, CÔV JXEyx [JLEV TO 0(ft}.OÇ Xxl ^P^'"^^ [ATiSsvl 35

'Xup'.xtvdf/.evov [i.tyx'kri /al £v 0£cô xappr;G'!a /.al oîjceiwgi;. Aïo

VIE DE SAINT AUXENCE. 1 I

yp-/i 'Ti;po-/iyou{jt.£vw(; tov to'j 0£Oo cpo'êov tyiiv h tt, <|^u^fi' toutou yàp ytvo^svou GX,'j*êa'Xa f/.£v y-ocTa. tov à7UO'7T'"Aov Ta TSf-va toû ptou x.al *^ f. soi'^ Tûav £1 Ti 77£piy£tov Xoyt.'jGvfcovTai,, {;/Jv7. r^à Tz 'X£>vXovTa tiXo^toç a'7U-

7.0Ç V0[Jî.lG6'/l'cr£Ta'. xal 'r/",S£7U0T£ OH'77XV(Ô|X£VO; ».

•'» XXIV. TaijTa xai Ta toutoiç oaoïa xp ôç to auvz^éyov izlrfioc, dia-

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10 6u[j//i9£'//i Ti Try.paijyfiTv, toutco jyiv où5' 6o0al[j.ôv [;.•/) ti X_£Î^pa 7ïpoi7£êaH£V, £1 [xri Tïou /.vipôç '/^ ïXaiciV àyy£>w6£ivi £lvai to 77poaç£po- [/.svov TX yàp Tpo'cpiy.a jxo'va Toiv TTo.paêaX'XovTWv £V£/.a. -Trpo; tov àp- Toxoiov è— £Tp£Tr6 (iiSoc^xi xat ou Ti £T£pov. Kal [avi'ti; yldJCTav )^oi- ^opov £7ra(p7i(7£i TOUTOU yapiv ç)£!,^w)/jv £lvai xpivtov TOV [xaxapa,

15 àTCECTCo y,a.yj.ry, y.al }.uG<7t6S-/l<; cpopa. t'/î T£>v£UT-io yàp aÙTOu uxàp Toùç

SX,aTÔv ^pUCtVOUÇ Ô àpTOTlOlOÇ £7lO'^£l'X(OV £l)pr,Tai, CÔÇ 6 TipLUOTaTOÇ TÔiv

(/.aÔYiToJv TÔi àyîw y.a,l Six^oyoç IxwTWGaTO. àlV stcI Ta x.xXXktto. y.ai aùOiç Tcôv i7.£yaAa)v ^i7iy7i(Ji.aT(ov tov Ao'yov £7ravayàyci)f;-£v.

XXV. Tov y.x'kbv '(yîXoùvT£; 7:7v£ïgtoi toO yépovTo; TpoTrov, 6£p|7xo;

20 aÙTw T:po(77i£(7av to Gyrt'^j.y. toutoj lao£iv È^aiTOujxevo'.. Kal oùx àvaêo- laïç, où/' uTTEpôÉceav i^i^ou to 77pày7.a, à>.7;' aÙTi/.a Tpuy^ivov aÙToùç VI 5£p[/.aTi,vov £vSi^'J(7y.cov GToV/jv oi; <^r,Tx xal oûto; '/iacpuGTo, yai- povTa; xal £Ù<ppatvo|J!.£VOuç aTOXus, touto irpôç £y,a(7T0V ÀÉyojv, îva tùv ly.Etvou priy.âTwv £7ri[ji.vr,c6w' « riop£'Jou, àr^£l<p£, £v*6a 6 0£Ôç ôor,- * f. 302"'

25 y7î(7£i <j£ ». 'EE cov x.at Ti; àvy)p ÇBx'ji'ktioç -'n y.VflCiç aÙTw) Tviv tou àyîou [/.*/] 7; coTTiV Û77£v^ù; /.al -nrpoç Ti twv GufATrapajte'.jxÉvwv opoiv wgeI CTaoïouç £"-/.0Gt,v aTrlyov ':rop£u6£li;, (>T£vdTaTOV OTt. x.e'K'Xiov OttIou xal oûtwi; £tcI Ypo'vov cu^vôv TOV àaJtviTiy.ôv opd[/.ov teXwv, totoutov ûtco Twv TCOv/^poJv TClriyaT; y.aTSçàvO'o Trv£ujj.y.Tt()V (b; aTôvouv auTOv ôpa'jGai

30 £7rl yvïi; y,al acpcovov y.£Î[j.£Vov. Tivè; oùv Tœv cruv/fOcov (xoi[7.£V£ç viGav) ouTw; aÙTÔv £Ùpri)cdT£(; 'iyovxy. irpoç tov [AaxaptTr,v ly.djAiCo^. £Ti:£l •/caT£ipya.(j[j.£vov Taîç £y- ^ai.[y.dvcov TcV/iyaïç l'^oi 7caTpr/.'/i tt] ^wvvi, « Ba^TiXEie, llyet, coi apa x.al y£yov£ ; » Tou 5e tz^o; ôuyspOfiv- To;, « A-nro^o;. ô S^y.aio; ecpvi, cou Taç t'jyaç, tw Kup-'w" !àoù yàp cot

2. (TxOêaXa Ad Philipp., iii, 8. 34. 'AndSoç. .. Kyptqj Nah., I, 15.

12 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

^sSoToti xaTJc Tùv ^aijxovcov ri E^O'jcta ». Elra x,al twv àjç^pàvxtov aùroi [y.sTocooùç [/.u(7Tvip'!cov, si; è/.£Tvo xeT^'Xi'ov àueT^Osiv aùrov aùOi.; èxe- >^sui7£v. £v tp x.xl xopsuôelç jcoù rptiji-v èvacjc'/icrai; toîç ÏTioi irpoç tôv TToGoûy-evov 0£ov £^£^r,[^rjG£ Tvii; uT:o[;.ovrji; Toù; cT£çàvou<; xai Ta yÉpa

XXVI. 'O [J-syaç Toivuv Aù^évTioç xy.pT£piaç ûxo^EÎyfxa toûtov £tç [y.£'70v 7:po6£lç, « Opocsysiv, £l£y£v, àSsXçol, iy-UTOÎ; ^^^[/.slûç j/pvi '/.al àypuTCVcoç, jy/ziTûOTs -raiç tùv 7:ov/ipojv bai[/,ovcov •^auvcoÔ£VT£ç à7r»:Ta.i.ç TOV TViç à-jX-TiGEtoç vîp!,ÔJv à7roX£Cto{/,£V -/.oTTov T/.oXiùl yzp doi /.al Ocl- vol xxl (jac/.aîvouGi.v tîjaTv twv xaXtov TpoVcov. 'H[/.£Tç oùv a.^.xyov ô'-T^ov lo £j(^ovT£ç tôv CTaupôv Tou XpiGToO GTÛiy.sv àvc>pixùi; y.aT' aÙTw, tv'

£VT£'jO£V f^UV-/îOtO[A£V T^. 7r£-UpC0{y.£Va PÉV/1 césGy.!, TO-J TTOVVipOij xal (7Te-

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XXVJI. Mià Tùv r,p!,£pà>v û[/,vco^îa; Tslouy-sv/;? Tcavvuy o'j to tviç x,A>.7iç 6 [jdyy.ç àvoiçaç ôupioiov x.ai jy-STa^o'jç £Ùloyiaç toï; guvcXOoGgiv SGTSvaHs 'J.iGr,ç y.Tzo J^u/r,; x.î'-l « "O T£/,va., gÙv ozy.pucr'.v £Î7îr£v, ô t'^ç àvaToV?;? àcTTVip £"/.oi[xriOvî ». Twv [xy] cuviévtcov ôti o"/) /,al 6 >.o- yoç £r^/i};0'j, £[/,£i.v£v sKSivo; ^ax.pû(i)v. 'Oç tÉXo; £ly(^£ Ta tvïç coor;i; 20

Èx.^TlT^OTEpOV TÎWÇ, « 'O TTaTTip, sItCS, Su[X£à)V 6 p.ÉyaÇ, ào£>.<pol, TOV

ptov àTO'Xi7:£v )). Eî/£ [jiv o'jtw TaÛTa, /.al zry '([[JÀ^yM iy.zivoi x,al Tviv oipav £Gr,[Aei(ù(7avT0. ~oX)\Oi.\ TTapr.AOov -/ivipat /.al tt;; È/.si'vo'j T£);£UTr,ç ^iaSoO£tV/i; èv axaGiv, syvtoGTat t-outoiç à7V>.avy); r, too y£- povTo; 7:popp-/iGi!;' £ly£ yàp e/.EtV/i v]|/.£'pa t-^v to'j Sujj.ecov Tupo; 0£Ôv èx^vi- 25 [7-tav /.aO' ïiv ô [xÉyaçTO'jTO TrpdsiTwE, A£'ovtoç Tr|Vt/.aoTa toO tyi; B7)pivr,ç

TCJV pcOJXaï/.COV G/.T.TTTpOJV £1T£lX'/lW,[i.£V0D.

XXVIII. 'A/vlà (]yajj,[j,ov av tiç ôaXaacrii; £/.j7.cTp-/icr£i£V r, to TtV/i- 6o<; £ÇaptO[7//;'70i, Ttov toD ^ly.xiou Oauy.ccTcov. èv [xia yàp Tœv cuvx^ccov,

(( Eùlo'y/iGOv )) Tiç £^£éo'-/;(j£V £lTa £7:£l TOV ày.ov ï^ot Tïpôç aÙTOV 30 à:i:oê};£t|;avTa, ttjV aiTÎav S7iO£V sçsî'Trsv OTi 7;£p ^i' aTTcoT^Eiav évôç 6p£{j!.t7.aToç TOV [jz/ivia^ov ij-£/.paTvî6-/i [xigGo'v. 'O {xeyaç (a> t'^ç svo'jct'/iç aÙTo yaptToç) xpo'; Tiva twv (7UV£i7v£y[7.£vwv, « 'k7:68oç, £(p-/i, to

6p£{/,[/.a TÊ> TISVVITI, /.7-1 TO'J XoiTCOlï TtOV |J//1 (>àJV àTToVj^Ol», OJ avÔpW— £ ».

1. ôéôoTai... f, èÇouCTÎa Luc, ix, 1. 12. ouvti9û[j.ev... 7rovv;pciù Ad Ephes, vi, IG. li. 'Q; È[j.£YaXuv9yi... aov, Kypts Psalm. xci, 5. 15. nâvTot... sTroÎT^aa; Psalm. cm, 24.

VIE DE SAINT AUXEXCE. 13

e^£ir>.-/l^e p-ziGàv touç Tza^ovrxç y,x\ [v.y. (pœv^ tÇ» 0£co r;jyy.piGTOuv, TO'j TCÉvviTo; àirsi^/içoToç to 7:p6é xtov. "Egtiv oùv xai à'XXo. Tivà twv a'jToO * Oauj/.ac''(ov , à'X'X'' ïva f//o TrpO'jX.opTi;; oi-zfrvi'ïtç aÙTWv yaV/iTat., * f. 303'^

5 TOV T^dyov.

XXTX. 'EXsuGspa Tiç ouTto •/.a>.o'j[y-£vr, yi»v/i, to ysvoç >.a[/.-pà, tov

TOOTTOV i70(p-/l, T71V TTICTIV XoTvV/], STSOy.vi; TO è-XWVU^aOV, TWV TY) [ÎXGl-

>;i(^i Oo'jT^yeptx Û7vr,psTou[ji.£vcov [7.ia, Osuo Ysy2vviiy.£vr, /.aTaG/STOç sûcoti TTpÔTei'Tt T(o ^'./.auo, dcy'cov aÙTÛ )toai{^0"j'77. ASiijyy.va, Xsi'^avov Trav-

10 Tcoç ôjç àv -/.y.lov Toi ptw ysvoiTO y.y.l aÙT-/], /.ai toO y.ov/fpo'jç e^xi- TO'jca (iio'j TuvsTv. 'O Ôsîav [iou'XriCriv £iva.i xpivaç to Tvpzyjxa -/.y.l £(^£^xTo Ta'jTYiV "/.al TOTTOV £i; oia,ywy/iV ào(ôct'7£, PupÎT/iV o'jtco xa- >.o'Ja£Vov, cTTa^îou w; évôç t'^;; /.ÉX^ri; à-eyovTa, xal ttj v.£'X£tv; tcov Gstojv ycaowv £^£TCairΣU£. Kal £X£'. C-O-i^i-zr, Ty.ï; àp£T7.i; /.aT£(pzvr,

1^ /,at Ttç eTÉpa, yuvri tov oi'jo^v. y.T.zoï.'kiTZQUGX Ko(j[j.ta ip£pcov'j(/.co; wvo- [/,aG[j-£V/i Tw àyîoi iz^oo'Tilfis. tov àTZ-riiixciV £Trav£X£GGxi (iîov 7:oOoi}(;a. îriv §•/) x,al aÙT'/iv tti TrpoTspa <riivxtj^aç ô |ji,£y3cç xa^oi; £^£oioy-G>t£. xal OrifOTcofpou f^£ Tivo; yjvxiov toj -/.aXw to'jtw (^•/î>.(o pcocOÈv lo' ôj/,otco Tpo'TCco Tcdq aXkyiiq ToJ ttxvtiixw to'jtco TZOoarj.Htv . r,Ti; à-/] TacoTai;

20 auyy.y.Tekéyn xy.l (7UV/ipi9[7//iTO. Rai -/iv -ri Tpi77'Xo)toç a'jT-/i <7£ipz <7Cp£v- Sovi TciGTzi'K pzX^.ooGa TOV àp)(_£/.a)C0v Tupavvov. OX'J £V ^Agiù y,xi Tr,v aov7.yix,y)V T:£piêo'X7iv à[xçi£vvuvTai, TO'jyivoiç iv^'jaacnv £7V(o- [jLÎGi [J-i/j>^^ xù-zôiv 8vriy.0'jGxiç rof^oiv ccjxvcoç 7-z}.a x.aTecTaXjj.svat. "E/.TOTE youv x,al £T£pa[ TTlEiCTai ^uvau-s; tw àyûo xpoT/jsGav t-^ç

25 aÙTTiÇ £ptocai Taî"? yuvat^l 7ro7.iT£iaç, w; u— jp Taç éêoo[-///r/-ovTa £v

xo'X'Xû Tw ypo*vco Tx.'JTaç ÈTVtT'j'jT'^vai, cjv hiy.tv £'jy,T-/ip!.ov oï/vOV ô * (•_ 3^,3,. [j.£yaç àv/îyetpe, x.al zaToi./.iav ©soi p£— o'jcav aÙTy.ï; w/,o5o'[;//;'7£, Guvv/Cyq xùxxiç iy.f^iSy.r;y.(jiV tov Ao'yov Triç àp£T-^;.

XXX. 'Etc£!. c^£ ^cT X,al aÙTÔV avOoco-OV OVTa tov ,SlOV àlïOAlTTEÎ'v

30 7T:£pl.77l7:T£l [X£V àppcoCTlOC T'-Vl" 0£)ta. (^3 7;[J,£pXlÇ ÈCp" Ô/.ai; TT, V0i7(0 TTpO-

CTaT^ai— cop£Ï, xat, outw; Tr,v i^uy/iv £Îg /£ipa; tov ^c^cojcoto.; TrapÉGsTO.

^Hv O'JV îr^£ÎV TOT£ TZ'icrfio^ àv^poJV eÙXaÇojV £-/.£Î''7£ TUVr.OpOfjV.SVWV

0110 £ yuvaî'x£ç à— E'XijxiTavovTO, ~alOcç, to 60'j'kov aÙTO, aAl' oùV

aÙTal TCzvTojç to /.a'Xôv £/.£Ivod vai^.a twv otoaywv àpucz[;-£vat

35 0£û éa'jxàç c'jv/ipjj-o'fjavTo. Wx'k^J.oîq toi'vuv xal 'j[y-voi; oax.p'jGi

6£pao?; to '7uv£i'X£y[jt,£V0v xV/iGoç tov tïoOov àoor7!,wi7avT£ç, ■Tûpôç tov

14 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

ÛTï' aÙToO ^otr/iGÉvxa xxi^ oGiaiç yuvaiçlv ol>iov à-vi'yayov Iv w ^y) x.al -/.aTaTcOr,;, v; tj-eyaV/i y,x\ oùpavo(AT;-/,7iç J^u/^^O, TSCGapscxai^s/.zT'/iv STCavaêaîvovTOç to'j osêpouaptou p/ivôç, xa.Ô' viv ovi y.al /.S/Coijr/iGai /.xl x.aO' ry cou TÛ^eircii to ispov ûtto ttocvtwv {/,v7)p',0'7uvov, toO eùasêoûç AeovTo; £Ti Ta tx; pacO.s^aç SiiB'jvov-oç '7}cri— -pa. 5

XXXI. Koci vOv TO-T; oùpaviaiç svauliî^'/i TX/ziva.î'ç o TCocyyépacToç TÛv L/,a-/Cocôv GQu TTovcov à7:o)^a[^-ê7.vtov Tz; à|xotoaç. RpoGr/iôt toîvjv x.al paGi'Xéco; r;[A(iJv toO tckttoO, [Jt.syi.CTa ppaêsuwv aÙTco x.aT' èvav- Tuov £v u,ay.oz (tori /,al àTrvfaov. Tpo'-aia icyupà /tal àx,aTay(ôvtaTa y.al viV-aiç Tï'k&iGTy.iç s[j!.7rp£7rovTa" /^£tpt cx-stûoiç aÙTOV tou uavxzva- lo

XTOÇ XpiCTOO x.al 0£O'J TÛV ÔlojV Iv Talc TÔV £J<9pc5v (7l»|J.7c);0)Ca'l'ç,

àyalXîaaiv aÙTw Twapeytov x.y.l e'jopoG'jvviv, x.al 7:aOcov àvcoTspov guv- TriOôiv (!/uytx.côv o[j.o'j x.al /j(o[/,aTix.(ov, -/laspa; xe x-^ç àvvicTrepou Tuy- x.oivcov^Tat GOi -JToir.GOv aùxov x.al uiôv àva^S'.yO-^vai cpcoxôç, 7tajy.7rpo- xTjXOç asxaaycîv t'oç Ôsîaç, Tracviç yj^-^y-Ç è[7.çpop'/iO'^vat xr,ç oùpavtou, x.al (jy.GO.staç x.axaçiwOviva' Osou. "Oti aùxù Trpsusi vi ^o'^a x.al x6 x.paxoç, v'jv x.al àsl x.al sic xo^j; aiwva; xôiv aicovtov. à;j//fv.

II

MONT SAIÎVT-AUXENCE

ETUDE HISTORIQUE ET TOPOGRAPHIQUE

PAR Jules PARGOIRE. A. A.

Le mont Saiiit-Auxence appartient tout ensemble et à l'iia- giographie byzantine et à la topographie suburbaine de Cons- tantinople. Son nom lui vint, et sa haute fortune monastique aussi, du fameux solitaire dont une des Vies est éditée pour la première fois dans les pages qui précèdent. Sans la grande renommée de cet homme, l'expression cpz; tcj x';iz'j Aj;cvt(i'j n'eût jamais été connue et la hauteur que ces quatre mots dé- signent n'eût jamais été l'objet de si fréquentes mentions chez les auteurs byzantins. D'où il suit, on le comprendra sans peine, que l'histoire de la montagne doit commencer par celle de l'a- nachorète.

I. SAINT AUXEXCE.

L'anachorète saint Auxence n'a point manqué de biographes. Un auteur inconnu (1) écrivait sur lui une cinquantaine ou une soixantaine d'années après sa mort, et c'est l'œuvre de cet ha-

(1) 3I3I. 0. Bardenheuer, Les Pères de l'Église, trad. franc., t. III, p. 48, et P. Batiffol, Litlérature grecque, p. 262, l'appellent Georges; M. 0. Bardenhewer, loc. cit., et E. Marin, Les moines de Constant inople, p. 478, en font un disciple d' Auxence. Ce dernier point est sûrement faux. Quant à la question du nom, j'ignore sur quoi l'on se base pour mettre celui de Georges en avant.

16 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

giographe anonyme, à peine retouchée par Syméon le Méta- phraste, qu'il nous est donné de lire aujourd'hui, publiée par Migne, dans la collection métaphrastique (1). Le même travail primitif a également servi de base à la Vie d'étendue plus courte et de style plus simple que la compilation de C. Doukakis est allée prendre au monastère athonite des Ibères (2).

Il faut en dire autant de l'élégant résumé que le zèle infa- tigable de M. Léon Clugnet arrache aujourd'hui aux ténèbres de la Marcienne. Une au Ire Vie anonyme, signalée en plusieurs manuscrits, a vu naguère quelques-unes de ses phrases pa- raître, d'après le codex 186 E de Lavra, dans le supplément de VHéortologe byzantin {3). M. M. Gédéon, l'auteur de ce der- nier ouvrage, y a de même transcrit, en résumant le reste, quelques paragraphes d'un discours biographique du célèbre Michel Psellos sur notice vénérable et théophore père Auxence le Grand (4).

A ces cinq documents faut-il, avec M. M. Gédéon (5), en ajouter un autre? Cet auteur signale en effet une sixième Vie, manus- crite, dans la bibliothèque patriarcale de Jérusalem et le ca- talogue de M. A. Papadopoulos-Kerameus. Mais c'est une mé- prise de sa part, La Vie manuscrite en question ne diffère point, autant qu'on peut en juger par Vincipit, de la pièce que M. M. Gédéon lui-même a rencontrée dans le codex 180 E de Lavra et dont il a inséré l'analyse, ainsi que de petits extraits, dans son Héortologe byzantin [Q).

Au total, malgré l'apparente abondance de biographes, trois Vies publiées in-extenso, fort semblables entre elles, et deux

(1) Migne, P. G., t. CXIV, col. 1377-143G.

("i) C. Doukakis, Ms'ya; i;uva|api(TTri;, février, p. 212-252.

(3) M. Gédéon, Bu^avctvov éopTo).()yiov, p. 279-283.

(4) Op. et loc. cit. L'auteur a rencontré ce discours dans le codex 99 F de Lavra. On le trouve également ailleurs, par exemple dans le codex 78 d'Esphigmène, S. Lambros, Catalogue of the greek inanuscripts on mounl Athos, n" 2091, t. 1, p. 179, et dans le codex 672 du Vatican, PP. Bollandiani, Catalogus cqfiicum ha- giographicorum graecorum bibliotliecae Vaticanae, p. 19.

(5) Op. cit., p. 278.

(6) A. Papadopoulos-Kerameus, 'l£poao>,u(j.tx7] Pi6Xio6ïixyi, ne signale, en dehors de la Vie imprimée dans Migne, que celle dont les premiers mots sont KaXoi [aèv xai 01 èÇ àW.oSaTTïi; /wpaç xapuo;, t. II, p. 315 et 336, et t. III, p. 326, et ces mots sont bien identiques à ceux que M. II. Gédéon place au début de sa biographie athonite, up. cit.. p. 278.

MONT SAIXT-AUXENCE. 17

Vies analysées à grands traits, peu différentes des deux pré- cédentes, voilà tous les documents hagiographiques dont nous disposons à l'heure qu'il est pour esquisser la carrière d'Auxence. Au cours du présent travail, pour plus de commo- dité, ces cinq pièces seront citées comme suit : la première, celle qui est dans Migne, sous le nom de Métaphraste; la deuxième, celle qui est dans Doukakis, sous la rubrique Ano- nyme A; la troisième, celle que nous devons à M. L. Clugnet, sous la rubrique Anonyme B; la quatrième, celle qui est résumée par M. M. Gédéon, sous la rubrique Anonyme C; la quatrième, résumée dans le même auteur, sous le nom de Psellos.

Syméon le Métaphraste et les trois biographes anonymes ignorent à peu près complètement les débuts de leur saint. Ils savent cependant que Auxence naquit tout à l'orient de Fem- pire, en Syrie, et qu'il y fut élevé dans les principes d'un christianisme aussi éclairé que profond (1). Le futur anachorète, ajoutent-ils, prit de bonne heure le chemin de Constantinople. afin d'y chercher fortune auprès d'un sien oncle qui servait avec le grade (ïoptio dans l'un des quatre corps de la garde palatine. Là, en arrivant, Auxence eut la douleur d'apprendre que ce parent venait de mourir. Il n'en réussit pas moins, robuste de corps et beau de visage, à se faire inscrire sur les rôles de la garde, non point comme son oncle dans la cohorte des numériens, mais dans la quatrième des sept compagnies de scholaires affectées au palais sacré. C'est là, dans la qua- trième schole, que Syméon le Métaphraste et les trois anonymes prennent leur héros pour nous dépeindre assez au long sa vie de soldat pieux et de moine héroïque.

Michel Psellos, qui ne connaît pas mieux l'origine du saint, fournit du moins quelques détails un peu différents sur son entrée dans la garde palatine. D'après lui (2), avant de venir à Constantinople, Auxence avait pris part à plusieurs cam- pagnes, et son oncle, un oncle paternel, était stratège. Ces deux renseignements, s'ils étaient mieux certifiés, aideraient beaucoup à s'expliquer la si facile incorporation du jeune Syrien dans des troupes d'élite comme l'étaient celles de la

1) MÉTAPHRASTE, 2, col. 1380; Anonyme A, p. iii; Anonyme B, p. 3; Anonyme C, . 279. (2) Psellos, op. cit., p. 279.

ORIENT CHRÉTIEN. 2

18 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

garde. Psellos déclare en outre que l'empereur introduisit Auxence dans le premier escadron de ses cavaliers. Il n'y a rien là, en dépit des apparences, qui contredise nécessairement les précédents auteurs. Ceux-ci, en effet, nous apprennent eux-mêmes, au cours d'un récit de miracle (1), que leur scholaire était à cheval et nous savons positivement, par ail- leurs, que les sept scholes palatines se composaient les unes de fantassins et les autres de cavaliers.

A ces données des biographes, auteurs quelque peu tordifs, ne pouvons-nous ajouter les indications d'un historien contem- porain? S'il est vrai, comme l'a écrit avec infiniment de vrai- semblance le bollandiste G. Henschen(2), que l' Auxence de Sozomène se confond avec notre Auxence, les débuts de ce der- nier s'illuminent pour nous d'un jour tout nouveau. Sozomène parle d'Auxence à propos d'un événement du règne de Théo- dose P'', à propos de la translation d'un chef plus ou moins authentique de saint Jean-Baptiste, ou plutôt à propos du prêtre Vincent qui profita de cette occasion pour quitter la secte macédonienne et devenir catholique. « Ce Vincent, écrit l'his- torien (3) , était Perse d'origine. Au temps de Constance, alors que le christianisme était persécuté dans sa patrie, il se réfugia sur les terres de l'empire avec Addas son neveu. Vincent, entré dans les rangs du clergé, s'y éleva jusqu'à la prêtrise. Addas, lui, contracta mariage et ce fut un grand bien pour l'Église, car il devint le père d'Auxence, homme très ferme dans sa foi, très sûr dans son amitié, très pur dans sa vie, esprit curieux d'apprendre, également versé dans les auteurs profanes et les auteurs chrétiens, caractère modeste, nullement vain soit de sa faveur auprès de l'empereur et à la cour, soit de sa haute position militaire. De lui, d'ailleurs, il est sans cesse question parmi les moines les plus éprouvés comme aussi parmi les laïques zélés qui ont fait connaissance avec lui. »

De quels laïques zélés, de quels y.voptq 7-cuoar;t, s'agit-il dans ces dernières lignes? Les cinq biographes nous donnent la ré- ponse en disant que le scholaire Auxence était un fervent des offices liturgiques et surtout des veilles prolongées toute la

(1) Métaphr., 8, col. 1384; Anonyme A, p. 213.

(2) Acta Sanctorutn februarii, édit. Palmé, t. 11, p. 769 et 770.

(3) Hlslorla ecclesiastica, Vil, 21, JIigne, P. G., t. LXYII, col. 1484.

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nuit(l). li fréquentait les églises, il aimait les manifestations du culte, il payait de sa personne pour en promouvoir l'éclat, bref il comptait parmi ces chrétiens d'élite organisés en con- frérie que les v^ et vi^ siècles appelaient philopones, zélés ou compagnons (2). Voilà ce que disent les cinq biographes, et, ce disant, ils confirment de tous points l'identification faite par G. Henschen. l'identification de leur Auxence avec TAuxence de Sozomène.

Trois des azo-jox'.zi qui édifiaient alors Constantinople se liè- rent plus particulièrement d'amitié avec notre scholaire. Le premier, Sittas, nous est inconnu, mais il suffit de son nom pour dire qu'il devait être d'origine orientale. Le deuxième, Mar- cien, avait appartenu au navatianisme; il s'enrôla plus tard dans le clergé, devint économe de la grande Église, multiplia les fondations religieuses et mérita d'avoir sa mémoire fêtée par l'Église grecque le 10 janvier (3). Le troisième, Anthime, était alors fonctionnaire au palais (4), et c'est avec lui surtout que le scholaire faisait de longues stations dans les églises, dans celle en particulier de Sainte-Irène au bord de la mer (.")). Peu de temps après, de laïque zélé, Anthime devint prêtre; il rendit une vie nouvelle aux grandes vigiles en y introduisant des chœurs d'hommes et de femmes, s'illustra comme mélode, et vécut de manière à conquérir une place au catalogue des saints son nom figure au 7 juin (6).

(1) MÉTAPHR., 2 et 3, col. 1380 et 1381; Anonyme A, p. 24-2; Anonyme B, p. 4; Anonyme C, p. 279; Psellos, p. 279.

(2) F. Nau, Vie de Sévère patriarche cl'Antiuche, Paris, 1900, p. 36; S. Pétridès, Le monastère des Spoudaei à Jérusalem et les Spoudaei de Constantinople, dans les Échos d'Orient, t. IV (1901), p. 224-231.

(3) Sur saint Marcien de Constaatinople nous avons deux Vies, celle de Sy- méon Blétaphraste dans Migne, P. G., t. CXIV, col. 429-456, et celle d'un cer- tain Sergios publiée d'abord par M. A. Papadopoulos-Kerameus, 'AvâXeicxa lepo- (7o).utitTix-7i; (jTa-/uo).oYÎa;, t. IV, p. 258-270, puis, sur un manuscrit beaucoup plus complet, par M. M.Gédéon, Bu^avTtTÔv éopToXÔYiov, p. 271-277.

(4) Quelle était sa fonction? Les biographes qui en parlent le font en termes plutôt contradictoires. Sj'méon Métaphraste, 2, col. 1380, confirmé par l'Ano- nyme B, p. 4, dit qu'Anthime était alors ôexavô; èv àpôîvw xoO Bstou îtaXaxtou. Mi- chel Psellos, op. et loc. cit., écrit qu'Anthime èv pacriXeiot? àv9wv... xà; pac-iXt-.ià; ffcppay'oa; ■KZTZ'.aie'jzo, çijXaç xûi/ [îaffiXîîtov èttkjtoXwv y.al wv xal }.v(0[t.f/oz.

(5) Métaphr., op. et loc. cit.; Anonyme A, p. 242; Anonyme B, p. 4; Psellos, op. et loc. cit.

(6) S. PÉTRIDÈS, op. cit., p. 228-230.

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Outre ces trois amis, le scholaire en avait un autre, nommé Jean, qui menait la vie solitaire non loin de l'Hebdomon. L'Ano- nyme de Doukakis et Michel Psellos (1) nous présentent ce Jean comme un stylite; Syméon Métaphraste (2) le fait vivre de- bout (3) dans ce qu'il appelle un -/.Acucir. nous dirions une cel- lule étroite en forme de prison ou de cage (4). Auxence, grand admirateur de cet anachorète, ne devait pas tarder à suivre son exemple.

Mil jour vint, en effet, les vertus et les miracles du scho- laire universellement connus ne lui permirent plus de goûter à Constantinople sous l'habit du soldat cette tranquillité dont son âme éprouvait l'indicible besoin. Ce jour-là. Auxence donna sa démission. Il passa dans la Bithynie, courut à une dizaine de milles de Chalcéduine et s'y établit sur un rocher, au flanc du mont Oxia (5).

Auxence fut trouvé là, un mois plus tard, par de petits pâtres qui cherchaient tout en pleurs leur troupeau fugitif. D'abord, en apercevant de loin son costume à la saint Jean-Baptiste, les pauvres enfants le prirent pour une bête fauve et se mirent à fuir précipitamment; puis, rassurés par ses appels et rensei- gnés sur le lieu se cachait leur troupeau, ils le tinrent puur un saint et lui amenèrent tous leurs parents ainsi que tous les paysans d'alentour. Ceux-ci, excellents chrétiens, s'empressè- rent de se mettre sous la protection de ses prières. « Montez,

(1) op. e( loc. cit. (-2) Op. et loc. cit.

(3) Si nos trois hagiographes sont dans le vrai, il faut dire que saint Daniel do l'Anaple ne fut pas le premier stylite de Constantinople. Cf. l'excellent travail du R. P. H. Delehaye sur Les Slylites dans la Revue des questions historiques, 1895, p. 52-103 et dans le Compte rendu du 1 11^ Congrès scientifique international des catholiques, t. Y, Sciences historiques, p. 191-23-2, ainsi que l'article du R. P. S. Yailhé sur Les Stylites de Constantinople, dans les Échos d'Orient, t. 1, p. 303-307.

(4) Le mot x).ou66c est écrit avec une majuscule dans le texte grec de la Patro- logie et transcrit tel quel, également avec une majuscule, dans le texte latin; mais c'est à tort qu'on y a vu un nom propre de lieu, ainsi que le prouve l'em- ploi de ce mot comme nom commun en plusieurs autres passages de cette même Vie de saint Auxence.

(5)JMétaphr., 9, col. 1385: Anonyme A, p. 244 et Anonyme B, p. 5. D'après l'A- nonyme C, p. 28U, la montagne s'appelait IIÉTpx 'O'iv.a., pierre pointue. Michel Psellos, p. 281, donne ce dernier nom, non pas à la colline, mais au rocher même Auxence vécut le premier mois.

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lui dirent-ils, au sommet de la hauteur et de intercédez pour nous. » Lui, touché de cette requête, y accéda (1). Les paysans construisirent tout au haut de la montagne une petite cel- lule flanquée d'un /.aijS;; et le fervent anachorète s'enferma dans cette sorte de cage en chantant ce verset du psaume (2) : « Me voici comme le moineau solitaire sur son toit. »

La vie que mena saint Auxence, les visites qu'il reçut et les merveilles qu'il accomplit dans son ermitage du mont Oxia, ce sont des points fort intéressants, mais auxquels je ne puis m'attarder. Je dirai plutôt que l'ex-scholaire se trouvait encore dans son étroite retraite lorsque le quatrième concile œcuméni- que s'ouvrit à l'église Sainte-Euphémie de Chalcédoine le 8 oc- tobre 451. Cette mention du concile, faite par tous les biogra- phes (3), mérite de nous arrêter, car elle est le meilleur des jalons chronologiques plantés dans la vie de saint Auxence.

Tout d'abord, cette mention permet de voir combien a été distrait Du Cange, lorsqu'il a écrit après le nom d'Auxence les quatre malheureux mots que voici : Qui sub Heraclio vixit (4). En second lieu, elle nous montre ce qu'il faut faire de la trente- cinquième année du règne de Théodose le Jeune inscrite par Syméon Métaphraste (5) et un des biographes anonymes (6) tout au commencement de leur récit.

M. M. Gédéon a pris cette date pour celle de l'arrivée d'Auxence à Constantinople (7). En est-il vraiment ainsi? Je ne le crois pas. J'estime, au contraire, que la trente-cinquième année de Théodose II est celle notre scholaire quitta la capitale (8) pour s'en aller vivre dans la retraite. La trente-cinquième année

(1) Métai'hr., U. col. 1385; .\nonvme A. lue. cit.: Anonyme B, loc. cit.; Psellos, p. 281.

(2) Psaume ci, 8.

(3) Métaphr., 23, col. 1307: Anonyme A, p. 240: Anonyme B, p. 7; Anonyme C, p. 280; Psellos, p. 281.

(4) C'onstantinopolis c/irisdana. IV, 8, 19, édit. Venise, p. 107.

(5) Op. cit., 2, col. 1380.

(6j Anonyme A, p. 242. L'Anonyme B, p. 3, fndique seulement la trentième an- née : le mot Ttc'iiTr-rcp a été oublié par l'abréviateur ou omis par quelque copiste.

(7j ]\1. CiÉDÉON, TvTC'.y.ov tt;; èm toù pouvoy to'j AvïevTtoy (7£oa'7(j.îa; (i-.vr;ç M'-xarj), toO àpxaYYî^oy, Constantinople, 1895, p. 7.

(8) 31. T. Evangélidès, 01 Biot twv âyiwv, Athènes. 1896, p. 197, met Auxence en garnison à Mcomédie et c'est de qu'il l'envoie mener la vie érémitique. 3Ial- heureusement pour l'auteur, pas un des cinq biographes ne souffle mot de Ni- comédie.

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de Théoclose le Jeune courut du 1"' mai 142 au 30 avril 143. Qu'on ne l'oublie pas et l'on suivra sans peine les preuves qu'il nous faut donner ici pour établir dans la vie d'Auxence un point chronologique assuré.

Auxence, affirme un des auteurs anonymes (1), mourut ex- trêmement vieux, il: iT/a-z^) -/.al BaOù y"^P^? £Aaaa?, c'est-à-dire septuagénaire au moins, ou même octogénaire. Or, comme nous le verrons en son temps, il mourut dès avant le 15 février 473. C'est donc, sans contredit, qu'il était dans le dernier quart du iV^ siècle ou, pour le moins, aux toutes premières années du v". à cette date, il avait, sinon dépassé, du moins atteint la quarantaine en 442. Or, lors de son arrivée à Constantinople et de son enrôlement parmi les scholaircs, il était, déclare un se- cond l)iogTaplie anonyme (2), dans sa toute prime jeunesse,

apxi TSAwv î'.ç r^comxq v.xl r.po: tsv icuacv Paivwv v.x-'x -zo zpwTcv à'vOoç

if^q aùasM;. L'âge de quarante ans, de quarante ans et plus peut- être, représente-t-il cette prime jeunesse chez une recrue? As- surément non. Donc, si les auteurs invoqués ici n'ont point fait erreur, la trente-cinquième année de Théodose ne saurait être celle Auxence devint scholaire.

Sozomène nous fournit la base d'un second argument. Cet historien, au témoignage des critiques (3) , termina son œuvre en 443, au plus tard en 44 1. Or, on a vu plus haut en quels termes il parle d'Auxence et comment il en fait un des chrétiens les plus remarquables de Constantinople, un des fonctionnaires les plus haut placés à la cour. Pareil éloge et pareils renseigne- ments se comprendraient-ils, écrits dès avant 443 ou 444, de l'humble Syrien venu s'enrôler tout jeune dans le scholariat en- tre mai 412 et avril 4 13? Il ne se trouvera personne à le penser, je crois. C'est donc que la trente-cinquième année de Théodose n'est point celle Auxence débuta dans la garde palatine.

Une troisième preuve, plus convaincante que les deux pré- cédentes, nous est fournie par cette mention du IV' concile dont j'ai déjà fait pressentir toute l'importance chronologique. Un des miracles d'Auxence antérieurs au IV concile, c'est-à-dire

(1) Anonyme A, p. 251.

(2) Anonyme C, p. 279.

(3) P. Batiffol, Littérature grecque, p. 218.

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au 8 octobre 151, eut lieu, nous disent trois biographes (1), au mont Oxia durant la dixième année de son séjour sur la colline : d'où il suit, même en usant de la plus grande largeur possible, qu'Auxence avait abandonné le métier des armes et la vie du monde dès avant le 8 octobre 442. Par ailleurs, je le rappelle encore une fois, c'est le P"" mai 442 que Théodose inaugura sa trente-cinquième année de règne : d'où il résulterait, en sui- vant l'opinion de M. M. Gédéon, que saint Auxence n'arriva de Syrie à Constantinople qu'après le 30 avril 442. Mais alors à quoi se réduit le séjour de notre saint dans la capitale? A quoi se réduit son scholariat? Enrôlé après le V mai 442, Auxence est démissionnaire avant le 8 octobre 442 : est-ce possible? Peut- on placer en un laps de temps si restreint tout ce que les bio- graphes rapportent de lui comme scholaire de la garde? Point du tout, évidemment. Disons donc que la trente-cinquième an- née de Théodose II n'est point celle qui vit l'enrôlement mi- litaire d'Auxence.

S'il en va ainsi, une question se pose : pourquoi les deux bio- graphes mentionnent-ils cette trente-cinquième année au début de leur récit"? C'est, je crois, qu'ils entendent fixer par le moment notre Syrien cessa d'être soldat et devint ana- chorète. En écrivant : La trente-cinquième année de Théo- dose le Jeune, il y avait un scholaire..., ils veulent indiquer le terme, nullement le début de son scholariat.

M. M. Gédéon, en dépit même des expressions employées par les deux auteurs, veut absolument que ce soit le début. Aussi, n'osant réduire le scholariat d'Auxence à deux ou trois mois de service, prend-il quelque liberté avec les textes et affirme-t-il que le saint ne partit pour le mont Oxia que vers 448 ou 449. Comment obtient-il cette date? Simplement, ainsi qu'il nous le révèle dans une note (2) , en remplaçant par ouT^a la ot-mz-ly. de vie solitaire que les trois biographes indiquent avant le IV^ concile. La correction, je le crains, ne laissera pas que de paraître hardie et parfaitement inacceptable à quiconque lira

(1) IMktaphr., 14, col. l;i88; Anonyiie B, ]). 6; Anonyme A, p. 245. Ici, pour sau- vegarder le coup d'œil typographique, l'éditeur Doukakis a mal coupé son texte : il faut avancer le point à la ligne et commencer le premier alinéa de la page 245 immédiatement après le pi-emier mot de cette page.

(2) TuTiixôv, p. 7. note 3.

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le texte du Métaphraste et des deux Anonymes. Si les trois ha- giographes portaient le mot 3cy.ae-(a, on pourrait peut-être à la rigueur supposer une faute de copiste pour o\i-iy.. Mais com- ment substituer ce petit mot" aux longues périphrases qu'ils emploient? L'Anonyme de M. Clugnet écrit : As'y.a oiocxpiôa: 'é-Tt (1). L'Anonyme de Doukakis porte : léy.x-oz [xb/ cjv r^or, ^m [j.cvâ/ao èv tÇ) cpzi àaxcj'^.ovw tijtw -/pivcç otTjVJc-Tc (2)... Quant au Mé- taphraste, il dit : Hzpl-y. 017.01. CUV é-.r, ota-pWavTCç ajTcu èy.îLas (3)..., et il répète cette donnée chronologique un peu plus bas une seconde fois. trouver dans ces expressions les éléments du modeste cisTia? Mais pourquoi, d'ailleurs, vouloir corriger sans motif? Les trois auteurs disant qu'Auxence florissait à Cons- tantinople en 442, nullement qu'il arriva dans la capitale à cette date, toute correction est superflue.

S'il tenait à corriger, M. M. Gédéon aurait faire observer que l'Anonyme de Doukakis a excédé en employant le verbe Sirjvuaxc. Cet Anonyme affirmant lui-même qu'Auxence était encore scholaire en mai 442, le miracle opéré avant le concile ouvert le 8 octobre 451 ne peut certainement pas avoir eu lieu dix ans pleins après le jour de son entrée dans la vie érémi- tique.

S'il tenait à rectifier, M. M. Gédéon aurait s'attaquer à un autre passage de Syméun Métaphraste. D'après le Métaphraste, entre le prodige assigné à la dixième année de vie anachoré- tique et la tenue du IV^ concile général, il se serait écoulé un certain nombre cVautres années. C'est, dit-il (1) , -po: toT? oéxx l).z-x Ay.\ l-zp-x î-T, que les Pères se réunirent. Or, pareille as- sertion ne saurait être acceptée. Syméon le Métaphraste affir- mant lui-même qu'Auxence était encore scholaire en mai 442, le miracle opéré durant la dixième année de sa vie érémitique ne peut certainement pas avoir eu lieu quelques années avant le concile ouvert le 8 octobre 451. De ces années supplémen- taires, l'Anonyme de Doukakis, si fréquemment d'accord pour- tant avec Syméon, ne souffle mot. Sans nul doute, nous som- mes ici en face d'une de ces incidentes malheureuses dont le

(1) Anonyme B, p. 3.

(2) Anonyme A, p. 245.

(3) MÉTAPHR., op. cit., 11, col. 1388.

(4) Métapiir., op. cit., 22, col. 1396.

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trop facile auteur des métaphrases a le secret et qu'il faut de toute nécessité jeter par- dessus bord.

Ces questions de chronologie vidées, reprenons la vie de notre solitaire nous l'avons interrompue. Donc, au mo- ment du concile, Auxence habitait sa prison du mont Oxia. Le soupçon qui pesa sur lui de tremper dans les erreurs d"Eu- tycliès fut cause que l'empereur donna l'ordre de l'en arracher. Descendu au bas de la montagne, il fut mis sur un chariot qui, passant par le lieu dît 1.'^;[z-; (1), ^•jyP.z: (2), ou \v;izz: (3), et par l'église du saint martyr 0aA£Aa':c; (4), le conduisit au couvent de saint Jean-Baptiste (5) èv rf, <$*ùmù (6), ou r?;ç *InxA-/;ç(7), ou encore tsu 'AvtioCaoj (8). De là, après un séjour assez prolongé, Auxence fut transporté au monastère de saint Hypace(9), de- bout près de l'église des saints apôtres Pierre et Paul à Ru- fmianes(lO). Quelques jours ou quelques semaines plus tard, un dromon de la cour vint prendre Auxence pour le déposer à l'Hebdomon auprès de l'empereur Marcien. Auxence, après son

(1) MÉTAPHR., 30, col. 1400.

(2) Anonyme B, p. 8. De cette localiti'^ tii'ait peut-être son surnom le moine lixiotTT,; à qui sa doctrine sur la corruptibilité du corps de Notre-Seigneur Jésus- Christ au saint Sacrement attira une condamnation de la part du patriarche Jean Kamatéros en 1199. Ei'hre.m, Caesarcs, vers. 6l)0o et seq., Migne, P. G., t.CXLIII, col. "214 et 210; Dosithke, IIîoItwv bi 'hpouoX'J[i.ot; TTaxpiapxsuirdcvTwv, VIII, .\n, 2, p. 807.

(3) Anonyme C, p. 280. jM. Gédi'on. ByîavTivov lopToXoytov, p. 21.û, préfère cette dernière leçon à toute autre; mais pourquoi son manuscrit unique aurait-il rai- son?

(4) MÉTAPHR., 31, col. 1401; Anonyme A, p. 217; Anonyme B, p. 8. (.5) MÉTAPHR., 32, col. 1401 ; Anonyme C, p. 280; Psellos, p. 281.

(6) MÉTAPHR., loC. cil.

(7) Anonyme B, p. 8.

(8) Anonyme C, loc. cil. M. Gédéon, op. et lac. cil., présente cette dernière leçon comme la seule vraie. Avant de se prononcer de la sorte, il aurait mieux fait de voir si la majorité des manuscrits soit du Métaphraste, soit des Anonj-mes ne s'inscrivent pas en faux contre son codex unique.

(9) Michel Psellos, p. 281, écrit à propos de ce monastère : toi; xoO t^âp-rupo; ■^rua-ctouxaTaXàu.TisTai 9a-j[ia(7iv. lia tort d'appeler cet H^'pace marlyr, car le saint dont il s'agit ici mourut tranquillement sous l'hal^it monastique le 30 juin 446. Il a raison, par contre, de signaler ses miracles, car cet Hypace mérita le titre de thaumaturge, comme le prouve un manuscrit liturgique du xi" siècle, con- temporain par conséquent de Psellos, sa fête se trouve annoncée en ces termes : toû ôuîou naipo; i\\i.(î>-i xxl 6av[j.aToupYOÙ TTraTiou toû èv Touçnavaiî, Cléopas KoïKYLiDÈS, KaiàXonta x^ipoTpâçwv lepo(TO>,u(AtT'.xyj; piêXioôi^y.y);, p. 22.

(10) J. Pargoire, Rufiniancs, dans la Byzanlinische Zeilschrifl, t. VIII, p. 429-477 et Aulour de Chalcédoine, dans la même revue, t. XI, p. 333-357.

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entrevue avec ce dernier, fut porté à Constantinople le pa- triarche Anatole, lui ayant fait lire la définition conciliaire, eut le bonheur de constater la parfaite pureté de sa foi. Ainsi, du moins, parlent deux biographes (1). Au témoignage des trois autres (2), le saint fut appelé deux fois de Rufinianes par Tern- pereur; sa conférence avec Anatole et son adhésion aux déci- sions dogmatiques du concile furent la conséquence de sa se- conde entrevue avec Marcien.

Et maintenant, quelle date assignerons-nous à ces faits? Jusqu'ici, à la suite des historiens comme Baronius (3) et des hagiographes comme G. Henschen (4), tout le monde les place durant la tenue du concile, c'est-à-dire entre le 8 octobre et le P'' novembre 451. Les cinq biographes, il est vrai, se pronon- cent dans ce sens. D'après Syméon Métaphraste (5) et l'Ano- nyme de Doukakis (6) , les Pères auraient eux-mêmes sollicité la présence de l'illustre anachorète à leurs travaux. D'après l'A- nonyme de Gédéon (7) , Marcien n'aurait pas dédaigné de venir en personne présenter Auxence aux membres de l'auguste assemblée. D'après Michel Psellos (8) , les hésitations du saint auraient causé beaucoup d'inquiétudes au prélat. Il me semble, pourtant, que les choses ne se passèrent pas ainsi, et les preuves ne manquent point, si je ne m'abuse, pour reporter ces événe- ments en 452. Du moins, si Auxence fut arraché du mont Oxia dès octobre 151, ses rencontres avec l'empereur et le patriarche ne furent que de l'année suivante.

Remarquons tout d'abord que les Pères ne restèrent pas assez longtemps réunis pour avoir vu se passer tout ce que les bio- graphes nous racontent des faits et gestes d'Auxence entre sa descente du mont Oxia et son adhésion à la doctrine du con- cile. Celui-ci ne dura, on le sait, que du 8 octobre au 1" no- vembre 451. Comment placer en ces trois semaines le message

(1) Anonyme A, p. 247; Psellos, p. 282.

(2) Anonyme B, p. 9 et 10; Anonyme C, p. 280 et 281; Métapur., 38-42, col. 1405- 1412.

(3) Annales, ad anniini 451, n" 159.

(4) Acla Sanctorum februarii, t. II, p. 770.

(5) MÉTAPHR., 23, col. 1396.

(6) Anonyme A, p. 246 et 251.

(7) Anonyme C, p. 281.

(8) Psellos, p. 282.

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de Marcien à l'anachorète, la sortie de ce dernier de sa soli- tude, son long séjour au monastère de saint Jean-Baptiste, son plus long séjour au couvent de saint Hypace, son voyage à THebdomon, son voyage à Constantinople?

Notons en second lieu que les circonstances de l'entrevue d'Auxence et d'Anatole à Constantinople nous transportent hors d'octobre 451. Dans cette entrevue on communique à l'anacho- rète la partie des actes conciliaires relatifs à la doctrine. Or, dé- finie le 22 octobre et signée ce jour-là ainsi que les deux jours suivants, la déclaration dogmatique du concile ne fut proclamée que le 25. La rencontre d'Auxence et d'Anatole eut donc né- cessairement lieu après cette date. Mais comment supposer que ce fut avant la fin du concile? Du 25 octobre au 1"' novembre, les Pères se réunirent en session tous les jours, parfois même deux ou trois fois le jour(l), et le patriarche, très intéressé à certaines affaires, à la rédaction et au vote du 28" canon par exemple, ne dut guère quitter Chalcédoine ces jours-là, surtout pour aller dans sa cathédrale consacrer à la conquête d'un simple ermite des moments si précieux.

Observons enfin que la conférence tenue à l'Hebdomon entre Auxence et Marcien se trouve fixée par un des trois anonymes à une date qui ne concorde pas du tout avec celle du concile. Si l'anachorète, dit cet auteur (2), tut conduit à l'Hebdomon, c'est que la cour se trouvait là. « L'empereur s'y était rendu, accom- pagné'du sénat, pour célébrer la fête du disciple bien-aimé dans son église, et il célébrait cette solennité avec de grandes pom- pes. » Or, de quelle fête s'agit-il ici? Laissez de côté, comme de juste, les dédicaces et les synaxes d'ordre tout à fait secondaire spéciales à telle ou telle chapelle (3) et vous ne trouverez dans le calendrier liturgique de Constantinople que deux solennités de saint Jean l'évangéliste, l'une au 26 septembre et l'autre au 8 mai. De ces deux solennités, c'est celle du 8 mai qui se fêtait à l'Hebdomon. Ainsi le pensait déjà Morcelli. In quo potissi- mum hodie, dit-il en parlant de ce faubourg sous le huitième

(1) Héfélé, Histoire des conciles, trad. franc., t. III, p. 3.

{;£) Anonyme C, p. 280.

(3) H. Delehaye, Synaxarium Ecclesiae Conslantinopolilanae (Propylaeum ad Acta Sanctorumnovembris), Bruxelles, 1902, col. 204, 15; 468,26: 759, 3; 812, 21; 866, 9; 878, 6. .

28 . REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

jour de mai (1), etiam synaxim actam esse crediderim. Sa manière de voir est en plein accord non seulement avec le témoignage des Synaxaires (2), mais encore avec celui de Cons- tantin Porphyrogénète. L'impérial auteur écrit d'une part :

'Iwavvcu TOij OscAÔyc'J, twv C£(7-o-wv àTTisvTwv èv Tw aî6a(T[J,ûo a'JTcy vao)

tÇ> àv Tw Auzku.) (3). Et il ajoute d'autre part : T-?; c-(ozr, -rcu

aù-^j y-abu p.TyVbç TSÀîÎTai TrpcsAîua-iç tyjç [j.v/jir/;^ -o'j OsiAÔycu èv to) 'E656[;,(p y.od Xz.ko\j'^.iTr,q r^; XeiTCjpYÎa? Trpc-iOcTJci xXr^Twptov ySi auyy.a- AojVTat xa-ïà tûttcv o'. t^ç. au^i'-Arj-ou 7:avT£ç 7.aTà to T^otrov ti;? TpaTîs- Ç'^ç (4). On sait la force de la tradition et de l'étiquette à By- zance. Si, au x" siècle, c'est le 8 mai et non le 26 septembre que la cour se rendait à l'Hebdomon avec le sénat, c'est aussi le 8 mai et non le 20 septembre qu'elle s'y rendait avec le sénat au v^ siècle. D'autant que la fête du 8 mai, qui paraît la plus ancienne des deux (5), est plus indiquée pour une église aussi vieille que celle de saint Jean l'évangéliste à l'Hebdomon, église que Constantin le Grand aurait bâtie (6), Théodose F' aurait déposé durant quelques mois le chef de saint Jean-Baptiste (7), dans tous les cas pénétrèrent en 400 les Goths de Gainas (8). Ainsi, la conclusion s'impose : c'est au printemps, le 8 mai ou l'un des jours environnants, que saint Auxence vit l'empereur à l'Hebdomon. Et ceci nous transporte loin d'octobre 451. Et ceci nous montre en même temps quels durent être les vrais rapports de notre solitaire avec le concile.

Les autorités religieuses s'étant occupées, une fois le synode tenu, d'assurer le triomphe de l'orthodoxie parmi les moines de la capitale et des alentours, le solitaire du mont Oxia se trouva soupçonné, comme beaucoup d'autres, de ne pas tenir la doc- trine d'Eutychès en suffisante al)omination. Enquêté, faisant mystère de sa foi, il fut contraint de quitter sa retraite et de vi-

(1) Calendarium CunslanImopoUtanum, t. II, p. 91).

(2) H. Dei.eiiaye, op. cit., col. 82, 16 et 664, 30.

(3) De Cerimoniis, IMigxe, P. G., t. CXIl, col. 1036.

(4) Op. cit., col. 1408.

(5) IM^' Duchesne dans ses prolégomènes au Martyrologium hieronymianum ne parle du moins que de celle-là, Acta Sanctorum novembris, t. II, p. lx.wii.

(6) Antiquilatès Conslantinopoleos, Migne, P. G., t. CXXII, col. 1276.

(7) G. CoDiNus, De aedificiis, BIigne, P. G., t. CLVII, col. 592.

'(8) SocRATE, IHstoria ecclesiaslica, vi, 6, Mione, P. G., t. LXVII, col. 680.

.MONT SAINT-AUXEXCE. 29

vre dans un monastère orthodoxe jusqu'à ce qu'il eût fourni les explications nécessaires. Voilà, si je ne me trompe, le seul fond de vrai. Quant aux détails contraires donnés par les biogra- phes, je ne crois pas me hasarder beaucoup en les regardant comme inventions de panégyristes. Les deux faits qui rendirent à Auxence la liberté de ses mouvements, je veux dire sa com- parution devant l'empereur et son adhésion à la doctrine conci- liaire, sont, autant qu'on peut se fier à l'Anonyme, du mois de mai 452. Je choisis Tannée 4'y2, au lieu de telle ou telle des années suivantes, pour rester le plus près possible de ce concile que les quatre biographes mettent au centre de leur récit.

Reconnu orthodoxe et libre de quitter le couvent de saint Hy- pace, l'ancien scholaire s'empressa de reprendre le chemin de la solitude. Toutefois, il ne retourna pas au mont Oxia. Ce fut une autre hauteur plus voisine, le mont '^vmt.x (1), '^y.b-x (2) ou -•/.c-o; (3), qui le reçut. Là, sa vie ne différa point de ce qu'elle avait été sur la première colline. Ses vertus, ses miracles ne cessèrent de lui attirer une foule chaque jour croissante de visi- teurs. Certains chrétiens, conquis par son exemple, reçurent de lui l'habit érémitique et vécurent dispersés dans les envi- rons (4). Certaines chrétiennes, désireuses de l'avoir pour guide, reçurent de lui le même habit et fondèrent un couvent au pied de sa montagne (5).

C'est dans ce couvent, dit des Trikhinaires, que le saint ana- chorète devait trouver son tombeau. On sait qu'il mourut après dix jours de maladie, un 14 février (0), sous le règne de Léon (7), le 14 février 473 au plus tard par conséquent (8); mais il est impossible de dire en quelle année précise, les biographes se bornant à nous le montrer fort avancé en âge (9) et survivant à saint Syméon Stylite (10).

(1) MÉTAPHR., 43, col. 1413. (2) Anonyme A, p. 247.

(3) Anonyme B, p. 10; Anonyme C, p. 281;Psellos, p. 282.

(4) MÉTAPiiii., 52, col. 1421; Anonyme A, p. 249; Anonyme B, p. 11.

(5) BIÉTAPHR., 61 et 62, col. 1429-1432; Anonyme A, p. 250; Anonyme B, p. 13; Anonyme C, p. 283; Psellos, p. 283.

(6) Métaphk., 65 et 06, col. 1436; Anonyme A, p. 251 ; Anonyme B, p. 13 et 14.

(7) MÉTAPHR., 67, col. 1436; Ano.nyme B, p. 14.

(8) L'empereur Léon descendit en effet dans la tombe en janvier 474.

(9) Anonyme A, p. 251.

(10) MÉTAPHR., 56, col. 1428; Anonyme A, p. 249; Anonyme B, p. 12.

30 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Si les religieuses fixées au pied du mont Skopa réussirent à obtenir et à garder les reliques de leur père spirituel, ce ne fut pas sans peine. Les desservants de Féglise Saint-Zacha- rie, bâtie dans le voisinageau lieu dit ©éaipov (1) ou Osarpcocr^ (2), prétendaient s'approprier ce trésor. Les moines de Rufinianes élevaient des prétentions analogues, prétentions d'autant plus fondées qu'ils avaient autrefois longuement hébergé le saint, qu'ils l'avaient accompagné au chant des hymnes et des psau- mes jusqu'au mont Skopa (3), qu'ils y avaient construit son er- mitage (4) et qu'ils étaient restés en étroites relations avec lui (5). Malgré tout, les religieuses obtinrent gain de cause, et le corps du saint reposa dans leur couvent.

Ces reliques furent plus tard l'objet d'une translation. L'ar- chevêque Antoine de Novgorod, venu en pèlerinage dans la ca- pitale byzantine tout à la fin du xii° siècle, déclare les avoir rencontrées dans l'intérieur de Constantinople, à l'église de l'Anastasis (6). 11 écrit au sujet de cette église : Le saint père Auxence, qui vivait sur la colline..., y est enterré. Et son té- moignage est confirmé par celui d'un codex liturgique antérieur de quelques années. Ce codex termine la notice de saint Auxence

en disant : TcXîtTai i^ ajTSj (jjvaçiç iv ir^ [xcvY] T^ç à-flaç 'Ava^Ta- (7S(i)ç, Iv6a y.ai -b ayicv cwp.a i:va/.G;j.isOèv à-Ô7.ciTai (7). Mais aux siè- cles précédents, tandis que les restes de l'anachorète reposaient en terre bithynienne, c'est un autre sanctuaire de la ville, celui du monastère de Callistrate (8), qui avait le privilège de célé- brer plus solennellement la fête du saint au jour anniversaire de sa mort, le 14 février.

Aujourd'hui l'Orient ne possède guère plus du corps d'Auxence que les reliques gardées aux trois monastères athonites de Saint- Pan téléïmon, de Zograph et de Xiropotamo (9). Mais il continue

(1) Anonyme A, p. 251.

(2) Métai'hr., 66, col. 1436.

(3) Métapiir., 43, col. 1413.

(4) Ib'uL: Anonyme A, p. 247.

(5) Métaphr., loc. cit.

(6) B. DE Khitrovo, Il'méraires russes en Orient, t. 1, p. 10.5.

(7) H. Delehay'e, op. cit., col. 465, 52.

(8) H. Delehaye, op. cit., col. 465, 16.

(9) Kh. Loparev, Kniga Padovnik skazanie miest svialuikh v Tsariégrad Anto- nija arkhiepiskopa Novgorodskago v 1200 godu, Saint-Pétersbourg, 1899, p. cii.

MONT SAINT-AUXENCE. 31

toujours de célébrer sa mémoire au 14 février. Le canon chanté à cette date est anonyme et ne dit rien de neuf, si bien qu'il y aurait davantage à tirer peut-être de tel petit sceau de ploml) ( 1) , rillustre ermite du Skopa nous est représenté debout, revêtu de l'habit monastique, la barbe assez longue et terminée en pointe.

Ne confondez pas, comme on le fait trop souvent, notre saint Auxence avec un sien homonyme signalé, au 18 avril, dans la notice de saint Cosmas, évèquede Chalcédoine. Ce Cosmas, bien qu'on l'ait écrit (2), n'est pas du v^ siècle : je crois avoir suffi- samment prouvé ailleurs (3) qu'il vécut sous les iconoclastes et qu'il mourut peut-être vers 822. L'Auxence expressément donné comme son compagnon de lutte (4) est donc un iconophile de cette époque, iconophile point autrement connu du reste, à moins qu'il ne faille l'identifier avec l'higoumène Auxentios qui posa diverses questions d'exégèse à saint Théodore Studite et en reçut une lettre de réponse parvenue jusqu'à nous (5) .

Terminons sur cette remarque la vie de notre ermite. Le ré- sumé qu'on vient d'en lire s'est borné aux seuls points chrono- logiques ou géographiques susceptibles soit de présenter quel- que difficulté, soit de fournir quelque renseignement. Le reste regarde plutôt les hagiographes, s'il s'agit des miracles et des vertus qui remplirent l'existence du scholaire et de l'anachorète, les hymnographes ou les liturgistes, s'il s'agit du rôle que joua l'ancien Gr.yjox'.z: de Sainte-Irène aux origines de la poésie ecclé- siastique. Je n'ai point voulu empiéter sur leur terrain et leur ai laissé le soin d'ajouter tous les développements qui seraient moins à leur place dans le présent travail d'histoire et de topo- graphie byzantine.

"^ {A suivre.)

(1) G. ScHLOiBERGER, Sigillographie by:;antinc, p. 50.

(2) A. Alexoudis, 'E7ri(7y.07iixoi xaTa/ôy»', dans le NeoXôyo;, 6359, 9 octobre 1890.

(3) Les premiers évêques de Chalcédoine, dans les Échos d'Orient, t. IV, p. 109- 11-2.

(4) H. Delehaye, op. cit., col. 613, 13.

(5) Lettre II, 181. dans .^Iic.ne, P. G., t. XCIX'. col. 1565.

SOPHRONE LE SOPHISTE

ET

SOPHRONE LE PATRIARCHE

[Suite) (1)

CHAPITRE IL SOPHRONE LE PATRIARCHE

Si nous faisons abstraction pour le moment de son identifi- cation avec Sopiirone le sophiste, nous ne connaissons du pa- triarche Sophrone que deux faits bien établis : sa participation aux luttes contre les Monothélites et contre les Arabes, les en- nemis de la foi et de la patrie. La durée même de son pontifi- cat nous échappe encore, nous n'en pouvons préciser d'une manière absolue ni le point de départ, ni le terme. Néanmoins, il importe de les fixer du mieux possible, avant d'aborder l'étude de ces querelles mémorables, pour ne pas entrecouper le récit de discussions chronologiques qui, bien qu'exposées le plus brièvement possible, n'en feraient pas moins languir tout le récit.

La chronologie des derniers patriarches de Jérusalem avant la conquête arabe n'est pas établie d'une manière définitive, mais en s'aidant des chroniqueurs byzantins, on peut avancer provisoirement quelques dates. Le premier nom qui ouvre la série et le siècle est celui d'IsAAC. Le pape saint Grégoire le Grand répondait, pendant l'indiction IV, septembre 600-aoùt 601, à sa lettre d'intronisation (2); ce qui laisserait supposer qu'il venait d'être élu. De fait, le chroniqueur Théophane (3) date son patriarcat de l'indiction IV. Il n'est donc pas téméraire de pla-

(1) Voy. vol. VII, 1902, p. 3(30.

(2) Le Qlien, Oriens chrislianus, t. III, col. 248.

(3) MiGXE, P. G., t. CVIII, col. 596.

SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPHRONE LE PATRL\RCHE. 33

cer Félection d'Isaac à la fin de l'année 600, ou mieux dans le courant de l'année 601. Ce patriarcat dura huit ans, au témoi- gnage de Théophane (1), qui le fait courir dans sa chronologie erronée de l'an 593 à l'an 601 après J.-C, et au témoignage du patriarche saint Nicéphore (2). Ici encore, cette date est confirmée par un récit contemporain, le Chronicon paschale (3), qui lui fait donner sa démission vers l'année 609, indiction XII. L'indiction XII allant du mois de septembre 608 au mois d'août 609, nous retrouvons ainsi les huit années de pontificat qu'as- signent à Isaac les chroniques de saint Théophane et de saint Nicéphore.

Au patriarche Isaac succéda, en cette même année 609, Zacharie, prêtre et skévophylax de Constantinople, d'après le Chronicon paschale (4) et le chroniqueur Théophane (5). Amené prisonnier par les Perses lors de la prise de Jérusalem, 19 mai 614, Zacharie fut rendu à la liberté après les victoires d'Héraclius, qui déterminèrent la mort de Chosroès, 28 février

628, et la conclusion de la paix avec son fils Siroès, 8 avril 628. Il dut ensuite se rendre à Constantinople avec l'armée impériale, qui se mit en route par l'Arménie, le 8 mai 628. Quoi qu'il en soit, il se trouvait sûrement à Jérusalem pour recevoir l'empe- reur, lorsque celui-ci y rapporta solennellement, 14 septembre

629, le bois de la vraie Croix (6). Le vieux patriarche, qui avait subi tant de malheurs, ne tarda pas à succomber. Théopliane date le début du patriarcat de son successeur de l'année du monde 6123, d'après l'ère d'Alexandrie (7), qui correspond à Tan- née chrétienne 630-631. Or, comme l'Église grecque vénère la mémoire de Zacharie le 21 février, nous pouvons retenir le 21 février 631 comme date de sa mort. Si nous consultons la chro- nique de saint Nicéphore (8), nous aboutissons au même résul- tat. Celle-ci, en effet, assigne à Zacharie vingt-deux ans de

(1) MiGNE, P. G., t. CVIII, col. 596 et 624.

(2) C. DE BooR, Nicephorl archîepiscopi constantinopolilanl Opuscida hislorucif Leipzig, 1880, p. 126.

(3) MiGNE, P. G., t. XCIl, col. 977.

(4) Op. et l. cit.

(5) Op. cit., col. 624.

(6) P. G., t. CVIII, col. 676 scq.

(7) Op. cil., col. 688.

(8) Op. cit., p. 126.

ORIENT CHRÉTIEN. -^

34 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

pontificat. Ce pontificat ayant commencé en 609, si nous ajou- tons 22 ans, nous o)3tenons encore l'année 631.

Modeste, qui succéda à saint Zacharie, avait d'abord admi- nistré l'Église de Jérusalem en qualité de locum tenens, du- rant la captivité de celui-ci, 614 à 628. Cette circonstance spé- ciale qui lui avait imposé les fonctions de patriarche, sans qu'il en possédât le nom ni le titre, a conduit plusieurs écrivains comme Léonce de Néapolis (1), Métaphraste (2), Suidas (3) et Nicéphore Calliste (4), à l'appeler ;ja^r/are/ie avant le moment voulu, tandis que d'autres (.5), plus rapprochés des événements, se sont gardés avec raison de tomber dans la même méprise. D'ailleurs, nous savons par une lettre de Zacharie écrite à son Église du lieu de sa captivité (6), que, tout prisonnier qu'il fût, il se considérait toujours comme le vrai pasteur.

Combien de temps a duré le patriarcat de Modeste? Un an, d'après saint Nicéphore (7) ; deux ou trois ans, d'après Théo- phane (8). Cette dernière donnée me semble plus fondée; du moins, il paraît s'être écoulé environ trois ans entre la mort de saint Zacharie et l'avènement de saint Sophrone, successeur de Modeste. En effet, le 3 juin 633, lors de la rentrée des Théodo- siens dans l'Église catholique (9), Sophrone vivait en simple moine à Alexandrie, ainsi que l'attestent les témoignages con- temporains de Sergius (10), du pape Honorius (11) et de saint Maxime (12). Moine, il l'était encore, lorsqu'il se rendit à Cons-

(I) H. Gelzer, Leben des heiligen Johannes des barmherzigen, erzhischofs von Alexandrlen, Fribourg en Br., 1893, p. 37. (i>) MiGNE, P. G., t. CXIV, col. 777.

(3) Sub verbo 'Hpàx),£io;.

(4) Histor. eccles., lib. XV, cap. ix.

(5) Vitas. Anastasii persœ, Migiie, P. G., t. XCII, col. 1()85-I688; Acla s. Anas- tasii persœ martyris dans les A. SS., t. II, jan., n" 11. p. 40; Antiochus, P. G., t. LXXXIX, col. 14-24, 14-25 et 14-28.

(6) MiGNE, P. G. A. LXXXVI, pars secunda, col. o-2-2S seq.

(7) Op. cit., p. 1-26.

(8) MiGNE, P. G., t. CVIII, col. 688 et 693. Antoine, religieux de Khoziba et contemporain de Modeste, parle de lui comme d'un défunt dans ses Acta s. Georgii chozebitœ; voir Analecfa Bollandiana,\. VII, n" 16. p. 105. Jlalheureuse- ment, cet écrit n'est pas daté d'une manière sûre.

(9) aiANSi, t. XI, col. 565.

(10) Mansi, t. XI, col. 532. (U) Mansi, t. X, col. 527.

(1-2) P. G., t. XCI, col. 142 et 143. Le Quien, Oriens christianus, t. III, col. '263, bien qu'il parle d'une manière hypothétique, ferait durer le patriarcat de Mo-

SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPHROXE LE PATRLVRCHE. 35

tantiiiople intéresser vainement Sergius à sa campagne contre les Monothélites (1), et ce ne fut qu'à son retour en Palestine qu'il fut désigné par la voix populaire pour occuper la chaire vacante de saint Jacques. Or, si peu de temps qu'aient duré ses deux voyages d'Alexandrie à Constantinople, et de Constanti- nople à Jérusalem, ainsi que son séjour à Alexandrie et à Cons- tantinople, cela nous reporte évidemment à la fin de 633, ou même au commencement de 634. L'élection de Sophrone, que mentionnent les lettres de Sergius etd'Honorius, écrites en 634 selon toute vraisemblance, a avoir lieu par conséquent dans les premiers mois de l'année 634. J'ajoute que Sophrone adres- sait, en qualité de patriarche, une toucliante homélie à ses fi- dèles de Jérusalem, le 25 décembre 634, un dimanche (2), et que, par suite, il nous défend lui-même de placer son élection après cette date.

La durée du pontificat de Sophrone et la date exacte de sa mort ne sont pas moins inconnues que la date de son avène- ment. Une seule chose paraît sûre, c'est que ce patriarche est mort le 11 mars, jour auquel l'Église universelle célèbre encore sa fête. Les Menées lui donnent trois années de patriarcat (3), ce qui nous porterait au 11 mars 637 ou 638, suivant le moment l'on se décide à le faire commencer. Cette donnée historique paraît empruntée au chroniqueur Théophane (4). Malheureuse- ment, celui-ci se hâte d'ajouter que la mort de Sophrone avait

deste de mars 033 au 1(3 décembre 034. Il adopte cette dernière date, parce que les Grecs fêtent ce jour-là un saint Modeste, patriarche de Jérusalem; mais celui-ci est tout à fait légendaire, et ne saurait aucunement se confondre avec le nôtre. Quant à la date d'avènement, mars 033, il l'appuie sur la chronique de saint Nicéphore, qui ne donne qu'un an de pontificat à Modeste. Je fais remar- quer que, du mois de mars 033 au mois de décembre 034, il y a près do deux ans. On ne saurait donc accepter les conclusions du docte Dominicain.

(1) Littera Sergiiad /^onorm»i dans Mansi, t. XI, col. 532; Dispulalios. Maximi cum Pyrrho, Migne, P. G., t. XCl, col. 333.

(2) MiGSE, p. G., t. LXXXVII, pars tertia, col. 3201-3212; H. Usener, Weihnachts- predigt des Sopht^onios danfi le Rheinisches Muséum, X. F., t. XLI (1880), p. 500-510.

(3) La notice des ilénéos n'est qu'un résumé de la pâle biographie de saint So- phrone, due àZonaras et éditée récemment par M. Papadopoulos-Kerameus dans ses 'Avà),£xTa lEpocToXyfJiiTixrii; (jTayyoXoyîa;, t. V, p. 137-150. Si je n'ai fait aucun usage de cette biographie, c'est que je la considère comme dénuée de toute va- leur historique et pleine de confusions et d'anachronismes, dont la réfutation m'aurait entraîné trop loin.

(4) Migne, P. G., t. CVIII, col. 089 et 093.

36 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

été précédée de luttes contre les idées hétérodoxes d'Héraclius, de Sergius et de Pyrrhus. Or, si au point de vue chronolo- gique les luttes de Sophrone contre Héraclius et Sergius ne présentent aucune difficulté, il n'en va pas de même de ses dé- mêlés avec Pyrrhus. Celui-ci succéda à Sergius le 20 décembre 638 sur la chaire patriarcale de Conslantinople; c'est vraiment à partir de ce jour qu'il fait son entrée historique dans la que- relle du monothélisme. D'où nous devons conclure que, si So- phrone a vraiment discuté avec lui, comme le déclare Théo- phane, il n'a pu le faire qu'après le 20 décembre 638 et, par suite, sa mort ne peut être phicée avant le 11 mars 639. Mais, dans ce cas, comme sa nomination au patriarcat est sûrement antérieure au 25 décembre 631, nous ne retrouvons plus les trois années de patriarcat dont parlent ïhéophane et les Me- nées. A moins qu'il ne s'agisse d'un épisode ignoré de la vie de Pyrrhus, antérieur à son patriarcat, et qui lui aurait peut- être mérité cette haute charge de la part d'Héraclius, tout dévoué à ceux qui soutenaient les mêmes idées religieuses que lui.

Un autre synchronisme dressé parThéophane (1) permettrait de placer la mort de Sophrone, immédiatement après la reddi- tion de Jérusalem, au calife Omar, Mais encore, nous nous heurtons aune chronologie vague et mal définie. M. Gelzer, un des érudits qui possèdent le mieux l'histoire du vu" siècle, fait rendre Jérusalem par saint Sophrone en Tannée 637, après un siège de deux ans et demi (2). S'il en a été réellement ainsi, la mort de Sophrone peut rester fixée au 11 mars 638.

Dans sa communication lue au concile de Latran en 619, Etienne de Dora, ami de saint Sophrone, raconte comment il fit par trois fois le voyage de Palestine à Rome, afin de défen- dre devant les papes les intérêts de l'Église de Jérusalem (3). Le troisième voyage eut lieu en 649, et nous n'avons pas à y insister en ce moment; le second, après la mort de Sophrone, sous le pape Théodore Y% qui établit Etienne son vicaire apostolique en Palestine ; le premier enfin, du vivant même de

(1) BIiGNE, P. G., t. CYIII, col. 693.

(i) Voir la Geschichle der^byzanlinischen Liltcralur de K. Kruiubacher, ■2'" édit., p. 950 seq. (3j Mansi, t. X, col. 892-901 .

SOPIIROXE LE SOPHISTE ET SOPIIROXE LE PATRLVRCIIE. 37

Sophrone qui, retenu dans la Ville Sainte par les menaces croissantes dés Arabes, députa son ami à sa place avec tous les pouvoirs et tous les renseignements qu'il pouvait désirer. Par malheur, les informations d'Etienne de Dora manquent de précision. En effet, le pontificat de Théodore P'" a duré de 642 à 619 et nous ignorons si le voyage d'Etienne à Romie se pro- duisit au début ou à la fin de ce pontificat. D'ailleurs, aurait-il eu lieu même au commencement que la seule conclusion à tirer, c'est que Sophrone était déjà mort en 642. Quant au premier voyage d'Etienne, il se fit du vivant de Sophrone, lorsque Jéru- salem était déjà investie par les Arabes, mais avant sa capitula- tion, selon toutes les vraisemblances. Par suite, cette mission est antérieure à l'année 637; ce qui ne peut nous être d'aucune utilité pour dater la mort de Sophrone. J'en dirai autant d'un passage de la discussion entre saint Maxime et l'ex-patriarche Pyrrhus (1), au mois de juillet 645. Celui-ci nous prouve qu'à ce moment, Sophrone était déjà mort depuis quelque temps, ce qui ne signifie pas pourtant qu'il ait quitté cette terre le 11 mars 644, comme a voulu le déduire Le Quien (2).

Dans une conférence contradictoire, tenue en Afrique devant le patrice Grégoire, en juillet 645, entre l'illustre confesseur de la foi, saint Maxime de Chrysopolis, et Pyrrhus, l'ex-patriarche monothélite de Constantinople (3), ce dernier fit la déclaration suivante : « C'est Sophrone qui était, il y a peu de temps, pa- triarche de Jérusalem, qui a soulevé à contre-temps cette dis- cussion sur les énergies » (4). Saint Maxime lui répondit aus- sitôt : « Parle-moi en toute vérité. Lorsque Sergius (patriarche de Constantinople) écrivit à Théodore, évèque de Pharan, pour lui envoyer le soi-disant écrit de Menas par l'intermédiaire de Sergius Macaronas, évêque d'Arsinoë, et le prier en même temps de lui dire sa pensée sur les termes d'une énergie et cVune volonté employés dans cet écrit, et que Théodore lui répondit

(1) Mic.NE, p. IJ., t. XCI, coL 332.

(2) Orienschristianus, t. III, coL 279.

(3) S. Maximi confessoris disjjulalio cum Pyrrho, Migxe, P. G-, t. XCI, col. 289.

(4) Op. cit., col. 332.

38 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

en approuvant le tout, était alors Sophrone? Lorsque Sergius adressa le même écrit de Menas avec la réponse favorable de Théodore de Pharan à Paul le Borgne, le sévérien, à la ville de Théodosioupolis, se trouvait Sophrone? Lorsque Sergius de- manda à Georges, surnommé Arsas, un paulianiste d'Egypte, de réunir et de lui envoyer les textes des Pères et des docteurs qui parlaient (Vune seule énergie, afin de pouvoir, à l'abri de ces autorités, conclure l'union des Paulianistes avec l'Église, et que saint Jean l'aumônier, le pape d'Alexandrie, surprit cette lettre de Sergius aux mains d'Arsas et voulut le déposer, mais qu'il en fut empêché par l'invasion subite des Perses en Egypte, se trouvait Sophrone? Oui! était Sophrone, lorsque Ser- gius répondit à Cyrus, évèque de Phasis, au sujet des termes iViuie et de deiLV énergies? Et que fit-il, lorsque Sergius eut manifesté de mille manières sa maladie et qu'il en eut infesté toute l'Église'^ Ne lui rappela-t-il pas, avec la modestie qui con- venait à son habit religieux, en tombant à ses genoux, les souf- frances vivifiantes du Christ, plus éloquentes que toutes les prières? Ne le supplia-t-il pas d'abandonner cette formule héré- tique, condamnée déjà par les Pères, et de ne plus être un fau- teur de scandale"? »

C est en ces termes énergiques et précis que saint Maxime défendait la mémoire outragée de son vaillant compagnon d'armes et qu'il exposait à Pyrrhus les origines si confuses du monothélisme. Comme sa réponse ne souleva pas la moindre objection de la part de son adversaire, nous en ferons la base historique de nos études, afin de pouvoir, à sa lumière et à la lumière des autres documents contemporains, noter la marche progressive de cette hérésie et dégager la part d'action qui re- vient à Sophrone le patriarche.

Il n'est pas douteux que le monothélisme soit le fruit d'une entente entre le patriarche de Constantinople et l'empereur Héraclius. A Pavènement de celui-ci et durant les douze pre- mières années de son règne, 6I0-G22, l'empire grec traversa une des crises les plus lamentables de son histoire, qui pour- tant en compte un si grand nombre. La Mésopotamie, la Syrie,

SOPHROXE LE SOPHISTE ET SOPHROXE LE PATRIARCHE. 30

la Palestine, FÉg-ypte, la plupart des provinces de l'Asie Mineure, étaient au pouvoir de Chosroès; les armées persanes campaient en toute sécurité à Chalcédoine, en face de Constantinople; elles insultaient quotidiennement, ne fût-ce que par leur présence, à la majesté de l'Empire romain et n'attendaient plus que des bateaux et un vent favorable pour assiéger la vieille Byzance, et mettre fin, en prenant d'assaut la capitale, aux gloires nais- santes du jeune empire.

Durant les quelques instants de réflexion qu'il dérobait à sa passion pour sa jeune femme, Héraclius se rendait compte du profond degré d'abaissement sa léthargie morale faisait cha- que jour descendre ses peuples. Il songeait, tout en se ménageant un allié auprès du khan des Khazars, aux moyens de remédier à cette situation et traçait déjà dans son esprit les admirables plans de campagne qu'il devait plus tard si bien exécuter. Or, l'entent&avec les populations chrétiennes des provinces conqui- ses lui apparaissait comme aussi nécessaire et d'une réalisation presque aussi difficile que les expéditions contre les envahis- seurs. En effet, depuis le concile de Chalcédoine, l'empire grec se trouvait scindé en deux groupes distincts, ennemis mortels l'un de l'autre, et c'était précisément dans les provinces subju- guées, la Mésopotamie, la Syrie et l'Egypte, que les mono- physites formaient la majorité. Ne verraient-ils pas d'un œil hostile arriver les armées d'Héraclius qui menaient soi-disant les délivrer des adorateurs du soleil? Ne feraient-ils pas contre elles cause commune avec les ennemis de leur foi et de leur patrie? Tout était à craindre de leur part; aussi Héraclius n'épargnait- il rien pour retarder l'échéance de ces graves événements.

Une fusion religieuse des diverses fractions chrétiennes lui paraissait d'une nécessité absolue, au moment il se préparait à une lutte nationale contre l'envahisseur, pour délivrer le ter- ritoire occupé de son empire et créer l'unité morale et politique de ses sujets. Mais comment réaliser cette union? D'autres sou- verains, d'une puissance égale à la sienne et d'une habileté tout aussi reconnue, avaient consumé leurs forces au service de cette idée; ils avaient échoué misérablement. Un pareil sort menaçait, sans doute, son entreprise et l'échec en serait d'autant plus retentissant qu'il arriverait après une foule d'autres, bien connus des monophysites. A cent reprises différentes, Zenon,

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Anastase, Justinien lui-même, avaient essayé des formules cap- tieuses, susceptibles de grouper sous le même drapeau partisans et adversaires de la foi de Chalcédoine, mais, seuls, les politi- ques des deux partis avaient bien voulu être trompés; chaque édit d'union n'avait laissé après lui qu'une nouvelle secte, une nouvelle déchirure au sein des deux Églises rivales.

Cependant, sans renoncer au dyophysisme qui tenait tant au cœur de la population de Constantinople , ne pourrait-on se montrer plus habile que les prédécesseurs, biaiser un peu plus sur le poiiit en litige, imaginer une formule encore plus am- biguë que les leurs et capable de satisfaire les monophysites sans trop éveiller les justes susceptibilités des catlioliques? Hé- raclius le pensa et son patriarche Sergius lui en suggéra ma- nifestement l'idée. Puisque toute entente était reconnue impos- sible sur le terrain des deux natures, pourquoi ne pas aborder celui des énergies et des volontés dans le Christ? On admettrait dans le Verbe fait homme deux natures pour plaire aux catlio- liques, une seule énergie et une seule volonté pour ne pas dé- plaire aux monophysites; de la sorte, on retirerait d'une main ce que l'on avait donné de l'autre. Tout le monde se flatterait d'avoir eu raison jusque-là, l'union serait indissoluble et les forces de l'empire décuplées.

Je ne sais si le pr<jgramme adopté par l'empereur et le pa- triarche était aussi nettement tracé dans leur esprit que je viens de Texposer, en tout cas, le commencement de son exécution me paraît légitimer cette hypothèse. Il est certain, en effet, que Sergius s'employa activement à cette propagande religieuse et il est non moins certain qu'il jouissait en agissant ainsi de l'ap- pui d'Héraclius.

A ce que rapporte saint Maxime dans sa conférence avec Pyr- rhus (1), la première démarche aurait été tentée auprès de Théo- dore, évêque de Pharan dans la presqu'île sinaïtique. Celui-ci reçut, avec une lettre du patriarche de Constantinople, le pré- tendu écrit de Menas que Sergius avait probablement composé

(1) Mi-GNE, P. G., t. XCI, col. 332.

SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPIIROXE LE PATRIARCHE. 41

de toute pièce (1) et il répondit à ces documents d'une manière tout à fait favorable. C'est là, probablement, ce qui poussait Etienne de Dora, ami et compagnon de luttes de saint Sophrone, à représenter au concile de Latran de 649 Théodore de Pharan comme le premier monothélite (2), tandis que le W' concile œcuménique voyait avec plus de raison dans Sergius la cause première de cette hérésie (3).

Théodore de Pharan ne se contenta pas de cette réponse au patriarche; il écrivit également une lettre à Sergius, évèque d'Arsinoë en Egypte (1), son intermédiaire auprès du patriar- che Sergius, et rédigea un ouvrage sur les interprétations des témoignages des Pères (5), deux écrits dont plusieurs extraits furent lus au concile de Latran, en 649, et qui défendaient les idées monothélites.

Voilà le premier fait historique connu du monothélisme; le second me semble être la démarche que tenta le patriarche Ser- gius auprès de Georges Arsas, le paulianiste d'Alexandrie.

L'évèque de Constantinople, raconte saint Maxime (6), pria Georges de réunir et de lui envoyer les textes des Pères et des docteurs en faveur à" une énergie, afin de pouvoir, à l'abri de ces autorités, conclure l'union des Paulianistes avec l'Église; mais saint Jean l'aumônier, patriarche d'Alexandrie, surprit cette lettre de Sergius aux mains d'Arsas et il l'aurait déposé, si l'invasion des Perses en Egypte n'avait mis obstacle à son premier dessein.

Or, M. Gelzer a démontré (7) que la conquête de l'Egypte par

(1) Ce document fut reconnu apocryphe au VI" concile œcuménique en 680, Mansi, Collect. ConciL, t. XI, coL 226. Déjà, en 553, les légats du pape avaient protesté contre cet écrit. Héfélé, Histoire des conciles, traduct. franc., t. III, p. 469 seq. Voir M.^nsi, t. XI, col. 225, 592 et 596.

(2) IMansi, t. X, col. 893 et 957. Le pape saint Agathon en 680 pensait de même, jMansi. t. XI, col 292.

(3) Mansi, t. XI, col. 775.

(4) Mansi. t. X, col. 957 et 960 et t. XI. col. 273.

(5) Mansi, t. X, col. 960.

(6) S. Maximi confessoris disputaiio cum Pyrrho, t. XCI, col. 332.

(7) Leben des heil. Johannes des barmherzigen, erzbischofs von Alexandnen, Fribourg en Br., 1893, p. 151-153,

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les Perses avait eu lieu en 619 et la mort de saint Jean Taumô- nierle 11 novembre de la même année. Le fait signalé par saint Maxime (1), s'est donc passé au début de Tannée 019. Sergius songeait en conséquence à répandre la doctrine d'une énergie et d'une volonté dans le Christ bien avant la première expédition d'Héraclius contre Chosroès, comme on le dit généralement, puisque cet empereur ne quitta Constantinople que le 5 avril 622.

Une autre tentative de séduction, qui n'est pas la troisième dans l'ordre chronologique mais qu'il convient pour plus de clarté de traiter en ce moment, est celle que l'empereur et son patriarche firent auprès de Cyrus, évêque de Phasis, en Lazie.

Le plus ancien document que nous possédions à ce sujet est la lettre même de Cyrus au patriarche Sergius : « Lorsque, dit Cyrus, j'eus mon entrevue avec Héraclius, je lus le décret qu'il avait envoyé à Arcadius, archevêque de Chypre, contre Paul, chef de ceux qui étaient sans évêques (2). La doctrine orthodoxe y est exposée d'une manière irréprochable. Toutefois, ayant lu dans le décret qu'il était défendu de parler de deux énergies de N.-S. J.-C. après l'union (des deux natures dans le Christ), je n'approuvais pas ce passage, et j'en appelais à la lettre du pape Léon qui enseigne, d'une manière explicite, l'existence de deux énergies unies entre elles. Après que nous eûmes encore parlé sur ce point, je reçus l'ordre de lire ta lettre vénérée, qui, ainsi qu'on en fit la remarque, et ainsi qu'on pouvait le supposer, était une réplique au décret impérial à Arcadius, car elle mentionnait aussi ce méprisable Paul, don- nait une copie du décret lancé contre lui et en approuvait le contenu. Je reçus l'ordre de me taire à l'avenir sur ce point, de ne pas contredire et de te demander de nouvelles instruc-

(1) MiGNE, P. G., t. XCI,col. 332.

(2) Tûv àvETtiCTxônwv. Ce terme, employé par Cyrus pour désigner Paul, est équi- valent à celui acéphales, dont se sert Sei'gius dans sa réponse à son ami, Maxsi, t. XI, p. 526. Et comme les Sévcriens n'étaient qu'une secte des Acéphales, on s'explique que Paul ait été désigné tantôt sous un nom, tantôt sous un autre-

SOPIIRONE LE SOPHISTE ET SOPIIRONE LE PATRLVRCHE. 43

tiens sur la nécessité d'admettre, après l'union des deux natures, une seule énergie dirigeante (!}. »

Revenons un instant sur ce document, afin de le dater et de classer ensuite par ordre chronologique les divers événements auxquels il fait allusion. Tout le contenu de cette lettre, que nous avons encore, indique qu'elle fut adressée à Sergius lorsque Cyrus n'était qu'évèquo de Phasis en Lazie, par consé- quent bien avant son élévation à la chaire patriarcale d'A- lexandrie, 030. Du reste. Sergius le dit explicitement dans sa lettre au pape Honorius que nous allons citer tout à l'heure (2). Bien plus, (îeorges, diacre et bibliothécaire des archives patriarcales en 681, nous apprend que cette lettre de Cyrus fut écrite cinquante-six ans avant la tenue du VP concile, durant la XIV' indiction (3). Or, Georges s'exprimait ainsi le 28 mars 681. Si de 681 nous retranchons 56, nous obtenons Tannée 625, et la XIV' indiction va précisément du P'' sep- tembre 625 au 31 août 620, C'est donc entre le P^' septembre 625 et le 31 août 626 que Cyrus écrivit à Sergius, à la suite de la conférence qu'il avait eue avec l'Empereur.

se tint cette- conférence? En Lazie, sans aucun doute, d'après le contenu même de la lettre de Cyrus et surtout d'a- près le témoignage formel de Sergius dans sa lettre au pape Honorius (1). « Quelque temps après, l'empereur s'étant rendu dans la province de Lazie, rappelait en présence du très saint Cyrus, alors métropolitain des Lazes et maintenant patriarche d'Alexandrie, la discussion qu'il avait eue autre- fois avec l'hérétique Paul et dont j'ai déjà parlé. Après avoir écouté attentivement Sa Majesté, le très pieux évêque lui ré- pondit qu'il ignorait absolument s'il fallait confesser une ou deux énergies dans le Christ (5). Et, sur l'ordre de Sa Majesté, il me demanda par lettres écrites de sa main ce qu'on devait

(1) Mansi, t. XI, col. 559.

(2) Mansi, t. XI, col. 529.

(3) Mansi, t. XI, col. 55^.

(4) Mansi, t. XI, col. 529.

(5) Ces paroles de Sergius constituent un gros mensonge, puisque ('yrus dé- clare explicitement qu'il croyait alors à la doctrine des deux énergies après l'union des deux natures et qu'il lit remarquer à l'empereur que la doctrine d'une seule énergie était formellement condamnée par la lettre du pape saint Léon.

44 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

penser de cette doctrine et si je pourrais lui fournir des témoi- gnages des saints Pères en faveur d'une seule énergie dans le Christ... »

Sans examiner pour le moment ce qui constitue le fond même de la lettre de Sergius, je fais remarquer seulement combien tout ce passage concorde pour les données historiques avec la lettre de Cyrus que j'ai reproduite plus haut. Les rela- tions de cet évêque avec le patriarche Sergius, qui devaient se poursuivre dans la suite avec tant de régularité, ont eu pour point de départ sa conférence avec Héraclius dans la pro- vince de Lazie, et c'est à Sergius que l'empereur le pria de s'adresser pour obtenir tous les renseignements qu'il désirait au sujet de la nouvelle doctrine. C'est donc bien au patriarche et à l'empereur qu'il convient de faire remonter la responsabi- lité de toutes les négociations qui allaient s'engager.

A quel moment se tint cette conférence de l'empereur avec l'évêque de Phasis ? Peu de temps avant la première lettre de Cyrus à Sergius, d'après le texte même de cette lettre et d'après la. lettre de Sergius à Honorius. Et ce renseignement précieux est confirmé par le chroniqueur Théophane, qui signale la pré- sence d'Héraclius en Lazie en l'année 617 de notre ère (1), c'est-à-dire en l'année 626.

Cette conférence que l'empereur eut avec Cyrus en l'année 626 en suppose une autre entre Héraclius et Paul le sévérien, et qui est, à mon avis, le troisième fait historique du monothélisme. Trois auteurs byzantins contemporains, mêlés de très près à cette affaire, vont nous renseigner sur elle, mais, hélas, d'une façon liien incomplète. Ce sont, par ordre chronologique : 1" Cy- rus dans sa première lettre à Sergius de l'an 626"; Ser- gius dans sa réponse à Cyrus et dans sa lettré à Honorius, de

(l) MiGNE, P. G., t. CVIII, col. 653 et 057. On sait que Théophane est en retard dans sa Chronique de huit années sur notre ère. Un historien arménien, con- temporain d'Héraclius, place le séjour de cet empereur en Lazie à la même époque. Voir G. Gwsepian, Die Entstehungsgeschichle des Monothcletismus, Leipzig, 1897, in-8% p. 44 et 45.

S-OPHRONE LE SOPHISTE ET SOPIIROXE LE PATRL\RCHE. 45

Tan 634; saint Maxime de Clirysopolis clans sa discussion avec Pyrrhus, en Fan 64.").

La lettre de Cyrus que nous avons rapportée ne parle pas de conférence proprement dite, mais elle la suppose, puis- qu'elle mentionne un décret d'Héraclius, motivé par Tin- succès de cette conférence et adressé à l'archevêque de Chypre, Arcadius, contre Paul, le chef des Acéphales, puisqu'elle men- tionne aussi une lettre de Sergius, qui renfermait ce décret de l'empereur, l'approuvait et en expliquait le contenu.

La réponse de Sergius à cette lettre de Cyrus (1) ne fait que confirmer ce que contient déjà cette lettre, mais il n'en va pas de même de la lettre de ce patriarche au pape Honorius. Dans cette missive, Sergius s'exprime, sinon plus clairement, du moins plus longuement sur cette mystérieuse entrevue : « Il y a déjà un certain temps, dit-il au pape, lorsque notre illustre basileus se préparait à marcher contre les Perses et qu'il se trouvait dans les contrées de l'Arménie, un des chefs de l'hé- résie sévérienne, nommé Paul, se rendit auprès de l'empereur et lui tint un discours pour exposer l'apologie de son erreur. Héraclius, qui possède, entre autres dons de Dieu, celui de con- naître à fond les dogmes divins, démontra à Paul l'impiété de ses paroles et s'opposa, en véritable champion de l'Église, aux arguties de cette fausse dogmatique. Il parla, entre autres choses, d'une seule énergie du Christ, notre Dieu véri- table (2) ...»

Pour peu que l'on sache lire à travers les lignes de la phra- séologie byzantine, on ne tarde pas à reconstituer les dessous de cette ténébreuse affaire, dont la lettre de Sergius ne donne intentionnellement au pape qu'une esquisse incompréhensible. Ce ne fut pas, en effet, de son propre mouvement que Paul, le chef des Acéphales de Chypre, se présenta en Arménie devant le basileus pour y faire l'apologie de ses doctrines religieuses; il y fut appelé par l'empereur lui-même, qui tenait à sonder ses intentions et celles de ses partisans. Déjà, par l'interven- tion de son patriarche, Héraclius s'était acquis la fidélité poli- tique et religieuse des monophysites d'Egypte et du Sinai, en

(1) xMansi, t. XI, col. 5-25.

(i) Epistokt Sergilad Huno)-ium, Mansi, t. XI, col. 530.

46 RE\'UE DE l'orient CHRÉTIEN.

nouant des relations secrètes avec Théodore de Pharan et Georges Arsas; il espérait que son entrevue avec Paul lui gagnerait le cœur des monophysites de Chypre. Cette conquête achevée, il pourrait agir avec plus d'autorité sur FÉglise monophysite d'Arménie, qui devait bientôt donner le baiser de paix à sa sœur de Byzance; il pourrait surtout entamer des négociations avec les Jacobites de Syrie, en conservant à leur chef Athanase la possession tranquille du patriarcat d'Antioche qu'il avait usurpé, comme prix de sa soumission ou de son silence.

Comme on le voit, la conception du plan ne laissait rien à désirer, et l'on ne saurait qu'applaudir au mobile élevé qui l'avait inspiré, si l'union des Églises qui était poursuivie n'a- vait dû s'accomplir au détriment de la foi et des principes mêmes du christianisme. Ce n'était, en effet, ni plus ni moins que le sacrifice du mystère de l'Incarnation tout entier, que Sergius exigeait des catholiques, avec sa formule équivoque d'une énergie et d'une volonté après l'union des deux natures. Aussi, les monophysites intelligents ne firent-ils aucune diffi- culté d'y souscrire, puisqu'elle consacrait en fait leur doctrine et mettait tous les avantages de leur côté. Pourtant, soit qu'il ne comprît pas tout le prix de la concession qu'on lui faisait, soit qu'il ne voulût rien abandonner de son système théolo- gique, Paul se refusa à entrer dans cette combinaison et re- tourna à l'île de Chypre. Les négociations étaient rompues avec lui et fempereur, furieux de cet échec, lança contre le récalcitrant un décret qu'il adressa à l'archevêque de Chypre, Arcadius. De son côté, Sergius, qui avait tenu entre ses doigts tous les fils de cette intrigue, y alla d'une violente diatribe contre Paul, dans laquelle il exposait le décret du basileus et en donnait un commentaire théologique approprié.

La colère du patriarche de Constantinople se comprend d'au- tant mieux qu'il avait pris à cette entrevue une part beaucoup plus grande qu'il n'a bien voulu l'avouer au pape dans sa lettre. II semble bien, en effet, que Sergius fût lui-même présent à la conférence et qu'il en ait dirigé les débats. C'est, du moins, ainsi que la plupart des historiens interprètent la phrase ac- cusatrice de saint Maxime : « se trouvait Sophrone, lorsque Sergius, à Théodosioupolis, adressa le même écrit de Menas

SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPHRONE LE PATRL\RCIIE. 47

avec la réponse favorable de Théodore de Pharan à Paul le Borgne, le chef des Sévériens (I) », et Ton ne voit pas vraiment le sens plus naturel qu'on pourrait lui attribuer. Le patriarche de Constantinople se trouvait donc en Arménie dans le cortège impérial, pour mener à bonne fm les négociations religieuses qu'Héraclius avait entreprises. Dès lors, on conçoit qu'il ait assisté aux conférences avec Paul le sévérien et qu'il ait soufflé à Tempereur la solution d'une seule énergie. Si, dans sa lettre au pape, il garde un silence discret sur cette participation personnelle, en affirmant que le basileus, par les seules res- sources de son esprit théologique, est arrivé à découvrir cette formule, c'est que la prudence et la courtoisie, pour ne pas dire la courtisanerie, lui faisaient un devoir de parler de la sorte.

La date de cette entrevue ne saurait être que l'année 622; car, si le chroniqueur Théophane signale deux séjours consécu- tifs d'Héraclius en Arménie, durant les années 022 et 623, l'his- torien arménien Sebeos déclare formellement qu'il ne vint à Théodosioupolis ou Karin que la première fois, le 1 avril 622, pour les fêtes de Pâques (2).

(1) MiGNE, P. G., t. XCI, coL 332. Héfélé a prouvé, Histoire des Conciles, tra- duct. franc., t. IV, p. 12-15, que Paul le Borgne ne différait pas de Paul le sévé- rien de Cln-pre.

(2) G. OwsEPiAN, op. cit., p. io-ib. Sur la chronologie des guerres d'Héraclius contre les Perses, voir l'excellent article de Ernst Gerland, Die persischcn Feld- zilrje des Kaisers Heracleios dans la Byzantinische Zeilschriff, t. 111 (1894), p. 330-374. Pour des raisons qui ne m'ont pas semblé décisives, G. Owsepian, dans la brochure que j'ai déjà citée plusieurs fois, a proposé une chronologie différente des origines du monothélisme. La voici avec les remarques critiques qu'elle me parait devoir comporter :

" Le patriarche Sergius s'entend avec le paulianiste d'Egypte, Georges Ar- sas, en 616. » Ces relations ne peuvent avoir eu lieu qu'en l'année 619, car c'est en 619 et non en 616, comme l'écrit Owsepian, que l'Egypte fut conquise parles Perses. En outre, cette démarche de Sergius auprès d'Arsas est postérieure aux négociations du même patriarche avec Théodore de Pharan, comme l'écrit saint Maxime; elle ne saurait donc être placée en premier lieu.

« Sergius et l'empereur négocient à Théodosioupolis avec Paul le sévérien, de l'île de Chypre, en 622. Ces négociations échouent. L'empereur et le patriarche lancent, l'un un décret, l'autre une lettre, contre Paul. >-

« Conférence d'Héraclius avec Cyrus, évêque de Phasis on Lazie, en 626. Elle réussit. Cyrus entre en rapports suivis avec Sergius. »

« Sergius noue des rapports secrets avec Théodore de Pharan, après 626, pour l'amener au monothélisme. >• La date assignée à ce fait est contredite par saint iMaxime, Etienne de Dora, le concile de Latran en 649 et le VI" concile

48 revue.de l'orient chrétien.

Les recherches patientes que nous venons de faire à l'aide exclusive des documents contemporains ont révélé au lecteur l'existence de toute une série d'intrigues, menées par l'empe- reur et son patriarche, pour asseoir l'union de diverses Églises orientales sur la formule boiteuse du monothélisrae. Avant de poursuivre notre enquête, fixons-en les résultats principaux. Jusqu'en 626, quatre démarches, dont trois couronnées du plus brillant succès, marquent les étapes successives de la propa- gande tentée par la cour impériale.

P Avant 619, rapports de Sergius avec Théodore de Pharan, le chef des monophysites du Sinaï, par l'intermédiaire de Ser- gius d'Arsinoë, évêque monophysite d'Egypte.

2" En 619, rapports de Sergius avec Georges Arsas, chef des Paulianistes d'Egypte.

En 622, rapports de Sergius et de l'empereur avec Paul le Borgne, chef des Acéphales de Chypre, suivis d'un décret impé- rial et d'une lettre patriarcale, lancées contre l'hérétique récal- citrant.

4" En 626, rapports de l'empereur avec Cyrus, évêque catho- lique de Phasis en Lazie.

Après ces quatre négociations engagées avec les chefs des Éghses dissidentes soit par le patriarche soit par l'empereur, il convient d'en signaler une cinquième, que les historiens pas- sent ordinairement sous silence, et qui mérite pourtant toute notre attention. Dans la liste des provinces monophysites que nous venons de dresser, même en y ajoutant l'Arménie et la Syrie que nous citerons tout à l'heure, ne figure pas la Pales- tine. Cette lacune est frappante. Elle nous étonne à tel point,

œcuménique, qui l'ont tous de Théodore de Pharan, sinon le père du monotlié- lisme, du moins son premier adepte.

« Sergius envoie la réponse de Théodore de Pharan à Paul le sévérien, pour le gagner à sa doctrine. » Ce fait, raconté par saint JMaxime, ne me semble pas différent de celui qui est enregistré au n" 2, et c'est en grande partie pour ce motif que je place les relations de Sergius avec Théodore de Pharan tout à fait au début de la controverse monothélite. Car, si en 622 Sergius adres- sait à Paul le Borgne une réponse de Théodoi-e de Pharan, il avait s'entendre avec ce dernier bien avant cette date.

sopiiroxf: lr sophiste et sopiiroxe le PAruiAPtriiE. 19

inaintenant que nous connaissons le caractère retors de Sergius qui n'abandonnait aucun événement aux caprices du hasard, qu'à défaut de documents positifs nous serions tentés de la corn bler par des suppositions parfaitement justifiées. Mais pas n'est Ijesoin de recourir à cet ordre d'argument qui prête toujours le flanc à quelque critique, les documents existent et ils sont clairs. Voici la déclaration que fit en 649 Etienne de Dora, un témoin oculaire : « En Orient, la doctrine d'une volonté unique a gagné beaucoup de terrain. Sergius évèque de Joppé s'est, aprcs l'in- vasion des Perses, emparé du siège de .Jérusalem, au mépris des canons et avec le secours du pouvoir séculier; il a or- donné d'autres évèquesqui, pour avoir ses faveurs, ont accepté ces nouveautés. J'ai déjà envoyé à ce sujet un mémoire à l'an- cien pape Théodore qui, en retour, me nomma son représentant en Palestine, avec mission de déposer les évéques qui ne s'amen- deraient pas. Sur ma demande, quelques-uns ont promis d'ad- hérer à la foi orthodoxe. J'ai remis plusieurs de ces mémoires au pape Martin, qui a consenti à confirmer leur élection. Les Orientaux et moi, nous renouvelons donc la prière de Sophrone, pour que vous condamniez et extirpiez les erreurs d'Apolli- naire et de Sévère, qui ont été reprises par ces hommes, et pour que vous réjouissiez le monde entier par une déclaration de foi orthodoxe (1). »

La conclusion me semble s'imposer. Après l'occupation de la Palestine par les Perses à laquelle mirent fin les victoires d'Héraclius, G-28, celui-ci transporta solennellement en Pales- tine le bois de la vraie croix, 14 septembre 029, et, durant son séjour en Terre Sainte, il s'entendit avec plusieurs évéques pour les gagner à sa théorie d'une énergie et d'une volonté dans le Christ. Sergius de Joppé en fut le premier adhérent. Héraclius lui promit, en retour, la cliaire de Jérusalem que laisserait bientôt vacante la mort du vieux patriarche Zacharie. Mais les événements déjouèrent cette combinaison. Zacharie mourut et fut remplacé par Modeste, Modeste mourut et fut remplacé par Sophrone, sans que l'évêque de Joppé, désigné par le pouvoir civil, pût faire confirmer canoniquement son élection. Fort de l'appui que lui assurait le gouvernement grec et arabe, Ser-

ll) Mansi, t. X. col. '.100.

ORIENT CIIRÉTIKN. - 4

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gius n'en joua pas moins le rôle actif d'un vrai patriarclie. Il sacra évêques plusieurs ambitieux qui ne firent aucune dif- ficulté d'embrasser la nouvelle hérésie, et répandit partout le monothélisme.

Avant d'aller plus loin, prévenons une objection. Tout cela, dira-t-on peut-être, est contenu assurément dans le rapport d'Etienne de Dora, mais n'est arrivé que beaucoup plus tard, puisque celui-ci mentionne expressément le mémoire qu'il adressa à ce sujet au pape Théodore I' '' et que ce pape régna de 642 à 619. Sans doute, l'usurpation de Sergius produisit sur- tout ses fruits après la mort de Sophrone, lorsque l'intrus ob- tint des Arabes qu'aucun successeur catholique ne serait donné au patriarche défunt, mais l'expression d'Etienne de Dora : « après l'invasion des Perses, Sergius de Joppé s'empara du siège de Jérusalem », doit indiquer le point de départ, et ce point de départ se place naturellement à la libération de la Palestine et à l'arrivée d'Héraclius en ce pays, 629.

Cette interprétation, du reste, est confirmée par deux lettres du pape saint Martin, qui avait appris de la bouche même d'É- tienne de Dora la vraie situation du patriarcat de Jérusalem. En transmettant à Jean de Philadelphie les pouvoirs de vicaire pontifical en Orient, saint Martin lui faisait des recommanda- tions tout à fait spéciales. II ne devrait choisir, pour occuper les places ecclésiastiques, que des hommes vraiment dignes et il s'efforcerait de ramener dans le droit sentier, par des exhorta- tions constantes, ceux qui avaient été déposés par Etienne de Dora. Si ces exhortations étaient écoutées, et que ces personnes fussent de bonne réputation, il les réintégrerait dans leurs char- ges en leur faisant signer une profession de foi orthodoxe. Quant aux évêques qui, pendant la durée du patriarcat de Sophrone, avaient été institués à son insu, ils seraient déposés; au con- traire, ceux qui, avant l'avènement de Sophrone ou après sa mort, avaient été institués pour des motifs d'urgence, sans les prescriptions canoniques, devraient être confirmés (I). Dans sa lettre à un certain Pantaléon (2), le Pape revient encore avec plus d'instance sur la même question.

Qu'est-ce à dire, sinon qu'il y avait en Palestine trois catégo-

(1) Mansi. l. X, col. 81G et 817. (-2) Mansi, t. X, col. 824.

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ries d'évêques, dont Télection avait été irrégulière et qui étaient plus ou moins suspects d'hérésie : ceux qui avaient été nommés après la mort de Soplirone, ceux qui l'avaient été durant son pontificat, enfin ceux qui l'avaient été avant sa promotion au patriarcat. Suivant qu'on faisait partie de Tune ou de l'autre catégorie, le Pape prescrivait des mesures différentes. II ordon- nait d'abord qu'on déposât tous ceux qui avaient été élus durant le patriarcat de Soplirone, mais à son insu, parce qu'il y avait alors en Palestine une autorité régulière et qu'on aurait lui obéir. Il pardonnait, moyennant une profession de foi orthodoxe, à ceux qu'on avait nommés après la mort de Sophrone, à cause des difficultés des temps et parce qu'on ne pouvait laisser indé- finiment les Églises sans pasteur. Quant à ceux qu'on avait choisis avant la promotion de Sophrone au patriarcat, le Pape leur accordait pareillement le pardon, mais à condition qu'ils signeraient une profession de foi orthodoxe. Or, avant saint So- phrone, nous trouvons sur le siège de Jérusalem Modeste et Zacharie, qui furent élus et confirmés canoniquement. Leur si- tuation étant analogue à celle de Sophrone, il semble que le Pape n'aurait pas fixer de prescriptions différentes pour les élections des évèques faites contre leur volonté sans doute, si nous ne rencontrions, à un moment donné, un état de choses tout à fait anormal. Il ne faut pas oublier, en effet, qu'avant d'être patriarche, Modeste avait gouverné, en qualité de locum tenens,, l'Église de Jérusalem, pendant la longue captivité de saint Zacharie en Perse, 61 1-G28, et c'est évidemment durant cette période troublée, que se sont produites les élections irré- gulières d'évèques dont parle saint Martin. Or, pour celles-ci le Pape établit une distinction importante. Il confirme celles qui furent faites uniquement dans le but de subvenir aux besoins religieux du peuple, mais il rejette, à moins d'amende honorable, toutes celles qui furent entachées d'hérésie. Et dans cette dernière catégorie nous devons certainement reconnaître toutes les élections attribuées à Sergius de Joppé, qui avait probablement disputé à Modeste la charge de locum tenens, s'était fait approuver par le pouvoir séculier, c'est-à-dire par Héraclius, lors de son séjour en Palestine, en 629, et avait nommé des évèques monothélites à tous les sièges qui en man- quaient.

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Et nous avons de la sorte un nouvel exemple de la politique cauteleuse que Sergius avait imposée au basileus et qui, loin de créer Tunité religieuse clans son empire, ne fit que susciter de nouveaux troubles et livrer les chrétiens de l'Orient sans force à la fougue disciplinée des enfants du désert.

Lorsque nous aurons mentionné la réponse de Sergius à la lettre déjà citée de Cyrûs (1), réponse qui satisfaisait pleine- ment les demandes du correspondant, en le confirmant dans les idées monothélites que lui avait suggérées l'empereur, il ne nous restera plus qu'à parler des négociations engagées par Héraclius avec les Arméniens et les Jacobites de Syrie, pour avoir terminé la période dite d'incubation du monothélisme. Sur ces deux faits malheureusement, la lumière est loin d'être encore suffisante.

Ainsi, sur le concile de Karin ou Théodosioupolis, qui amena l'union de l'Église arménienne avec l'Église grecque, nous ne possédons que des renseignements fort confus. On peut assurer toutefois qu'Héraclius y assista, avec le patriarche grec, le pa- triarche arménien et plusieurs évêques des deux Églises, et que les principaux points de divergence entre les deux commu- nautés rivales y furent réglés au prix de concessions mutuel- les. Tandis que l'Église arménienne acceptait les décisions dog- matiques du concile de Chalcédoine, les Grecs durent conclure l'union sur la formule d'une énergie et d'une volonté, qui dé- truisait en fait toute l'œuvre de Chalcédoine. C'est à ces don- nées précises que se . bornent nos connaissances actuelles. Quant aux négociations qui précédèrent et suivirent le concile, on est encore trop mal renseigné pour espérer une conclusion définitive. La date même du concile est très discutée. Si Ga- lano (2), suivi par Héfélé (3), adopte l'année 022, et fait coïnci- der le synode de Karin avec les pourparlers d'Héraclius et de Paul le Borgne, Djamdjian (4) préfère l'année 627 ou G29. As-

(1) Cette réponse de Sergius est reproduite dans les Actes du YI" concile œcu- ménique, Mansi, t. XI, col. 526. Sergius lui-même y fait allusion dans sa lettre au pape Honorius, en G34, Mansi, t. XI, col. 530. D'après le Libellus synodicus, Mansi, t. X, col. 606, elle aurait été rédigée dans un synode tenu à Constanti- nople en 626 ou en 627.

(2) Conctliaiionis Eccleske armenœ cuin Romanapars prima hisiorici,îis. t. I, p. 185.

(3) Ilhlolre des conciles, trad. française, t. 111, p. 611; t. IV, p. 13 à 15.

(4) Histoire d'Arménie, t. II, p. 527 seq.

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sémani, qui a écrit toute une dissertation sur ce concile ^li, descend jusqu'à Tannée 632. Enfin, G. Owsepian, qui a essayé récemment de fixer la chronologie du monothélisme (2) le place en 633.

L'histoire de l'entente conclue à Hiérapolis de Syrie entre l'empereur et Athanase, le chef des Jacobites syriens, est encore bien moins éclaircie que celle du concile de Karin. Au dire du chroniqueur Théophane (3), Héraclius promit de reconnaître Athanase comme vrai patriarche d'Antioche, si celui-ci accep- tait en retour les décisions du concile de Chalcédoine. Le Jaco- bite promit tout ce qu'on voulut, confessa deux natures dans le Christ, mais, à son tour, questionna l'empereur pour savoir s'il devait reconnaître une ou deux énergies, une ou deux volontés. Héraclius, surpris d'une pareille question, s'en informa par lettre auprès de Sergius, tandis qu'il mandait à Hiérapolis Cyrus de Phasis pour l'interroger de vive voix. Aussi bien l'évêque de Phasis que le patriarche de Constantinople se pro- noncèrent pour la dualité de nature et l'unité d'énergie et de Volonté; après quoi, l'empereur écrivit à ce sujet au pape Jean, qui condamna formellement cette hérésie.

Tel est le récit du chroniqueur Théophane, qu'ont reproduit presque mot pour mot Cedrenus (4) etZonaras(5). Le biographe anonyme de saint Maxime (6), leLibellus synodicus (7), Michel le Syrien et Bar-Hébra3us (8) racontent le même fait, mais avec quelques divergences.

n est évident que ce récit de Théophane et des autres chro- niqueurs, contient beaucoup d'inexactitudes et d'anachro- nismes Héfélé les a relevés par le menu (9), et, après l'exposé historique que nous avons donné du monothélisme, tous les lecteurs seront à même de les apercevoir. Malgré tout, la réa-

(1) Bibliotheca juris oricnlaUs,i. IV, p. 12; t. V, p. 207 seq.

(2) Op. cit., p. 49 à 56.

(3) MiGNE, P. G., t. CVIII, col. 677 seq.

(4) P. G., t. CXXI, col. 805.

(5) P. G., t. CXXXIV,col. 1283. Voir du même auteur la IVe de saint Sophroue éditée par JI. Papadopoulos-Kerameus : 'Avâ).cXTa l£pocro)'U[JHTixïi; TTa/uoyoyta;, t. V, p. 145-147.

(6) P. G., t. XC4, col. 76.

(7) M A. NSI, t. X, col. 606.

(8) Voir les textes dans G. Owsepian, op. cit., p. 26. (•••) Histoire des Conciles, t. IV, p. 17.

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lité de l'entrevue ne paraît pas discutable; elle nous est certi- fiée par trop de témoins, pour que nous puissions encore la ré- voquer en doute. Du reste, le patriarche jacobite Athanase nous est parfaitement connu. Un de ses contemporains, le moine Antiochus de Saint-Sabbas, nous le dépeint comme ayant usurpe, vers Tan 620, le trône patriarcal d'Antioche (1); plus tard, le patriarche Sophrone l'analhématise dans sa lettre syno- dique (-2), et nous possédons encore une de ses lettres (3), en faveur du monophysisme, adressée au patriarche arménien Christophore, 628-630. Si l'entrevue est certaine, sa date est impossible à établir, les historiens flottant de l'année 629 à l'an- née 631.

Jusqu'ici, la doctrine nouvelle du monothélisme avait triom- phé partout en Orient, soit auprès des monophysites, soit au- près des catholiques, sans rencontrer la moindre opposition, si ce n'est celle, peu dangereuse d'ailleurs, de Paul le Borgne, chef des Acéphales de Chypre. L'Eglise arménienne avait pro- clamé son union avec l'Église bj'zantine, ou était sur le point de le faire; Athanase le jacobite se voyait protégé sur le siège d'Antioche par le pouvoir impérial et s'efforçait de ne pas trop déplaire aux catholiques; Cyrus, l'ancien évèque de Pha- sis, occupait le trône patriarcal d'Alexandrie, et gagnait à lui les diverses sectes monophysites; l'archevêque de Chypre, Arca- dius, était tout dévoué aux intérêts religieux de l'empereur; à Jérusalem enfin la seule Église qui jusqu'alors se fût mon- trée rebelle à tout accommodement avec les Eutychiens l'au- torité des patriarches Zacharie et Modeste était battue en brèche par l'évêque de Juppé, Sergius, ardent monothélite, pa- tronné en haut lieu et qui prenait toutes les allures d'un vrai patriarche.

La propagande s'exerçait donc incessante, agissant de pré- férence dans le secret, afin de ne pas trop éveiller les justes suspicions des évêques ou des moines instruits, qui pourraient

(1) p. G. A- LXXXIX, col. 1814.

(2) P. G., t. LXXXVII, Pars tertia, col. 3193.

(3) Voir un extrait dans G. Owsepian, op. cil., p. 27.

SOPHRONE LE SOIMIISTE ET SOPIIRONE LE PxVTRIARClIE, .)J

■voir avec déplaisir le sacrifice du concile de Chalcédoiiie. Il en fut ainsi jusqu'en 633, lorsque, par un brusque coup de théâtre auquel notre héros Sophrone ne demeura pas étranger, la po- litique religieuse de l'empereur et de Sergius fut dénoncée au monde catholique comme entachée d'hérésie ; la résistance s'organisa, la lutte s'engagea, consumant toutes les forces vi- ves de l'empire durant un demi-siècle, et le laissant épuisé, di- visé, sans énergie aucune, en face des invasions des Arabes.

Voici le fait qui donna lieu à cette redoutable polémique. Cyrus je viens de le dire avait été nommé patriarche d'Alexandrie, vers 630 ou 631, à la seule fin d'opérer funion avec l'Église b^^zantine des diverses fractions monophysites d'Egypte. Cette union devait se conclure au moyen de la for- mule ambiguë : deux natures, une énergie et une volonté dans le Christ, ainsi que cela avait été concerté entre lui et l'empereur, dans la fameuse conférence de 626. A peine ins- tallé sur la chaire de saint Marc, le nouveau titulaire se mit à l'œuvre et, dès le mois de juin 633, il informait son protec- teur Sergius, de Tlieureuse issue de ses négociations. « J'ai le plaisir de vous annoncer, lui disait-il en substance, que tous les clercs du parti des Théodosiens de cette ville, conjointe- ment avec tous les personnages de marque, soit civils, soit militaires, et plusieurs milliers de personnes du peuple, se sont unis à nous, le 3 juin, dans la sainte Église catholique, et ont pris part aux saints mystères célébrés dans toute leur pureté. Ce qui les a décidés à agir ainsi, c'est d'abord la grâce de Dieu, et puis la doctrine que ks empereurs et Votre Sainteté éclairée de Dieu m'ont communiquée. Cet événement a rempli de joie, non seulement Alexandrie, mais tout le pays d'alentour et les cieux eux-mêmes, et dans les cieux les es- prits célestes. J'ai envoyé à l'empereur le diacre Jean, pour lui rapporter en détail comment s'est opérée cette union. En termi- nant, je demande à Votre sainte Magnificence de vouloir bien réprimander votre très humble serviteur, s'il a commis quelque faute en cette affaire, qui est véritablement votre ouvrage (1). »

Le document d'union joint à cette lettre (2) comprenait neuf articles ou chapitres, qui condamnaient le nestorianisme, re-

(1) Mansi, t. XI, col. 561.

(2) Mansi, t. XI, col. 564 scq.

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mettaient en honneur les expressions clières aux monophy- sites, mais avec des explications qui en détruisaient parfois tout le sens. Peu importait, du reste, car les Théodosiens ne s'étaient pas laissé prendre à ce piège, et criaient à tout venant : « Ce n'est pas nous qui sommes allés vers le concile de Chalcé- doine, c'est le concile de Chalcécloine qui est venu à nous (1). »

La nouvelle de ce rapprochement causa la joie la plus vive à l'empereur et à Sergius, et nous avons encore la réponse que Sergius fit à Cyrus, pour lui exprimer tous ses remerciements d'avoir mené à bonne fin une entreprise aussi considérable (2).

L'année suivante, le même Sergius s'adressait encore à ce sujet au pape Honorius en termes qui touchent presque au dithyrambe : « Il y a quelque temps, lui disait-il, Cyrus, l'ar- chevêque d'Alexandrie, soutenu par la grâce de Dieu et en- couragé par l'empereur, a engagé les partisans d'Eutychès, de Dioscore, de Sévère et de Julien, qui habitaient cette grande ville, à se réunir à l'Église catholique. Après beaucoup de dis- cussions et d'efforts, Cyrus, qui a fait preuve dans toute cette affaire d'une grande prudence, parvint à réaliser cette union, et les deux partis s'entendirent pour rédiger des articles dogma- tiques; après quoi, tous ceux qui reconnaissent leurs maîtres dans Dioscore et dans Sévère se réunirent à la sainte Église catholique. Tout Alexandrie, toute l'Egypte presque, la Thé- baïde, la Libye et les autres éparchies du diocèse d'Egypte, ne forment maintenant qu'un seul troupeau, et la foule, aupara- vant divisée par les hérésies, n'a plus aujourd'hui, par la grâce de Dieu et par suite du zèle dont Cyrus a fait preuve, qu'une seule voix et professe, dans l'unité de l'esprit, les véritables dogmes de l'Église ^3). »

Cependant, il y avait alors dans la ville d'Alexandrie un moine de Palestine, nommé Sophrone, qui ne partagea pas l'al- légresse commune. Loin de se réjouir de cette réunion des Églises, il s'en aftligea ostensiblement, il tenta même toutes les démarches possibles pour l'empêcher ou la reculer. C'est ce qu'avoue Sergius dans sa lettre au pape, avec l'intention bien évidente de compromettre ce fâcheux Or, précisément,

(1) Théopiiane, p. g., t. CVIII. col. 680.

(2) Mansi, t. XI, col. 971-976. to) Ma.nsi, t. XI, col. 529.

SUl'HROXE LK SOPIlISTr: ET SOPIIRONE LE l'ATRIARCUE. 0/

dit-il à Honorius, se trouvait alors à Alexandrie, près de Cyrus, le très saint moine Sophrone, qui, ainsi que nous l'avons appris par ouï-dire, est maintenant évêque de Jérusalem nous n'avons pas encore reçu sa lettre synodale. Ce moine entre- tint Cyrus de l'union et désapprouva l'article d'une seule éner- gie, soutenant que l'on devait enseigner deux énergies dans le Christ. Cyrus lui montra des passages des saints Pères, dans lesquels il était question d'une seule énergie, et il ajouta que les saints Pères avaient souvent, pour gagner un grand nombre d'âmes, usé d'une pieuse condescendance à l'endroit de cer- taines expressions, sans cependant blesser l'orthodoxie, et que maintenant qu'il s'agissait du salut de tant de milliers d'àmes, il ne fallait pas épiloguer sur cet article qui n'était pas en désaccord avec l'orthodoxie. Mais Sophrone ne voulut pas entendre parler de cette condescendance et, à la suite de l'inci- dent, il vint nous trouver avec des lettres de Cyrus, conféra avec nous sur cette affaire, et demanda qu'après l'union on rayât la proposition d'une seule énergie.

« Cette demande nous parut trop onéreuse. Comment ne l'aurait-elle pas été, puisqu'en y accédant on aurait ruiné l'œuvre de l'union à Alexandrie et dans toutes les éparchies, qui ne voulaient entendre parler auparavant ni du très saint père Léon, ni du concile de Chalcédoine, et qui proclament maintenant à haute voix dans les saints mystères les noms de ce pape et de ce concile! Après que nous eûmes longtemps dé- libéré sur ce point avec Sophrone, nous lui demandâmes de nous montrer des passages des Pères établissant clairement, et en toutes lettres, qu'il fallait reconnaître deux énergies dans le Christ. Il ne put le faire. Quant à nous, soupçonnant que des discussions et ensuite des hérésies pourraient se produire, nous avons jugé à propos d'éteindre cette discussion de mots et, dans cette intention, nous avons écrit au patriarche d'A- lexandrie de ne permettre à personne, l'union une fois faite, de parler d'une ou de deux énergies. »

Après avoir établi sa doctrine du juste milieu, tout en mon- trant que ses sentiments intimes penchaient du coté du mo- nothélismc, Sergius poursuit ainsi : « Nous décidâmes ensuite d'une manière irrévocable qu'à l'avenir Sophrone ne parlerait ni d'une ni de deux énergies, mais qu'il se contenterait de la

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doctrine des Pères. Le saint homme y consentit, promit de tenir son engagement et me demanda de lui remettre par écrit cette explication, afin qu'il pût la montrer à ceux qui l'interrogeraient sur le point en litige. Nous la lui donnâmes volontiers et il quitta Constantinople par mer (1). »

De son côté, saint Maxime donne sur le séjour de Sophrone en Egypte et sur sa protestation contre l'union avec les Théo- dosiens des renseignements qui confirment et complètent ceux de Sergius. « Le bienheureux Sophrone, dit-il dans une lettre à Pierre l'Illustre (2), demeurait en Afrique avec moi et tous les religieux errants, ainsi que vous pouvez en témoigner, alors que les monothélites machinaient toutes leurs perver- sités. » Et plus loin (3) : « Le divin Sophrone se rendit à Alexandrie et le patriarche Cyrus lui présenta l'édit d'union qui contenait les neuf articles. Dès la première lecture, So- phrone poussa des cris lamentables, versa des torrents de larmes, se précipita sur le pavé aux genoux du patriarche et le supplia en pleurant de ne pas lire du haut de Tambon un décret qui renouvelait l'hérésie d'Apollinaire. » L'intervention de Sophrone n'ayant pu retarder la fameuse réunion des Théo- dosiens, il se rendit à Constantinople auprès de Sergius qu'il ne soupçonnait pas être du complot et tenta une nouvelle dé- marche qui, ainsi que Ta raconté Sergius lui-même, demeura pareillement sans résultat. Sur ce fait-là également, saint Maxime fournit sa note personnelle, qui diffère légèrement de la version donnée par le patriarche : « Et que fit Sophrone, lorsque Sergius eut manifesté de mille manières sa maladie et qu'il en eut infesté toute l'Église? Ne lui rappela-t-il pas, avec la modestie qui convenait à son habit religieux, en tombant à ses genoux, les souffrances vivifiantes du Christ, plus élo- quentes que toutes les prières"? Ne le supplia-t-il pas d'aban- donner cette formule hérétique, condamnée déjà par les Pères, et de ne plus être un fauteur de scandale (4)? )>

(1) Mansi, t. XI, col. 53-2.

(2) P. G., t. XCI, col. 14-2.

(3) P. G., t. XCI, col. 143. Saint Maxime fait également allusion à cette réunion des Théodosiens dans sa conférence avec Théodore, évèque monothélite de Cé- sarée en Bithynie, Mansi, t. XI, col. 47.

(4) Dispulaiio s. Maxhnl cuin Pyrrho, Mig.ne, P. G.; t. XCI, col. 333.

SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPHRONE LE PATRIARCHE. 59

Ces paroles de saint Maxime ne peuvent que se rapporter au voyage de Sophrone à Constantinople, après la réunion des Théodosiens à Alexandrie, 3 juin 033. En efl'et, elles parlent de « la modestie qui convenait à Thabit religieux » de Sophrone et nous savons par Sergius lui-même que celui-ci fut élu pa- triarche de Jérusalem, immédiatement après son retour de Constantinople. Dès lors, elles nous prouvent que Sophrone ne fut pas dupe des avances patelines du patriarche byzantin et que, sous ses protestations hypocrites en faveur du silence et de la paix, il devina le complice, sinon Tinspirateur de Cyrus.

D'après tout ce qui précède, nous pouvons résumer en quel- ques mots les événements qui se déroulèrent au cours de l'année 633 et dans les premiers mois de l'année 63 1. Le 3 juin 633, Cyrus, patriarche d'Alexandrie, admit à la communion ecclésiastique la secte des Théodosiens, fraction importante du parti monophysite. Sophrone, présent à l'entrevue, protesta hautement contre le décret d'union, qui sacrifiait les deux énergies et les deux volontés en Notre-Seigneur. N'ayant rien obtenu, il se rendit à Constantinople auprès de Sergius, lui remit des lettres de Cyrus et se plaignit en même temps de ce qui venait de se passer à Alexandrie. Sergius le tran- quillisa sur l'orthodoxie des sentiments de son confrère et le pria de ne parler à l'avenir ni d'une énergie ni de deux, s'engageant, en retour, à écrire à Cyrus dans le même sens. Après quoi, il fit part au pape Honorius de ces divers incidents, mais de manière à l'induire en erreur et à l'attirer de son côté. Sur ces entrefaites, le moine Sophrone était nommé patriarche de Jérusalem, en remplacement de Modeste.

Sansattendre d'autres informations, le pape Honorius répondit à Sergius de la manière la plus favorable. 11 donna tête baissée dans le piège que celui-ci lui avait tendu, approuva et en- couragea sa conduite, jetant assez lestement par-dessus bord « un certain moine Sophrone », qui menaçait de compro- mettre la paix de l'Église. \'oici quelques extraits de sa trop célèbre lettre au patriarche de Constantinople : « Mon frère,

60 RKVUE DE l'oRIExNT CHRÉTIEN.

j'ai reçu votre lettre et j'y ai vu qu'un certain Soplirone, aupara- vant moine, et maintenant évêque de Jérusalem, d'après ce que vous avez entendu dire, vient de soulever de nouveaux troubles et de nouvelles questions de mots. Il les a soulevés contre notre frère Cyrus, évêque d'Alexandrie, qui avait prêché aux nouveaux convertis que Notre-Seigneur n'avait qu'une seule énergie. Ensuite, Sophrone vous a fait visite; il a émis la même opinion et, après de longues conféren- ces, vous a demandé de lui remettre par écrit ce que vous lui aviez dit. J'ai reçu une copie de votre lettre à Soplirone et, après l'avoir lue avec soin, je félicite Votre Fraternité de la pru- dence dont elle a fait preuve, en écartant cette nouvelle ex- pression qui scandalisait les simples. Car nous devons nous conduire selon ce que nous avons appris'... Si quelques-uns, poussés pour ainsi dire par une manie d'argumenter, prétendent donner des éclaircissements plus complets sur cette question et s'érigent eux-mêmes en docteurs, on ne doit pas prendre leurs opinions pour des dogmes de l'Église, pour exemple, s'ils sou- tiennent qu'il y a dans le Clirist une ou deux énergies; car ni- les Évangiles, ni les lettres des Apôtres, ni les Conciles n'ont parlé sur ce sujet... Quant à nous, nous voulons écrire et rai- sonner d'après les termes de la sainte Écriture et nous voulons écarter toute nouveauté de termes qui pourrait scandaliser dans l'Église de Dieu, de peur que les simples, qui nous entendraient parler de deux énergies et qui ne comprendraient pas ce mot, ne nous prennent pour des Nestoriens, et que, d'un autre côté, quelques esprits simples ne nous regardent comme des Euty- chiens, si nous professons explicitement qu'il n'y a qu'une seule énergie... Il vaut infiniment mieux que des philoso- phes sans doctrine, oisifs et s'inspirant du paganisme, conti- nuent à criailler orgueilleusement après nous, avec leurs dis- sertations sur les natures, que de laisser sans m'en occuper le peuple du Christ, simple et pauvre d'esprit. Les. disciples du pécheur ne se laissent pas tromper par la philosophie... C'est là, mon frère, ce que vous aurez à prêcher, conjointement avec moi, de même que moi conjointement avec vous. Nous vous exhortons à éviter ces nouvelles manières de parler sur une ou deux énergies et à annoncer avec nous le seul Sei- gneur Jésus-Christ, lils du Dieu vivant, vrai Dieu lui-même

SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPIIRONE LE PATRL\RCHE. 61

et opérant dans ses deux natures le divin et l'humain (1). » Pendant que le Pape désavouait si hautement Sophrone et concluait avec Sergius une alliance offensive et défensive contre lui, ce dernier lançait à Tunivers catholique sa lettre syno- dale (2), véritable dissertation théologique, qui approfondit les dogmes de la Trinité et de rincarnation et fournit tous les développements désirables sur la doctrine des deux énergies dans le Christ. Par un trait de génie, qui révèle en même temps une grande délicatesse d'âme, cette lettre ne contenait pas la plus petite allusion aux événements qui venaient d'éclater à. Alexandrie et à-Constantinople et dont Sophrone avait été le témoin. Cette lettre synodale était destinée par sa nature même à tous les patriarches catholiques de la chrétienté, puisqu'il était d'usage qu'un patriarche, à son entrée en charge, fît con- naître sa foi à ses collègues. De fait, Théophane (3) et l'auteur anonyme de la Vifa s. Maximi (4) nous apprennent qu'elle leur fut adressée. Une copie de l'exemplaire envoyé à Sergius fut présentée et lue en 681, au VP concile œcuménique (5), tandis que Photius, au ix" siècle, avait sous les yeux une copie de l'exemplaire adressé au pape llonorius (6).

Nous ignorons quel fut le résultat de la publication de cette lettre; nous savons seulement, d'après Georges, représentant de l'Église de Jérusalem au concile de 681, que le patriarche Sergius n'aurait pas daigné la recevoir (7). Le pape, lui, se montra plus conciliant. Comme nous l'apprenons par une se- conde lettre de lui à Sergius (8), il négocia avec les ambassa- deurs que Sophrone lui avait envoyés et les pria de déterminer leur patriarche à ne plus employer l'expression de deux éner- gies. Les ambassadeurs le promirent, à condition que Cyrus n'emploierait plus celle à'une énergie. Sur cette promesse, on se sépara et le pape écrivit dans ce sens des lettres particu- lières à Sophrone, à Cyrus et à Sergius.

(1) Mansi, t. X, coL 527 seq.

(2) MiGNE, P. G., t. LXXXVII, pars tortia, coL 31 18 à 32(JO.

(3) MiGNE, P. G., t. CVIII, coL 080.

(4) CoMBEFis, Opéras. Maximi confessoris, t. I, p. 9.

(5) IMansi, t. XT, coL 461 et 456.

(6) Bibliollieca Pholii, Migne. P. G., t. CllI, col. 1089.

(7) Mansi, t. XI, col. 456.

(8) Mansi, t. XI.-coL 580 seq.

62 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

En somme, la question n'avait pas fait un pas de plus. Bien que, dans ses lettres, Honorius ait surveillé davantage ses ex- pressions, il s'en est tenu en pratique à la ligne de conduite que lui avait tracée le patriarche de Constantinople : défendre à Sophrone l'expression de deux énergies et à Cyrus celle A^ine énergie.

Qui manqua le premier à cet engagement solennel? Le Pape, Sophrone ou Sergius? Nous l'ignorons. Il est probable, toute- fois, qu'en recevant la lettre synodale de Sophrone, Sergius se crut dégagé de sa parole et qu'il prépara dans l'ombre une réponse à l'acte du patriarche de Jérusalem. Cette réponse ne fut autre que la rédaction de VEcthèse ou Exposition de foi. Les théologiens de Byzance, blessés par ce qu'ils appelaient le défi de Sophrone, la regardèrent comme une revanche écla- tante, ainsi que le déclarait en 645 à saint Maxime l'ex- patriarche Pyrrhus, le successeur déposé de Sergius : « C'est la malencontreuse lettre de Sophrone qui nous a forcés à agir de cette manière publier l'Ecthèse), contre notre vo- lonté (1). »

Or, si la raison donnée par Pyrrhus est exacte, ce fut plutôt l'amour-propre blessé de Sergius que le manque de foi de Sophrone, qui poussa le patriarche de Constantinople à faire interdire par l'empereur toute discussion à ce sujet. En effet, depuis au moins vingt ans Sergius s'employait secrètement en Egypte, en Palestine, en Arménie, en Syrie, à Rome même, à créer un vaste courant d'opinion en faveur de la doctrine monothélite. Dès qu'il eut reçu la lettre synodale de Sophrone, il craignit que cet acte ne rendît la discussion publique, de secrète qu'elle était jusqu'alors, et, en démasquant ses in- trigues, ne fît retomber sur lui tout le poids des responsabilités. Pour éloigner ce péril, qui aurait pu devenir chaque jour plus pressant, Sergius rédigea VEcthèse, qui passait condam- nation sur sa propre doctrine en repoussant l'expression d'une seule énergie, mais qui la reprenait en sous- main en recon-

(l) Mansi, t. X, col. 711.

SOPIIRONE LE SOPHISTE ET SOPHRÛXE LE PATRLVRCIIE. 63

.naissant une seule volonté en Notre-Seigneur, conclusion né- cessaire de sa première opinion. C'est bien, en effet, Sergius qui composa lui-même TEcthèse et, s'il la publia sous le nom d'Héraclius, on doit y voir une nouvelle marque de son hypo- crisie, dont il avait déjà donné tant de preuves en toute cette affaire. Le pape saint Martin I" le déclarait en 649, en plein concile de Latran, en affirmant que l'Ecthèse était « l'œuvre unique de Sergius (1) ». Bien plus, nous avons l'aveu explicite de l'empereur lui-même. En 611, Héraclius écrivait au pape Jean IV dans une lettre dont saint iMaxime nous a conservé un fragment (2) : « L'Ecthèse n'est pas de moi et je n'ai pas com- mandé qu'on la fît; c'est le patriarche Sergius qui l'a faite, il y a cinq ans, et qui me pria de la publier après y avoir apposé ma signature, lorsque je revins de l'Orient. » Du reste, à défaut de ces déclarations formelles, il suffirait d'une simple lecture pour saisir les liens étroits de parenté qui existent entre l'Ecthèse et la lettre de Sergius à Honorius, et découvrir encore la main cachée du patriarche byzantin.

Composée en 636, l'Ecthèse ne parut qu'en 638, lorsque la cour impériale jugea le moment favorable à sa publication. C'est le pape saint Martin P'", en 649, qui fournit cette dernière date, en fixant son apparition à la XIP indiction du dernier cycle (3). Or, la XIP indiction va du T'' septembre 638 au 31 août 639. Comme Sergius est mort (4) le 9 ou le 13 dé- cembre 638, il s'ensuit quel'Ecthèse parutentre le P'septembre et le 13 décembre 038. On pourrait même préciser davantage. Dans la réponse enthousiaste qu'il adressa immédiatement après la réception de l'Ecthèse à son ami Sergius (5), Cyrus

(1) Mansi, t. X. col. 873.

CD Mansi, t. XI, col. 9.

(3) Mansi, t. X. col. 873.

( l) Saint Xicépliore le fait mourir dans sa Chronique à la XII"" indiction. I"'- sept. G38-ol août 639; C. de Bock, Nlcephori arc/dcpiscopi consktnlinopoUlani Opuscula hisiorica, Leipzig 1880, p. 20. L'empereur Constantin Porphj-rogénète. JJc cerimoniis, lib. II, cap. xxx. P. G., t. CXII, col. 1169, le fait mourir le L3 dé- cembre de la Xir indiction, un dimanche, ce qui correspond au 13 décembre 638 qui tomba effectivement un dimanche. Les catalogues patriarcaux, cités par M. W. Brooks, On the lists of the palriarchs of Cons tant ino pie from 638 to 17^, dans la Byzantinische ZeUschrift, t. VI (1897), p. 32-51, le feraient plutôt mourir le 9 décembre 638. En tout cas , Pyrrluis fut (du à sa place le 20 décembre 638, Brooks, op. cit. . p. 53.

(5) Mansi, t. X, col. 1001 seq.

G'4 REVIE DE l'oRIEXT CHRÉTIEN.

d'Alexandrie parle en terme exprès du pape Sévèrin, qui avait succédé à Honorius. Celui-ci étant mort le 12 octobre 638 (1), c'est au plus tôt au mois d'octobre 638 que fut lancé cet Édit religieux.

Bien entendu, l'accueil fait à l'Ecthèse fut aussi chaleureux de la part de Sergius que de la part de Cyrus. Le premier réunit aussitôt ù Cônstantinople un synode qui approuva la doctrine de l'Ecthèse, ordonna que ce document fût reçu par tous et défendit l'emploi des expressions « une énergie ou deux énergies », sous peine d'être déposé, si on était évêque ou clerc, et privé de la communion, si on était laïque (2). Quant à Cyrus, il fit lire publiquement l'Édit et en remercia l'Em- pereur et Sergius avec tant d'enthousiasme qu'il en oublia presque l'invasion des Sarrasins qui menaçaient Alexandrie (3). A Rome, l'entourage du pape Séverin se montra très réservé et, quand celui-ci fut mort deux ou trois mois après, on se prononça ouvertement contre les nouveautés d'une pareille doctrine.

La conduite de Sophrone après la publication de sa lettre synodale, 634, n'est pas encore complètement tirée de l'obscu- rité. Sergius l'avait défié, lors de son passage à Cônstantinople, de produire un seul témoignage des Pères en fa\ eur des deux énergies et des deux volontés. L'illustre théologien, nous ap- prend son vaillant ami Etienne de Dora(l), en réunit plus de six cents qu'il distribua en deux livres et fit circuler dans toute la chrétienté. Puis, comme l'hérésie se glissait partout et que Sergius de Joppé, avec son cortège de faux évoques, luttait sans trêve pour le monothélisine, il résolut d'envoyer à Rome son premier suffragant instruire le pape de vive voix et par écrit du danger qui menaçait la foi en Orient. Dans ce but, il appela son ami Etienne, évoque de Dora, et, l'ayant conduit sur le Calvaire, il se servit de l'impression que cet auguste sanc- tuaire devait faire sur son cœur pour l'adjurer en ces termes : « Vous rendrez compte à celui qui a été crucifié en ce saint lieu, quand il viendra juger les vivants et les morts, si vous

(1) Voir à ce sujet le P. Grisar dans le Kirchenlexicon, 2- édit., t. VI. col. -i'S^. (i) Voir le procès-verbal de co synode dans Mansi, t. X. coi. InOo. C^) Mansi, t. X, col. 1004. (1) Mansi. t. X, col. SDC.

SOPHROXE LE SOPHISTE ET SOPHROXE LE PATRIARCHE. 65

négligez le péril la foi se trouve. Faites donc ce que je ne puis faire en personne, à cause de Tinvasion des Sarrasins que nos péchés ont attirée. Allez promptement à cette extrémité de la terre, vous présenter au siège apostolique, sont les fondements de la doctrine orthodoxe; informez les saints personnages qui y résident de tout ce qui s'est passé par ici et ne cessez point de les prier, jusqu'à ce qu'ils jugent, selon la sagesse apostolique qui vient de Dieu, cette nouvelle doctrine et la condamnent canoniquement (1). » Etienne, effrayé par cette conjuration générale et pressé par les prières de plusieurs autres évèques et du peuple catholique, se mit en chemin et arriva à Rome, malgré les ordres que les monothélites avaient donnés pour l'arrêter. « J'ai promis d'accomplir fidèlement ma mission, disait-il plus tard au concile de Latran, et j'ai tenu fidèlement ma promesse. C'est pour la troisième fois que je parais aujourd'hui devant le Siège apostolique pour obtenir la condamnation de ces erreurs. Cette affaire m'a valu la haine de mes adversaires; on est même allé jusqu'à publier dans toutes les provinces l'ordre de s'emparer de moi et de m'amener chargé de chaînes à Constantinople. Dieu m'a protégé et a suscité les hommes apostoliques, pour qu'ils fissent des repré- sentations à ces hommes pervers (2). »

Cette adhésion complète aux enseignements de la chaire apostohque termine glorieusement la participation de Sophrone à cette lutte mémorable. Lorsqu'il sera bientôt couché dans la tombe, il parlera encore par la bouche de son meilleur dis- ciple, Etienne de Dora, qui, deux fois de suite, fit après la mort de son maître le voyage de Rome, informa le pape Théodore et saint Martin de la véritable situation, et maintint jusqu'à son dernier souffle l'Église de Palestine étroitement unie au suc- cesseur de Pierre (3).

Pendant qu'il compulsait les écrits des Pères de l'Église et

(1) Voir la déclaration que lut, en G49, Etienne de Dora au concile de Latran, Mansi, t. X, col. 892-901.

(2) Mansi, op. et l. (if.

(3) Mansi, t. X, col. 892 soq.

ORIENT CHRÉTIEN. . 5

66 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

qu'il réunissait des textes décisifs contre les monothélites, Sophrone ne perdait pas de vue un autre danger qui menaçait son Église. A la fin de sa lettre synodale (1), il priait Sergius et le clergé de Constantinople d'unir leurs prières aux siennes pour obtenir du ciel l'éloignement d'une invasion de Sarrasins, plus nombreuse et plus opiniâtre que les précédentes. Cette fois-ci, « ce n'était plus, comme on le croyait d'abord, une de ces courses passagères et vagabondes dont la Palestine avait été si souvent le théâtre et les Arabes passaient comme un ouragan, courant au pillage et fuyant le combat : c'était une invasion régulière et déterminée, une conquête définitive, une guerre ouverte des batailles rangées, des sièges en règle et des victoires sanglantes transformaient les bandits en conqué- rants. Mais surtout ces brigands arabes, si connus par leur féroce avidité et leur amour du pillage, apparaissaient cette fois avec un caractère inattendu. De bandits devenus apôtres, ils prêchaient une religion nouvelle, invitaient les peuples à la fraternité religieuse et marchaient à la conquête du monde dans le seul but de le soumettre à l'Islam (2) ». '

Je n'essaierai même pas de retracer à grandes lignes les péripéties émouvantes de cette lutte étrange, qui devait amener pour le christianisme la perte irréparable de tant de millions de sujets. L'histoire exacte de cette conquête reste toujours à écrire. Comme je ne saurais suppléer au silence des sources originales grecques, ni démêler dans les récits arabes ce qu'il peut y avoir de vrai ou d'exagéré, il suffira, pour que le lecteur en ait une bonne idée, qu'il se reporte au brillant ta- bleau qu'en ont dressé deux historiens français (3). Du reste, le rôle que joua saint Sophrone dans cette gueri^e est encore trop peu connu pour songer à reconstituer toute cette campagne à propos d'un ou deux actes d'héroïsme que l'histoire lui at- tribue.

La première mention que nous trouvions de l'invasion arabe dans les écrits de Sophrone, en dehors de sa lettre syno- dale, se lit dans l'homélie qu'il adressait à son peuple le

(1) MiGNE, P. G., t. LXXXVII, pars tertia, col. 2197 seq.

(2) A. CouRET, La Palestine sous les empereurs grecs, Grenoble, 1869, p. 259.

(3) A. CouRET, op. cit., p. 259-270; L. Drapeyron, L'empereur HéracUus et T em- pire byzantin «w VU" siècle. Paris, 1869, p. 321-381.

SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPHRONE LE PATRIARCHE. 67

25 décembre 634, un dimanche (1). La marche conquérante des envahisseurs qui occupaient déjà Bethléem avait empèclié les fidèles de Jérusalem de se rendre à la grotte vénérable célébrer les mystères de ce jour. Sophrone en exprimait tous ses re- grets avec des accents émus, qui pénètrent encore les cœurs chrétiens : « Que les Mages, disait-il, aillent à Bethléem vénérer FEnfant-Dieu dans sa crèche, nous, nous en sommes empêchés par l'invasion sarrasine. Nous ne pouvons entrer dans Bethléem que nous contemplons de nos demeures, parce que i'épée des Sarrasins nous en interdit l'accès, comme Adam, chassé du Paradis terrestre, ne pouvait approcher de la porte sans se heurter au glaive flamboyant du chérubin qui lui barrait la route... De même que David soupirait autrefois après l'eau de la citerne de Bethléem, ainsi le chrétien soupire au- jourd'hui après la vue de la crèche, mais de nos jours comme jadis, la station des Philistins occupe Bethléem, les Agaréniens impies nous tiennent étroitement assiégés, nul ne peut, sans risquer sa vie, forcer leurs rangs épais, et voilà pourquoi nous célébrons ici tristement ce joyeux anniversaire, dans l'église de la sainte Mère de Dieu. »

Une autre homélie que Sophrone prononça le 6 janvier 635 ou 636, à l'occasion de la fête de l'Epiphanie, retrace les progrès incessants de l'invasion et donne des désordres et des crimes que commettaient les Arabes un aperçu qui laisse entrevoir tout un abîme d'horreurs (2). J'ai déjà cité le petit discours que le patriarche adressait à Etienne de Dora, sur le lieu de la Crucifixion, au moment de l'envoyer à Rome et lorsque la perspective de nouveaux dangers à craindre de la part des Arabes contraignit notre héros à ne pas déserter son poste. Le fait semble remonter à l'année 635 ou 636.

Cependant, Bostra, la capitale de la province romaine d'Arabie, avait ouvert ses portes au vainqueur. Héraclius parut dans la ville d'Antioche, pendant que ses généraux engageaient une série de combats malheureux. En 635, Damas tombait, les plus importantes villes de la Syrie capitulaient et, en 636, la grande défaite du larmouk décidait en faveur des Sarrasins du sort final de la Syrie. Sans armée et sans argent, Héraclius,

(1) MiGNE, P. a., t. LXXXVII, pars trrtia, coL 3201-3-212.

(2) Papadopoui.os-Keraheus, 'Avâ/sxTa EepoaoXufJLiTtxrji; ffTaxuoXoiîa;, t. \, p. 168.

68 REVUE DE l/ORIENT CHRÉTIEN.

défait et vieilli, ne retrouva plus son énergie d'autrefois. Au lieu de disputer le terrain pied à pied, il courut à Jérusalem enlever le bois de la vraie croix qu'il y avait lui-même rap- porté si glorieusement et, les larmes aux yeux, abandonna le pays en disant : « Adieu, pauvre Syrie, ma belle province, te voilà pour toujours à l'ennemi ! »

Dès ce moment, tout était perdu. « Pendant que Khalid et Abou-Obeïda se dirigent sur Antioche, x4mr et Schorabilh rentrent en Palestine et soumettent définitivement toute la province. Quelques villes résistaient encore sur le littoral, Césarée et Ascalon, et au sommet de la région montagneuse, Jérusalem. L'évêque Sophrone l'avait mise en état de défense, armé le peuple, les pèlerins et les moines, rappelé dans la ville les religieux des couvents d'alentour et recruté partout les fuyards du larmouk et les paysans sauvages de la Judée. Bientôt apparurent les bandes victorieuses; elles arrivaient, comme les Perses et Héraclius (1), par la route de Panéas et de Scythopolis, et vinrent camper aux portes de Jérusalem... Les Arabes avaient dédaigné Césarée et Ascalon pour soumettre d'abord Jérusalem, à laquelle se rattachait pour eux l'extase de Mahomet et le souvenir des anciens prophètes, dont le fameux imposteur se déclarait le successeur et le coryphée. Le siège dura longtemps (2). La haine des Arabes et l'énergie du pa- triarche soutenaient les habitants, et les remparts d'Eudocie, garnis de défenseurs, résistaient à tous les assauts. Abou-Obeïda dut quitter Antioche pour amener des renforts aux assiégeants et, lorsqu'il alla rejoindre Omar qui arrivait en Palestine pour organiser le droit fiscal et foncier des provinces conquises, Khalid le fatimite vint le remplacer avec de nouvelles troupes. Jérusalem espérait toujours des secours d'Héraclius, mais l'em- pereur était plongé dans les subtilités hérétiques du mono- thélisme et songeait plus à résister au pape qu'à lutter contre les Arabes...

« Il fallut capituler. Le patriarche exigea la présence d'Omar. Le Khalife accourut de Djabia (3) il se trouvait alors et signa

(1) C'est une erreur. Les Perses, en G14, marchèrent sur Jérusalem par les côtes méditerranéennes, en prenant Césarée, Diospolis, etc.

(2) Théophane dit que le siège dura deux ans, P. G., t. CVllI, col. 097.

(3) JI. René Dussaud annonce dans un rapport à l'Académie des Inscriptions

SOPHRONE LE SOPHISTE ET SOPHRONE LE PATRLVRCHE. 69

le célèbre traité qui assurait aux habitants de Jérusalem : liberté civile et religieuse au prix d'un tribut annuel. Les églises, les croix, les monastères étaient respectés; les soldats grecs, les étrangers, les pèlerins devaient quitter la ville ou, s'ils s'y fixaient, se soumettre comme les habitants à la taxe personnelle. Les Juifs demeuraient, comme sous les empereurs grecs, bannis de Jérusalem, mais les Samaritains, en récom- pense de leurs services; étaient affranchis de l'impôt foncier et soumis seulement à la taxe personnelle.

« Alors, Omar franchit le seuil de Jérusalem; il entra sur son chameau, avec son manteau usé, parcourut tous les sanc- tuaires et exigea du patriarche un terrain libre pour bntir une mosquée. Sophrone le conduisit sur l'emplacement du temple de Salomon s'élevaient encore quelques restes de murs et une antique porte à demi ensevelie sous les décombres. On dit qu'en voyant l'Arabe debout sur ces ruines fameuses, le patriarche se détourna et répéta en pleurant les paroles dé- solées du prophète Daniel : « l'abomination de la désolation « est dans le lieu saint »... Césarée et Ascalon, derniers bou- levards de la domination grecque, ouvrirent leurs portes à Moavia et la Palestine entière, réduite en province musulmane, fut soumise à la double taxe personnelle et foncière, établie par Omar sur le sol et sur les habitants. Le patriarche Sophrone ne survécut pas longtemps à la prise de Jérusalem; il mourut de douleur (1)... »

Constantinopli-'.

{A suivre.)

Siméon Vailiié,

des Auguslins de l'Assomption.

ot Bolies-Lettres, Comptes rendua des séaiice!< de V année 1902, mai-juin. p. -HJi. (lu'il vient de retrouver l'omplacenient do cette localité : « Chemin faisant, nous avons recherché remplacement de la vieille Djàbiya, dont une dos portes de Damas garde encore le nom, la Djàbi}-a dos rois ghassanides, séjourna le khalife Omar avant de se rendre à Jérusalem et furent arrêtées les conditions de la conquête musulmane. Nous avons retrouvé le site d'al-Djàbiya. Les ruines, exploitées depuis des siècles par les villages voisins, n'offrent aucun reste re- laarqualjlo. Al-Djàbij^a n'était d'ailleurs, comme toutes les installations ghassa- nides, qu'un village. Ici, l'abondance des eaux, les riches prairies, la salubrité du climat répondent à l'expression enthousiaste des poètes arabes. » (I) A. CouRET. op. cit.. p. -266 seq.

NICEPHORE MÉLISSÈNE

ÉVÈQUE DE NAXOS ET DE COTRONE

Nicéphore Mélissène (ou Mélissourgos), originaire de Candie mais à Naples, était fils de Théodore Mélissène et d'Anastasie Diamantis (1). Admis au Collège grec, le 23 octobre 1593, à l'âge de quatorze à quinze ans (2), il jouissait d'une bonne santé et commença par étudier la grammaire (3).

En 1596, il faisait ses humanités aux Écoles romaines. Si trovô modo che dimandasse licenza, per non lo mandare, perché non era per il Collerjio. Part) a 13 febraro 1597 (4).

L'article qui le concerne est ainsi libellé dans le Catalogue de 1597 : Niceforo Mellisino (sic) da Candia ma nato in Napoli, di anni 21 in 22, corne s'è ritrovato notato et scritto da casa sua. Suddiacono greco ordinato in Santo Athanasio dal ves- covo Germano à 25 di rnarzo 1599 (5). Logico. Sano. Parti ut supra con poca sodisfatione, non recipie?idf(s, perché non é per il Collegio (6).

Comme on vient de le voir, Nicéphore fut admis au Collège, le 23 octobre 1593 (cette date deux fois répétée dans le

(1) Le prénom de son père se trouve dans l'épitaphe de Nicéphore repro- duite ci-après; les nom et prénom de sa mère sont empruntés à un auteur très peu digne de foi, Lorenzo IMiniati, Le glorie cadute deW antichiss. ed auguslisft. famiglia Comncna (Venise, 1663, f"), p. 25.

(2) Bien que rectifié plus loin, cet âge semble exact. En effet, si Nicéphore était dans sa quinzième année on 1593, il aurait vu le jour en 1577 ou 1578. ce qui concorde parfaitement avec son épitaphe, d"après laquelle il serait mort en 1633, à cinquante-six ans.

(3) Archives du Collège grec, t. XII16/.«, f. 104.

(4) Archives du Collège grec, t. XIII 6/s, f. 110.

(5) Subdiacono ordinato per la cappella Papale, ma che tenga il lito greco (Arch. du Coll. grec, t. XIII 6/s, f. 104).

(6) Archives du Collège grec, t. XllI/y/«, f. 114.

XICÉPHORE MÉLISSÈXE. 71

tome XIII bis ne saurait être contestée) ; mais, dun autre côté, il est hors de doute qu'il s'y trouvait déjà antérieurement, peut- être en qualité de simple pensionnaire. En effet, le 15 août 1593, il fut nommé membre de la Congrégation de la Sainte Vierge (1) et y remplit, par la suite, diverses fonctions que nous allons énumérer.

Le 2 février 1595, il en fut élu portier {IbicL, f. 8 r").

Le 9 juillet 1595, il fut élu sacristain (f. 9 r°).

Le 13 avril 1597, élu secrétaire et conseiller (f. 12 r").

Le 17 août 1597, il fut élu conseiller (f. 12 v°).

Le 25 avril 1598, il fut élu assistant (f. 13 r°).

Le 19 août 1598, il donna lecture à ses collègues d'un poème grec de sa composition (f. 13 v").

La Chronique lui consacre l'article suivant :

« Niceforo Melisseno Napolitano Italogreco è stato d'indole buona. Studio la filosofia et un anno di teologia, poi parti dal CoUegio con licenza de' Superiori, essendosi fatto sacerdote per esser rettore délia chiesa greca di Napoli, dove ha letto publi- camente la lingua greca. Et essendo andato in Constantinopoli et havendo confermato con la dottrina il convertito patriarcha Rafaele, da esso creato metropolita di Naxia, dove con mira- bil frutto resse la sua gregge. Ma, venendo poi un patriarcha scismatico, per calonnie di alcuni suoi sudditi oppresse da' Turchi, messo in catena, nella quale stette con gran patienza; ma, essendo iinalmente fuggito in Christianità, non potendo più ritornare in quel paesi, passé al rito latino. fatto vescovo di Cotrone. È stato in Collegio otto (2) anni (3). >■>

Il reste dans la biographie de Nicéphore Mélissène un certain nombre de points obscurs, que nous laissons à d'autres le soin d'éclaircir. Nous nous bornerons à reproduire ce que dit de lui Jean -Vincent Meola, dans son ouvrage sur l'église grecque de Naples, en faisant observer toutefois qu'il s'y rencontre des af- firmations qu'il ne nous a pas été possible de contrôler.

(1) Archives du Collège grec, t. XVIIL f. 6 r".

(2) Ce chiffre est exagéré. En réalité cinq ans, cinq mois et deux jours. ïMais en écrivant huit l'auteur de la Chronique a peut-être tenu compte du temps que Nicéphore dut passer au Collège en qualité de convictor, avant d'en devenir élève proprement dit.

(3) Chronique du Collège grec, f. 29 r^ et v".

72 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

c( Ma tempo è finalmente di far catalogo délie llti sosteniite dalla nazion greca ne' nostri tribunal! ; nelle quali la più inté- ressante parte délia présente storia pu6 stabilirsi. Perciocchè maravigliosa cosa è senza dubbio ne da lasciar nell' oscurità délie finora trascurate memorie, quanto la nostra Colonia sos- tenne da molti calunniatori; per aver tanto operato che non passasse alla destruzione estrema la Cappella del Paleologo, per essi fatta chiesa; e perché non mancasse a' suoi un ango- raggio nella nostra capitale. E più maraviglioso rendesi che le vessazioni loro apprestate avesser fonte ed origine da proprj cappellani, che, appena conosciuto il buono stato délia chiesa, ambirono di farsene padroni comme beneficiati e perpetui cap- pellani : nella quai guerra invitarono, anzi eccitarono gli ultimi eredi del fondatore, dopo morti i magnifici Belisario e Pietro Ralles, che avea chiainati la Maria Assagni dopo se in quel padronato.

« Il primo dunque che si movesse contre fii il greco cappellano Cortesio Branayo (1) o Kranayo, venuto di Roma con lettere di raccomandazione del cardinale Sforza; il quai, nel décembre di 1591, fecesi spedir bolla d'investitura dal vicario générale dell' arcivescovo cardinal Gesualdo, dimostrando che la fondazione e titolo délia cappella fosse taie dal greco cavalière già costituita, ch' ei ne potesse divenir perpétue beneficiato, colla nomina in suo favore di Scipion Suriano, nipote di Vittoria [Ralles], ultima degli eredi del Paleologo fondatore. Ed attaccato appena in que' tribunal! ecclesiastici da'greci confratelli, aller governanti la chiesa, passé in quelli délia Vicaria per sequestrare la tenue rendita del beneficio, ceme altrove è dette, ebbligande cesi al deposite quel che tennere il macelle ad affitte nella piazza del Mercato.

« Appresso richiese di mettere a commercio e fare un traffico délie sepolture o di luoghi di sepoltura nella nostra chiesa per prezzo contante, sicceme avea viste praticare a' confratelli; per- ciocchè sappiamo ch'esso, per attestate di notar Gio. Battista Auriemma di Napoli, avea concesse a fra Timeteo Prestiti

(1) Ce nom est écrit tantôt Branajo, tantôt Branayo. Nous avons partout adopté cette dernière graphie. Il s'agit de Cortesius Branas, auquel une notice biographique a été consacrée dans notre B. H. du dix-septième siècle, t. III.. pp. 166 à 172.

NICÉPHORE MÉLISSÈNE. 73

Cipriotto per se e per i nazionali di Cipro sette palmi de luogo nella chiesae quattro per larghezza, accoste dove fu sepolto il capitano Andréa Contestabile (1) (marito già di un a Lascari) per ducati otto, con pubblico istromento, concedendo ancora a quello che potesse mettervi iscrizione in marmo e scolpir le arme di sua famiglia Cipriotta. E questa giierra dure per sei anni di seguito, intantochè a discacciarne il Branayo, seconde le costituzioni prescriveano délia Confrateria, invitaron essi nuovo cappellano ad officiar nel rito orientale e amministrare i SS. sagramenti, per nome Niceforo Melisseno.

« Il quale, perché non incontrasse la disapprovazion délia Vittoria Ralles, si adoperarono i confratelli di modo che, com- mendato con lettere del cardinal Giustiniani alla patrona dirette, venisse da lei nominato al piccolo bénéficie oppur rettoria délia chiesa. Poco dopo questo tempo venne a morte il Branayo, ancor litigante nella curia arcivescovile , benchè amosso da prima come innanzi si è dichiarato.

« Pur non di meno (fosse che il tristo esempio del passato il nuovo cappellano rauovesse, fosse che i greci sacerdoti sono stati sempre avidi d'impero e contenziosi) si avviô il Melisseno per le pedate del suo antecessore e, volendo prender le redini délia chiesa con amministrarne ad arbitrio le rendite, diedesi perciô con ogni sforzo a combattere negli stessi tribunali eccle- siastici le note costituzioni che rendevano amovil»ile il cappel- lano. Al che fare in suo aiuto risveglio ed accese alla guerra la Vittoria [Ralles], che possedeva Fantico padronato; comecchè i Greci avesser colla nobile donna tenuta l'onesta composizione di scegliere essi il greco cappellano, e quello far dalla medesima presentare al piccolo bénéficie, come si è dette. Or questa guerra di maggior durata e come fuoco per più lati si apprese; men- tre fur richiesti i confratelli governanti dell' aso délie rendite, venendone al papa stesso accusati dalla irata donna e nella curia quasi di perfidi devoratori di quelle. Ed in ciô non puo

(1) En grce : 'AvSpia; Ko-noT-cauXo;. Il s'était lait élever, dans l'église grecque de Naples, un tombeau se lisait cette inscription : " Andréas Contestabilis Bracchii Maine Provinciae Lacedemoniae non inexpertus miles sub Carolo V imp. multisque connictibus acriter praeliatus semperq. patriao decus, qui vi- vens hune tumulum sibi et Corneliae Lascari coniugi dilectiss. hic III luce no- vembr. MDLXXVI sepulcrum struendum C. •> ([Jleola], Délie islorle délia chiesa (jreca in Napoli esistenle, pp. IG2-163.)

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lasciarsi sotto silenzio correre che malamente essi e con nissuno avvedimento allora si governassero in questi tribunali; ma ben ebbero l'opportuno avvedimento d' impetrar la difesa di ambe- due le potestà, innanzi ancora che a tanto perseguitarli si accen- desse il Melisseno.

« Perciocchè fin dal 1597 fecer capo dal Vicerè, e nella curia del cappellan maggiore instituiron giudizio per dimostrare Tuso délie lor costituzioni, il possesso délia chiesa, l'amministrazion pacifica délie proprie rendite, la facoltà di concéder sepoltura a' nazionali; e finalmente dimandaron la regia protezione. Con che ebber concesso di far légale esame in questo primo de' giudizj che introdussero di tutte le anzidette lor facoltà; ne avendo in esso contradittori, ottennero favorevol decreto dal régente Mar- cantonio da Ponte, a' 22 di settembre del 1597, di poter tenere amovibile il sacerdote cappellano e di concéder, secondo il lor beneplacito, luogo nella lor chiesa di sepoltura a chiunque délia nazione. E nel secondo de' giudizj, ivi parimente introdotto, ottennero nel 1615 perlappunto, dopo altro esame ancor légale e dopo parecchi attestati autentici nella lite prodotti, che il regio consigliere Scipion Rovito, allor uditore dell' altro cappellan inaggiore, décrétasse che i Greci laici governanti la chiesa di S. Pietro e Paolo sidovesser mantenere sotto la régal protezione e conservar nel possesso di reggere, governare e amministrare la confrateria, la chiesa e le di lei rendite di qualunque sorte ; di cui solo rendesser conto o piuttosto di loro amministrazion rispondessero al regio protettore o delegato, che dir si voglia da eliggersi dal Vicerè. Il quai decreto ha fine e conchiusione col promettere il regio braccio, corne dicesi, caritativo in difesa ed in sostegno de' nazionali.

« Ne per tutto ciù ebbe spavento il cappellan Melisseno, ne la indragata femina Vittoria Ralles di sopra detta; perciocchè il primo, imitando l'antecessor Branayo, fecesi altresi spedir bola d'investitura nella curia arcivescovile (forse a nomina e presen- tazion délia Vittoria) ; onde i Greci astretti furono di darne sup- plica a papa Paolo V e ne ottenner brève amplissimo diretto al nostro arcivescovo e di lui vicario générale l'anno 1610, il di 1 d'agosto. Ed il papa in esso dichiarô che malamente erasi gover- nata la curia a riguardar corne bénéficie vacante la chiesa de' SS. Pietro et Paolo, per la morte seguita del Branayo; e mala-

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mente ne avea investito il Greco Melisseno, con far tanta violenza a' Greci governanti, che ab antico godevano il possesso di quella e tenevan per legge di usar cappellano amovibile secondo il bisogno. Ond' è clie per nulla pronunciava la coUazion di tal l)eneficio; e quandochè spogliati si credessero per cio i Greci di lor possessione, qiielli con apostolica autorità ne reintegrava. Ma, perché al brève non mancasse V esecuzione, ne impetra- ron essi la regia approvazione dall' uditor per quel tempo del cappellan maggiore, D. Didaco de Vera, innanzi ancora de pre- sentarlo in que' tribunali contro il petulantissimo cappellano. L'altra, dico la Vittoria, si mosse a dimandar con molta insolen- zia l'uso délie rendite, non per certo de' suoi antenati ; e volendo la sua insolenza appiattare finse di accompagnarsi aile querele di alcuni Greci rimasti, come essa finse, délie reliquie di Greci Coronei quà passati, senzachè pero alcuno di quelli si trovi in taie Ibglio soscritto. quest' altro movimento d'arme produsse il peggior danno, perciocchè la difesa impetrata nel foro laicale, le dimostrazioni fatte nella curia dal cappellano maggiore e la regia protezione in ultimo ottenuta isgomentô apprima il greco beneficiato appresso la Vittoria; che se diè fmalmente a escogitar nuove forme d'armeggiare con quel misero dritto di patronato aile mani.

« Il Melisseno allincontro, ancor esso discacciato corne l'an- tecessore, non deposta in tutto la speranza di tener la confra- teria greca in suggezione, diedesi per nuove strade ad isfogar l'ambizione. Perché rilornato, come é credibile, in Roma ot- tenne l'arcivescovado di Nacsia tra l'isole dell' Arcipelago, e lasciô procurator nella sua lite a Napoli chi allegasse comeegli per la nuova dignità non veniva impedito in alcun modo di ritener tra gli altri beneficj ecclesiastici questo délia cappella Paleologo siccome prima. II che ebbe non piccola durata, pos- ciaché trovasi aperta quella processura fmo al 1620, parendo che allora poco o nulla la Curia arcivescovile estimasse l'altra del cappellan maggiore. Ma i buoni Greci alla fm fine per amici in Roma si adoperarono che il cardinal Bellarmini a nome del papa insinuasse al greco prelato di farne renuncia; il che si osserva eseguito per lettera dello stesso arcivescovo di Nacsia Melisseno de' 18 di agosto dell' accennato anno, ch' è nel pro- cesso inserita. Che se non opéra de' confrati, potra reputarsi

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almeno délia Vittoria, che veniva dal nepote Scipione stimo- lata a far nuova presentazione, e con maggior dispetto ancora de suoi contraddittori, il che appresso verrem divisando.

« Il livor dunque cominciô a palesarsi dal nominare nviovo cappellano Paolo Capoisio (1), Greco di origine, ma ben fatto Lalino, in quanto essercitava da eddomadario nel capitolo ar- civescovile; recando per motivo délia nuova e non richiesta presentazione al bénéficie l'avere il Melisseno fatta professione di monaco nel monistero délie Strofadi nelF Arcipelago, sotto la regola di S. Basilio, e quindi ottenuto il già detto vesco- vado. E questo altro non solo ebbe a combatter co' nostri Greci affannati, ma ben colf antecessor, che intendeva, corne si disse, ritener quella reltoria. Pur non si tosto nel 1620 definito e sentenziato a favor del Capoisio dalla curia arcivescovile, che mancô di vita il medesimo (2). »

Nicéphore Mélissène succéda dans Tarchevèché de Naxos à Ange Gozzadini, transféré à Castella en 1621 (3). Nous laissons maintenant la parole à Ughelli :

Nicephorus Melissenus Comnenus ex archiepiscopo Naxiensi ad hanc Crotonensem ecclesiam translatus est ab Urbano VIII, anno 1628, die 29 maii. Natus est Nicephorus Neapoli, pâtre Theodoro |, Aeni despota, in Oriente dynasta ex Byzantinorum Caesarum stirpe oriundo, bellica virtute et rébus gestis adversus Turcas maxime illustri. Nicephorus cum a puero amoeniores litteras avidius imbuisset, Romani progressus, in divi Atha- nasii Graecorum Collegio, philosophicis ac theologicis studiis assiduo labore operam dédit et lauream promeruit, quibus ad- didit graecae linguae ornamentum, quam Neapoli publiée pro- fessus est. Et, cum integer vitae scelerisque purus, doctrina mirabilis et religione conspicuus esset, à Paulo V pontifice in Orientem ad rem christianam propagandam ablegatus fuit; quo cum accessisset, eo munere ita sancte, ita perbelle functus

(1) Paul Capoisio, Albanais d'origine, mais à Naples, entra au Collège grec, le 17 mai 1598, à l'âge de neuf ans. Après j- avoir étudié la philosophie, il quitta rétablissement, pour cause d'indisposition. Il y avait passé dix années. (Archives du Coll. grec, t. Xlllôis, f. 118; Chronique du Collège grec, f. 24 v".)

("2) [Gian Vincenzio Meola], Délie isloric délia chlesa greca in Napoli esistente (Naples, 1790, 4°), pp. 118-129.

(3) Gams, Séries episcoporum ecclesiae catholiciv, p. 448.

NICEPHORE MELISSENE. 77

est ut innumeras pêne refractarias oves ad pascua salutis atque adeo ipsum Constantinopolitanum patriarcham orthodoxae fidei contumacem ad ecclesiae unionem reduxerit : quamobrem Paii- lus illuin constantem hominem atque intrepidum archiepisco- pum Naxiensem et apostolicum in oriente visitatorem declara- vit. Qui cum pontifieiu jussu illam provinciam suscepisset, non tam commisse sibi gregi quam aliis liac illac dispersis Cliristi fidelibus operam suam praestitit et omnium gratiam prome- ruit. Cum autem indignationem Turcarum incurrisset, illum post vincula et carceres probatum, liberum dimisisset, ab oriente digressus in Europam sese recepisset, primum Galliam petiit. Ibi nonnullos magni nominis haereticos qui ex fama eum agnoverant, de rébus fidei exorta inter eos disputatione, summa sui nominis fama doctissime confutavit.

Orator erat et verbi Del concionator eximius, unde lAlaria Medicea, Gallorum regina et regens, illum audire ex suggestu optavit, nec sine sua suorumque admiratione Paulum praedi- cantem propemodum audivit. Semel et iterum tentatus ut in Gallia vitam traduceret, regiam munificentiam probaturus, cum gratias egisset, in Hispaniam profectus est, a Philippo III humanissime exceptus multisque honorum et laudum titulis ac proventibus cumulatus, Romam rediit Gregorio XV ponti- fice, a quo inter latinos praesules recensitus, quo e vivis sublato, iterum Hispaniam redire cogitur, ab Urbano VIII, Gregorii successore, ils litteris in forma brevis Philippo IV commendatus.

Urbanus papa VIII dilecto nobis in Christo filio Philippo IV, Hispaniarum régi catholico.

Charissime in Christo fdi noster, salutem etc. Qui ab orien- talibus imperatoribus genus ducere creditur venerabilis frater Nicephorus Melissenus et Comnenus, archiepiscopus Naxiae, eum non minus quam gentilium principum trophaea exornant vincula et calamitates quibus ejus pietatem ferocientes Turcae in Oriente multarunt. Cum enim Constantinopoli per duodecim annos contra schismaticorum portenta pugnasset distringens gladium illum ancipitem quod est verbum Dei, duos patriarchas compluresque alios christianos sub catholicae ecclesiae ditio- nem redegisse l'ertur. Ob mérita tam praeclara catenisonustus,

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barbarorum hostium crudelitatem proprii corporis suppliciis, rapacitatem vero gentis suae patrimoniis explevit. At enim cum adeo constanter pro catholica religione propugnasset, voluit etiam de catholica majestate mereri. Haee omiiia cum regiae Philippi III parentis tui literae testentur qui propterea Siculo stipendio archiepiscopi hujus miserias consolatus est, decrevi- mus eum apostolicis literis commendare Majestati tuae. Per- gratum ergo nobis accidet, si virum liunc paternorum etiam meritorum inagnitudine Hispano régi commendatum regali patrocinio teges, eumque ad episcopale aliquod in regnis tuis sacerdotium provehi curaveris. Virtuti enim et pietati regalis beneficentia opem feret, pontificiae vero charitati non leva so- latium pariet. Deligimus enim praesulem hune, cui parentem et uxorem Majestatis tuae perhonorifice dédisse scimus fidei defensae et regalis benevolentiae promerita testimonia. Nego- tium hoc agenti venerab. fratri Julio, episcopo Gravinensi, hdem habere cupimus a Majestate tua, cui apostolicam benedic- tionem impertimur.

Datum Romae apud Sanctum Petrum etc. die 27 aprilis 1G21, pontificatus nostri anno primo.

lis igitur commendationibus et propria virtute ad Crotonen- sem cathedram meruii Nicephorus a catholico rege summoque pontifice sublimari, ubi per septennium praeter animarum sa- lutem, cathedralem jam vetustate fatiscentem a fundamentis excitavit, supra templi majorem portam haec spectantur in- sculpta verba :

Nicephorus Melissenus Comnenus Archiepiscopus Naxien. Episcopus Crotonen. Regiusque Consiliarius.

Supremum templo imposuisset lapidem, ni a Deo evocatus vitam cum morte commutasset die 5 febr. 1635 (1), conditus in episcopio sacello Deiparae Virgini dicato, quod Columnam ap- pellant, relicta ad ecclesiae usum sacra et pretiosa supellectili et calice vere regio, quem a Philippo rege dono acceperat. Hic innocentis vitae animique candoris praecipue fuisse narratur, tantae autem liberalitatis et munificentiae in omnes, praecipue

(1) Cette date ne concorde pas avec celle de l'épitaphe publiée ci-après.

NICÉPHORE MÉLISSÈNE. 79

in eos quos magis Aerecundia quam indigentia premit, ut in hoc génère mira de eo fama traduxerit ad posteros.

Ejus memoriae Joan. Baptista Ursus Neapolitanus, Societaîis Jesii, sequens inscripsit cenotapliium :

Nicephorus Byzantinis ab Caesaribus Theodori Melisseni et Comneni Magni in Oriente dynastae, qui victricibus Jo. Au- striaci excitus armis XXV millia peditum equitum ter mille bellum adversus Turcas auspiciis suis sustinuit biennio, spe- ratoque frustatus auxilio, probata suis fide, virtute hostibus, benignitatem Philip, régis Hispan. Il expertus, Neapoli non ante animis quam vita cecidit, lilius, pares ferens referensque spiritus studio dispari humanae divinaeque praesidio doctrinae et graecae monimento iinguae insignis a Paulo V missus in Orientem ad rem christianam propugnandam, provehendam, egregia inter facinora Constantinopolitanum patriarcham diu contumacem ad romani revocavit obsequium pontiticis, quod ob ejus meritum a Paulo V archiepiscopus renunciatus Naxien- sis amplo titulo, exiguo publicae privataeque rei emolumento, hinc a Gregorio XV inter latinos recensitus episcopos Ma- driti a Philipp. reg. Hisp. IV verbis muneribusque accep- tus amplissimis Crotonensi insignitus episcopatu majorem se magno probavit munere, vita functus anno aet. LVI, sal. hum. MDCXXXIII.

Habuit Nicephorus patruum Macarium, Epidaurensem ar- chiepiscopum, qua pace qua bello illustrem, qui sub Pio V con- tra immanissimum Turcarum tyrannum cum fratre Theodoro arma movit. Jacet Neapoli cum eodem ante aram maximam ecclesiae sanctorum Pétri et Pauli Graecorum, ubi legitur cenotaphium (sic) graecis characteribus in marmore scul- ptum.

£/. T-^Ç TCep'.(pav£(7TàT-/lÇ ISlik'.GG'flvCJy /.xl Roy.Vy)V(ï)V Ol/CfotÇ' y.xi 060-

otopoç aùrar^slçoç , ^e-t-ttott]? Aïvou, XavG'/iç [sic) >cat Irlpwv tto- Xiy^v'xov sv 0pa)C7i, I't'. ^s Sajxou, ]VIi>.'/]Tou, 'Aj/.é'paxia; y,y.l Micrvi- v{ou (sic) y-oXirou Iv TltkoTzowr^Gco, /.si'vtx'. svOzSs, oïtivsç viy.-riTiy.o'iç 'Iwàvvou Aù(7Tpia-/.0'j otcIoiç iv '^xuij.xyj.s/. TrpoTpxTTSVTSç, (TTpaTtàç s;

80 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

iTCirstov ^s Tpt(7y'.l''wv, 7c6)^e[j-ov xaTà ro'jp/,(i)v ^isTf, c^iotç STrey-pic- z'riGOL'^ xvx'kixio.y.'ji' tvîç Se sXT^rCofAsv/iç ^oviOsix; àvcoTuyovTeç, §Sl- jptia'ric, l^ioiç iziGzeMç, iyji^oï; ouva|j,s(oç, (l^tXiTTTTO'j «^suTÉpoo tou 'I<77ro(.vcôv i^y.<jikioyç eùspyeaix 7T:îtpy.G£VT£ç £v N£airo'>v£i TïpoTEpov TO-tç tl/'j^afç VI Tw C"^'v ■/.y.zé'KiGOV ©Eoowpoç sr/.OGTYj TOy.TûT'/i aapTi'ou

£'T£'. GCOTTlplCO a^Tïê', MxXZpiO; ^OJO£/.aTrj '7£~T£j/.€gÎ0U, £T£t. '70:)T7]- picp y.Qjt-KZ .

Nicephori item germanus frater fuit Demetrius Melissenus Comnenus in Belgio militum tribunus, classis torraentariae ge- neralis praefectus, Iluae mortuus est anno 1635, post trire- mium promontorii Corsici naufragium. Nec minus Emmanuel Melissenus Nicephori et Demetrii ex sorore nepos ord. Cala- travae eques militari gloria effulsit, cum in Catalaunia tum in Neopolitano regno, ubi supremus militum protribunus et mar- chionis titulo a Philippe IV, Ilispaniarum rege, ob res praeclare gestas fuit condecoratus : fato cessit Neapoli, anno 1657.

Porro de Apibus et Tintinnabulis quae tanti praesulis genti- litium stemma cum bicipiti aquila décorant adjecta carmina accinuit idem Joannes Baptista Masculus Neopolitanus, Socie- tatis Jesu nobilis poeta :

De Apibus.

Dicilc car IlybUie colles ol Iljmotlia rui-a

hinc circuaif Liste dèseruistis, apes? Scilicet hic melius componero mclla licel)it

gentis ubi œtorno lloro virescit lionos.

De Tintinnabulis.

Quicl sibi deposcant lia^c a-ra sonantia quaîris,

quas circumtexti stemmatis orbis liabet? Scilicet liaud sat ei-at famœ luba garrula tantis

laudibus, lia^c etiam dulcius ;t>ra sonant (1).

M. Ingram Bywater, professeur à l'université d'Oxford, pos- sède un manuscrit autographe de Nicéphore Mélissène, qu'il a bien voulu nous communiquer. Nous en donnons ci-après la

(1) Ughelli, Ilalia sacra, éd. de Rome, t. IX, col. 535 à 543.

NICÉPHORE MÉLISSÈNE. 81

description, accompagnée de toutes les pièces de vers qu'il ren- ferme, lesquelles, d'ailleurs, sont ou médiocres ou mauvaises. L'écriture de Nicéphore est facile à lire. Ses vers sont correcte- ment publiés : le lecteur ne devra pas s'étonner des étrangetés variées dont ils fourmillent.

Description du manuscrit de M. Ingram Bywater.

Volume en papier de fil, mesurant 21 centimètres sur 15, et comprenant 224 feuillets non chiffrés, parmi lesquels un certain nombre de blancs. Écriture du xvii° siècle.

Les trois premières pages sont occupées par trois sonnets anonymes en italien.

Ritrovandosi d'inverno sovra d'un monte si ricorda di B. D. Sonetto. Incipit : Fra giacci alpestri e tra gelato hor- rore.

Neir Assunta di nostra Signera in cielo, bisticcio tra la terra e '1 cielo. Incipit : Quanto piange à ragione hoggi la terra.

Sur le même sujet. Incipit : Dalla terra Maria rapisce il cielo.

Suivent deux feuillets blancs.

Feuillets 5 à 75 : Ouvrage de Nicéphore Mélissène sur la Tri- nité. Dans la marge supérieure, on lit, d'une autre encre : N[icephori) ep{iscopi) Crot{onensis) de Trinitate.

Depl Tpia.^o; Nr/.vio6po; 6 ^\tk\Gar,^i6<;.

KsçaXx'.ov TûpÛTOV. Ilcpl TCa.Tco;.

'Aya.Oo; 6 Osôç x.al àyaOwv u— ap/tov ocoT-/ip sïti v.'jX 'h[}''^^> D.eoj; y,yX auvéczoiç, j^cop'/iyôç (sic) stïI T7]v ayvwGTOv àvaêaivouci twv ÙTrip vo'jv îfïpu[j!,sv(ûv yvwGtv, Iv 'Il 0 77aT-/ip, 6 ulo; 7.y.l t6 ayiov xvsu'/a., r, TCavTojv STCr/.civa 6£a.pyf/.ci)TZT7i etc.

Kscpz>.7.iov àsuTspov. flspl T71Ç TO'j TTarpô; yovri^.oTrixoc, (sic).

Kecp. TpiTOv. Ilept, Tr,; toj 7ï7.Tpo; svepys^o.; /-al xoTocTTr;.

Kso. TSTzpTOv. Ilcpl xr,ç à,v=x.ooiTr,TO'j ToO 6soO £V£pyc''aÇ cuX- loyt.GTix,rj aTToàst^tç.

Rscp. TTc'l^.TTTOV . 'ATCO^£'.^tÇ TCOV pTjÔsVTCOV £X, TT,;; [/.aOTUp'^aç.

R£ip. £y-TOV. Ilcpl T-^ç Si3c 0£l*/fcr£wç y^vo'j.vrnc, £V£py£iaç.

Nicéphore Mélissène semble avoir eu d'abord l'intention d'in- tituler son ouvrage Ilspl àyCcu T.veù[m.-oq^ car il existe dans le

ORIENT CHRÉTIEN. 6

82 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

volume quelques pages de brouillon qui portent ce titre. Elles sont suivies de l'épître dédicatoire reproduite ci-après, laquelle était destinée à figurer en tête du traité. Feuillets 76-77 :

TÇ) àyicoTaTco y.yX GOipcorocTco I^m ôeg'tvoV/i /.y.l /.upito NeoçÛTw

Ntx.Yiçopo; ô Me'XtG'j-/)vd(;.

Rai ^sivû; ij.ht xoà yap!.3VTco; Isysiv, Oeocooixç àv(ZX.Topov, tov Tuspl T-^ç ÛTTspOc'ou Tp'.:c^oç GscopviixxTCOv y>.iy 6 [i £Vov , àxTecrOat, -/.al Ostwv T^dycov, i-îziytiv X_âptv /.al x,0[7/J;£iav T'/]v rw/^o^jacc^t ôcirjxô; £Ù Ê;(_wv xat Tvapà toîv svavriojv (7i»vo[xo>>oyou|X£voç ts xal àvocvTtp- p'/lToç. Rai t7.utI à/jTCou oTTcoç p}; tI 71 £Ç àyvotaç, VI £/. vop-i'Coy.évvi; eùlaêstaç £i7rc6v ti; wv ir/; yp-/; x.xl IvxpyecrTZTriV xapà Traciv wçX7i>to)Ç £i'/l aidyuvviv -/.xl àvrl [xi.'jÔou ^uij-avT£Ç ypaO'/;v rUxa-'oç âlwca- [jLevw èvayou; aÙTw (ipz-rou; opOtoç 87ri[;.£y-t|ioiVTO y-al sùSouXco;. 'Exei^-^] s^ à-£y_0£(7TaTVi; Trov/ipwv ■7rv£U{xaTCov OusXV/iç £§0^£ to •7T£pl TOO àytoo 7rv£U[y.aT0ç y.u[J!.a.iv£(79at Soy^x-azal oXco; Opacef tivi, (oç av tiç çaîv), xal y.opu'|»o'jy.£V(o 7:v£uaaT0[;.ày(i)v /-JaaTt vi Xpi(JTOu sxxXviGia xu- ■/.cop.£vvi ô(j7ia£pai âO£[-/-t'7Tto; Tû£p'.a.Op£ÎTat, £'! xal ot èpLol 'kôyoi twv

p'/)TOpiX,WV où/- eialv à770(7Tz'C''-'"^T£Ç VÎOlCjJXaTWV, £l7;t/.ptvyi Ô'[7-{0Ç £7r£V-

ey>tovToç tou Hziou àpuGày.evoç /^^piv to tt,; £x,/.>//iGiaç /.y.Tà p'jjxvxv TTTepoO §i/.viv TCapa7U£(A^£G6ai G/-xcpoç 0£OL',aywv èf^êoTiàç /.al 9pau- Gei; TOic, k-Kiruy o\)Giv ovopLaGi bia/.07raG0)v /.al è^wgwv E'jOapGwç 7]/.(«> Toiv £77'.— £'(î(ov. Nal [A'/jv /.al à>.r,0£iaç Otôpa/.a 7ï£ci^£p(i)v tov TuyovTa xal [/.ây^aipav où)c àxo c.or.po'j, àAV tov O£0(poptov al ÉT^Ta ol)COUix£Vt/.al ayouGi gùvo^oi Six [jt,v7Î[Ar,!; £Ùcp-/f{xo'j o^siav >txl ^'jgto- '/.ov, Tîpoç <pà).xyya £^aauTÔv àvTi7rxpxTXTT6[/.£VO(; 7T0>>£[y.ixv, 1/. -koI- "kriq Toùç àvTi-alou; 7V£piouGÎaç v^TTaaOxi GCpo^pa YivGviGa ÈttI Taîç £>.7ïiGi, Rxl TxijÎTx OGiai; xapiv /.al £Ùp!,£V£{x Tfi G'^ y^api'CojxfiVoç,

C0Ç(0TaT£ [J-Ol /.al àyUOTXTE XaT£p, OV OVi'tUOU Ù7:o'7VT£pOÇ X,xl TTXV-

TaydG£ GsouGX (p*/î[;.Yiy x.ai aÙTa TauTX à'XviO£Î' "koyca xk 7:av^7ip.x â'pya TOiouTOV y.où. TVi'XtxoGTov Si£0pù7vV/iGxv tepa'pj^Yiv, wgts (xovov vùv [;.£ TYi; G7Î<; OaD;j.aG'!aç xTrolauGxvTa Oex;;, àX'Xà /.al aTTOVTa -/i^-/] f^ià |J!.ey(GT7i<; ay£iv tv^j-tiç /.al 6aup!.à(^£iv.

"Egtxi TOiyxpo'JV ypxafAXGt toutoigI roïç GyE^ioi; i^iiy ûJ.xq ts

NICKPIIORE MÉLISSÈNE. 83

xoù Tspa-roloy'y.i; txç, ruyounaç i-\ roi'; iz'.GZoïq -acaôcaOcai /.y.l tôv à-wlsîaç ols'Ôpiov ÈTTuocpaévov lov TupoppiCo"' £y.y.oXa(|/7-'. y.où r^-/iaou x.S'pz'Xxiov IsyovTo; èx, tou ()siou à.rroxT.ulviGaj/.svo!,; tov TraT^xavaïov lvipc6(/,XTo; xavTcoç Ta ^o>.i7. sx^cpsvrWeî'v Te /.xl èxTe^pcwaai âac>.£i TTjÇ [xiapxç Ta'jTViç aîpéaîto; toO Otopaxo; t-^; t'jçsojç ),3yo;j.£vyiç y.ai Tïiç y.'jTr,ç (zcppoijùv/iç TViV ^uTwSiav sv^s^siyixsvTiÇ , vv] tov oiT^'.ov, '/;v£(oya£voi; çùfji-avTS^ wncouG'.v oa)Oa.Afj.oTç oti ola Trsp çf-i; to '7>c.otoç ■/-xi (|/£ûbo; àlr,Ô£'.5CV, -/.al to'j 7rv£'jti,x,To; wcjyjJTw; vOv àvxGTav- T£ç àvTi77a"Ao'. o(7w poov -aXay//) àXvfBstzv te •/.Ex.TvivTa!, -/.ai Oeoce-

^£17.V. EÙ[Aapâ); OÙV, cb -py.OTTiTO; T£[;,£VOÇ, X,al ÎXxpOJ TCO XpOCTWTwtO 7ï£pl TO'J Oei'ou GOt TTap' £[7.00 /,0|Jt.li^6u-eV0V ^£Ç7.l U7roj/,V/]'X7., ^IZ

7V>.£idvcov oùjc £'!ç [j!,axpàv sTT'./.upoovToç TO'J Ôeiou è; 7:v£U[/,aTot;.zycov <7Tr,>,''T£U(7iv xxi ôpOo^o^i'xç xpaTxûoij'.a £-/,T''-/.T£tv y,£X>.ovToç ^'jyypy.[xtJi.a, y.y.i ye àaapavTtvouç to OeÏov tt'XeV.oito toi Ty.iviaç. "Eppco<70. ' Atïo Kwvgtxvt'.voutto A£oj; .

Feuillets 78-79 blancs.

Feuillets 80 à 84 : Poésies. Dans la marge inférieure du feuillet 80 r°, on lit : N{icephori) epiiscopi) Crot{onensis) in Cyrillum de eius apostasia ab ecclesia romana.

Feuillets 85-86 blancs.

Feuillets 87-89 : Épigrammes contre Cyrille Lucar.

Feuillets 90-91 blancs.

Feuillet 92 blanc au r", contient au v" quelques notes dénuées d'intérêt.

Feuillets 93 à 94 : Poésies.

Feuillets 95-96 : Notes sans valeur.

Feuillets 97 à 98 : Poésies.

Feuillet 99 : Début d'un discours en tête duquel on lit : h MsA'.cra-^viç, et qui commence ainsi : tic b r.pM-oç scjTxr, l'-atvcç.

Feuillet 100 : Pièce de vers à la louange du métropolitain d'Héraclée.

Feuillets 101 à 126 : Quarante-cinq lettres de Michel Aposto- lios (écriture du xvi" siècle).

Feuillets 127 à 224 : Tractatus in libres de Anima in Nea- politano Liceo anno Domini 1653. Reggente il molto reverendo Padre magistro Ambrosio. Incipit : Non immoror hic in qua?- renda nobilitate (écriture du xvii'' siècle).

81 REVUE DE l'orient CHRÉTIEX.

(f. 80 r°) Eî? TGV iry.paêaT-ziv Jty.l apTraya.

TO'J Oiy-OU[J.£Vt/.0'J BpOVOl» Kupi,7^>.0V TOV TO'J

àvociSoO; Aouxàpetoç £/.yovov.

4>C'j,a àvai^siviç TîpoôÉltjjJ-vov , Ops[j.[y-a lyîôvviç,

oozG^e Ti (spevGT/i, <py.ul£TCi.07.L»l6TaTc ;

£[j-aOû£; tb; (^wvviç, •/] à';ûy.YC£t ôVo;. 5 ao' ÔTt, <70i y£V£Tr,ç hbloç, /.y.', ttotvix [j,zT*/]p;

/.al [XTIV A0UX.ap£(OÇ £X,YOV0; àYpiOTO'J

Ôv y' £7i:l Taç [j-opoaç a'iGyo; xal (TcôjAaTo; uêpiv 01»-/. av Ti; YP^'"r'ï' F'^^' ^'^'•^^^'^ àvlytov

e'PP' o^v £■/. 7:T6)ao(; /,7.l -/.àT()a,v£, Trp'N c' à7ro7w£[;-4'"{l S'j(îaop£, à ttV/iOÙ; iJ.y.GTiY!. OpoTToltov (1).

10

£no (2). (f. 80v°)

AuCrClOÇ, W RtOV(7TXVTÏV£, §p6|7,OÇ SiyplÇ £T'jy9vi

aSêv £7:'./0ov'!tov (3) y.jD^'f\ sr:l '/.'J^iï f>oio àc[xaTa 7ûauo{X£V'/;, iv aol y,7.l àpçy.[;-3v/i

cô; §0,1 y.rxaHxli-fiç, apEco y.£Î6' £pY[7.7-6' l^py^'i^' a§£i y.to(px [viTOx Trà; TctG^Axcry. [A£pw'J;(4).

TaXSO OUV ch TrptWV, X,xl Ovv{(7/.£lV 7:àç TIÇ £VlC77r£l (5)

£t y.y.1 <77Îç [/.op'//iç ajisTai oùo' àîo-/i;.

aXlo(6). (f. 80y° à 81 r°)

Tl; TTy-yoç xpudeiç 0yA£9îv '770t£, Aoux-y-piôiTa, ^'JGdioç VI AiG'>/;ç, '(l'î^aviorjîropsa,;

(1) Cette pièce ligure également au f. 87 avec cet intitulé : El; tôv p5s),upc/v Toù àvatSoùî Aouxàpecoç è/.Yovov NixTQçôpo;.

(•2) Se trouve aussi f. 87 v avec les variantes suivantes. Intiluli" : àXÀo si; xov a-jTÔv.

(3) è7ci-/9'5vtoj7 corrigé en ïaw; xôovîwv.

(4) D'abord : 7:â; ti; -/.w^à aoît xal xptaâXaffTa [j-STpa, puis aoîi xwçà Ërtï) T:â; Tpia-à),a(7Ta [/.spwJ/.

(5) èvîffTTYl.

(6) Se trouve également au f. 88 r°. Intitulé ; â>,),o el; tôv a-J6v.

NICÉPHORE MÉLISSÈNE. 85

Kp'/;TX yy-p, Kp-^Tx /.'joi.y.vst.pr'. Tpo<p6ç 5 TO'j ^r(yi[/.ai avxç OepiG'xi Tzyo:: w; à-KO pT^aç (j;îi»5ox,pr,Ta, 7TZTp-/]ç yJ.iyo/; à-TTSipeaiov (1) .

à'no (2). (f. 81 r")

NoOv [J!.£V oi^ixicrjnjyTQ^i /.al àppev[/.7iv oiXotTiTX GCtxppocuvv) /,o).z(jxt, Aou/-xpi, osî <7S oihr,'^' yàp tÇ> ôcppuxç cuvàysiv, x.al touv^u[A!X SiGÔai ox'.ov £S'.; OvxToîç £(jOlx yapi^o'vsvo;. 5 x.xTx a^ ÛTuèp H'ffkzir,^/ appeva /.'j— piv àtz-alyôiv w: GTzxvôç, STS(pavviç ùpisTepo; y£vsTr,ç(3). GW^poG'jvriÇ TpÔTvo; SGTto kyéyyuoç vu ts /.xl ïpyotç V. 7:ù.z tIç Gwoptov 6a£T8ptov yovs'cov,

r/.-Xo (4). (f. 81 r'' à 81 v"') Rxl y.O'jpov ©avoiXTiol; éov ^.îtx ttotjxov étxioojv

voGT/f'jXVTa [xx/xç k'/.TXvs OxpGa'Xsw; à'X'XÔTpix GrxpT'/ii; op"/i'GxvO' OTi y'' aÎGyoç xvvidisv £iv î(^i"/] yx'//) oépTXTX GsGax }^UtOV 5 -/.xl •/.7.uTàv TwXTcav côç 'js'jGXTO Kc7;Ta; xxtttou; y/iy£V£cov xlépov Ao'Jx.xpi; ô 6i^!.'oç (5) TTx; àvTio'wv c)t(^6T(o Tzya vÎTCXTi "koyyy.y

p71ÇZ[/.eV0Ç /.pXTSXV oÇp'.V STîl C'î'^'',

(1) La confection de ce vers paraît avoir été fort laborieuse; voici les divers états par lesquels il a successivement passé avant de devenir ce qu'il est ci- dessus :

O'j xpY)Ta, i^îûffTav â-/9o; ÈTXf/Ôoviwv,

^/E'JiTTav, xprixa o'-j, aotàp àro xôovtwv. 'iiE'juTav, yàp •/pv);, aùxàp a/o; aspÔTiwv. 4'îû'7Tav, yàp xpri;, TtXeïv S' â3(o; àya'/Xéov. 'liî-jaTav, yàp xpr]ç, TCp-^iTi Ô£ a'.(r-/o; k'st. 'iiîûaTav, O'j yàp x.pri;, -zolat uXsîov «xoç. '^yîÛTTav y.py;Ta uaTpri; alayo^ àmiçiéaiov.

(2) Se trouve aussi f. 88 v". Intitult» : âXÀo el; tôv aOtôv.

(3) D'abord : xal xaXoîç xûpot; ïsTvov ây^iv az. yàfjiov. Puis le premier hémistiche a été ainsi modifié : w; ô ■kxt.S.; Ststpav^ç. Ces mêmes changements ont été faits au f. 81 r, mais on a ajouté en marge, au-dessous de 6 TiaTtà; iTeiav?);, cette note : outw yàp yvwsîTÔi; saxat.

(4) Se trouve aussi f. 89 v\

(5) iLo^ôît?, et en marge : •?) 'lnôîoç.

86 REVUE DE l'orient CHRETIEN.

l'pps, Ic'ytov, y,ax.6(ppcov, [^.sya yzp tu ay^Ooç àpoùpviç 10 ETrTveo sv yOovîoiç vi'Xiov eiGopzwv.

ano(l). (f. 81 r a 82 r°) MicoTCTtoye KuptX'Xs, [j.ovoç [J-s'ya àpytsprjwv

ocicyoç Tvlviv su ^ylv Tuàvra y' £7VLGTà[/,£voç, TepTreo vuv y.évxoi, ocioo'jç yàp g'ts'ixjxx [BeKo'j

xal ^.xaxi^ -/.al TirOp (2) Trlcta-i-x (3) y s coi ijA'keTy.i' 5 p.ouva^UYÎç yap toi 6x£pT,[xsvoç êvGxf^' v/J/mv.c, j_o\)g6v (701 àvo'jxwç o.îjy.z'Xsov (juvzycov àlX' ézXd), saXto, tsIswv àsç spy' àG£[xicrTcov, è'pya xocx.O(7TO[xàj<03v, Ao'jx,api, aîy.oê'opwv (4) .

aX}.o. (f. 82 r'')

TsTla.O'., ylwcaa çîlr,, /.al ocvxayeo àyvD^Arri irsp"

Se, ypy.çl;. oOsyyou aTTx sv. x.paoi'/] (5).

aW^o £tç tÔv aÙTOv (f. 82 r°)

0T£ èy.py.TEi (6) V/;<7Tptx.coç toD oixoi»[A£V'.x,oij Opo'vou.

Et; al, Rupi'XT^fi, izy.^o; Oeiw [/.Éyav côixoca ô'p/.ov

ypjcp-^aaTa [7//i iroieîv, Trzvxa 5' â'ysiv àTp£[7-a;*

ôj; r^è xa'Xifjt.Trlccyjç^ÔsvTa iVÎov Tfià l'pyjj.aTy. aùOtc,

ôpXOV £7:iG'T£p^Xl TOV [7,£yXV O'J ^UV7.[Xai,.

aUo. {f. 82 à 82 v°)

Ti; Oeoç '^ vd[Aoç eùOùç, ti<; >.6yo; viSè OfipidTwp £^£>.a.£iv y.é'kery.i, Aou/,y.pi, N£WOUT0v

£)t TTTollOÇ y.6a[J.0U T/y^'-Opa XSfl à7w07T£p!.7w£lV,

vios pviïm'co; oy/.w. àyViVop(rjÇ 5 à}.>.Gy£vscov y.oaT££iv Ocôx.oj ^ôT^to vi'îs pt'/îcp;, coç Tpo'cpi[7-o; jj.s'XiTa'.; (iBoae^r,q ts {yipw'l ;

(1) Se trouve aussi au f. 89 v°.

(2) V.OÙ Ttûp v.cd [AaaTt^.

(3) D'abord Ttdvra, puis TtXeTffTa et enfin à'X).a.

(4) D'abord SaifjLovîwv.

(5) Cette pièce se trouve aussi au f. 87 r», le second vers, pareil à celui ci-dessus, était d'abord ainsi conçu : tj Se, yçxx^U, oio-oi? prjjj-axa xpaSiv)?.

(6) Le manuscrit donne ÈxpâTyi.

NICÉPIIORE MÉLISSÈNE. 87

aX).o. (f. 82 r)

Su; aisl y-pa^ivi; s;j.£Wv >.'jypx ozpaa/,7. r,G6a,

Aouxapi àyvwp'-oiv, y.xvOaps oucrcraXiwv, aieî (AGI ^6y.£s; x-axoç e'tj-aevxi oly. st'j/Ôt,;

çù).7. ppoTÛv ->.avx£!,v, ^'J'TjJ.opa -/.y.', ©povssiv, r. cTspva TC'Xeî'x ^oXou axI ^ÎT-rpocpa 7:y.v-r, £via/_£iv,

s! y.al £(p'/ia£oiO'.ç oaivso alloç 'Icoo ol; 8' £Î To.uTOfy-xTw; T'j/r, acTaTOç oi(^£V isipsiv

oI^£ /.al £Î; àir^v £/, V£(p£').wv -/.a-ayî'.v.

aXlo. (f. 83r°)

'A()a.vàTOi.<>!. [jiv oOy^ oti £1 <pD.o; r.^è ppoxoi'jiv,

elc, ei^oav ^aiacov r,yy.yzu o'//.oua£vviv oùx. £()£'Xwv 7ïpo-/,yaY£, Ao'J-/.7.p'., zaV ïvy. c)£içr,

ç àloy to (jTpofAêcd ppizy.t; c'jc£T7.'..

aX>-o. (f. 83 r*^)

NOOV [jiv <7-/.UA£'J0VTa TcOV CX<p7. O^".? klff/il,

Aoux.zc'., otg' àvToç, ex-Toç cljo-jny. (p'jGîi.

à'IXo. (f. 83 r°)

E'I Sua/'hyAyixv ©opsî'-v te àyâcaiov oÏ£i,

Aou-/.ap'., /.ai piyôç -/.àvuTûO^viTO; lO-/ àv TCapap-ic'Ccov yzuaov tw; £v6x^£ '/ixEiç (1) ,

tl/su^OTuv/i Tayswç ol'asTat £; K,dpy.-/.aç.

àXTvO (2) elç T-/1V aÙTO'j -/.y.OaipEfJ'.v. (f. 83 à 83 V°)

A RtOVGTaVTlVOW TCoXtÇ TCZV'J COI R'jpilT^t;)

^£'£t' ÈcrOlôv, <70V oùSèv àyac7(7a[X£vyi , ola f^£ CE (pOops' opOou riÔ£Oi;, èvOx^a xauTX yoau-[/.aTa to'j [^icou; avOfixo xal xa/.ir,;

(1) D'abord èv9à5' Ixàvet;.

(2) Se trouve aussi au f. 0 1 r°.

88 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

5 Nsioip'JTOv r^s TOx,v;'a ot' ï'kxay.q vjv y-o ïdoy.ç

aUo. ff. 83 V°)

YpuXXov ûlov Tslsct,. ToToç, w o'jTo;, ïz'.;.

aUo. ^f. 83 V°)

AïnyTt éyoyj TOiy.'jTa, Kupi'X).;, T£7i(pi, sv ôUsi,

[xr, /rp'/iV/;v D^Ooiç, [Jl-zits /.y.TOTVTpo. Aaoo!.;* ôj; yàp Ny.py-tGcro; y.yj.'):/], oh c;(6[j,aToç uêpiv

piJ;(/.ç, teQv'/]^'/! Trj; ye ày-po/^j).'//!;:.

a7.).o. (f. 83 V°)

O'c/OlÇ, £/.£yyO|-/,EVW ccTirpE— IVIÇ '7<p£T£pr,;.

al>.o. (f. 84 r°)

Mv] y)vaïvav, [xr, (jJcuOpwTïa'Taov aa[J.!, yapT^o'j, Aou/cxpi, T^pôç o6H'/;v, oTTt x.£v/i r^aTTavr,"

l'pyjXy. (XOt £1 T'. 0£}v£'.Ç TTOpÉO'.Ç o'TTTîp au.êpOTOV £GTl,

n-/r^\^x £^(ôB(ov T7Î; voOox.o.a'Xo'j'jv/;?.

arAo(3). (f. 84 r")

Eivl puo cpil£w O'jo (ZGTc'pa;, r/jv^y.y. ijo'jvot

COV TToOjtO TTaVTCoV £;'7Î.V àc£tOT£0Ol.'

NfiiocpUTOV ^fk'.y o'j.yx ivi Otôx-co aGTSï tok^s, ■/i^£(4) R'jpiTvTvOV ôpxv r/;/.o;7.£Vov !i;£}^ta.

aVAo. (f. 93 r°)

"E<7Ti yiX'jz^ V£'jp7.'., 'K7.r,x.Tpov r^è 770'j; aùpx 0£OÎ'o'

(1) £Î; y'* Au-dessous de cette pièce, on lit d'une autre encre : Epigramma N. ep. Crot. in Cyrlllum palt'taixham schismaticum, in eius pertlnaciam.

(2) Au f. 83 V", il y avait d'abord ■tzi]xv.t\a.^ s; xôpaxa;. Quand l'auteur a substitué àsÔTiv à xopaxa:, il a oublié de changer è; en eî;-

(3) Se trouve également au f. 94 r".

(4) D'abord xaî.

MCÉPIIORE MÉLISSÈNE. 89

El; Tov 8'jysvv; /.al rxvj >^6yiov (f. 93 r") zrtÇ iAsy(zV/i:) £/.(-/,V/i(jiaç) 7rpwTO§(£<7Ttapiov).

rvôjQ', 'Icozvvr,v u.z^.a youcao'jTi/.TOV ératîwv,

oj ^cîv£, 7:po(7iowv 77Vc'jj/.aT'. àoOov'//;; •/.y-i ^apispyov ibeîv, "kyJkéziv f^è o-j y-'':ova eï^ou;

ô; >.co(jT(ov yovs'wv £'j-:e'pavo)'7c y.y.zy..

_ N'.-/.r/|/opo; £i; éauTo'v. (f. 93 l°)

O'jt' 7.77' '177./,'//;;, o'jt' I; 'Ayzp svOz'^' t>cavoj,

o'JTî xo' aïp£G£(j); Soyi/.aTa TCait Ç£ocov /.civcov yptcToaayo!. yiv, lyco ^', w; e— aôto (^•?,'Xov.

ïn—0'j.(xi £x. /.partir,; ô-/;aaci Osiooo'owv.

[EL: TÔv R£-7rr.Sov.] (f. 97 v" et 98 r")

'Ev RsItoÎ";, R£Tw-r,(Σ, -rtri fjiê>^co s/.Oocôç oi'TTrso

•/iltoc, i^[7-0(7'jv/; xzX^.e' i-i/.zz'j.oi'jy.c- To'jvsxa àvTOAiai, ^'jgi£; /.x'. xIttcx ôXu[A7ro'j

y'cci G à:'4aXou TravTOTE £Ùc—i'/i;.

aX7,o . 'Ev yapiTcGT'. /apt; y.al usyjGy.iG" liù.zrj jj.ryjçyy x.p-/;7;i; ttoi^/îtcov y.u-'J.'., Kc7vr,^£, '£cp'j;.

xW.o. Aciêaôœv y.ào7,cov £-! yEu^co, •/,'jp£ R£7:r,^£,

i^.OU'jSCOV, |7,£'X7r£i; TCi'JVSX.y. >.tO!;T£pOV.

y.lV 6-ff.Gy.<; g^j /zptv y.^ryy.iGi, —\zXG~y. ^e Tsp'j'a; y.O'jcz;, âpy/j'((ov exjGî^iry ^CkcGi.

y/lo. M"/;' [7,£ Oow; <7'j >iy' vib's 777.p£p-/£o, d); -rz/oc, Âwcts, lopiGiv OTTi cpzo; y-ai c7X.qto; a.!;uv3T0i;.

7:}.}.o. 'Y[;.voyop7.; yiv "Oy.xpo; ay.ai):£Î', y,Xi.o; «.g-zv., R£77TCr(Oo; Reato'j; ay.êpoT7. y.£A— 0[X£vo;.

90 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

TLlq Tov EsotoTarov /.al coocoTaTOv 'Hpa/J.£i7.ç (f. 100 r")

Nixr,(popoç vîc!u£7uv) a^£i Aiov'jGiov âpytspzpyy.v,

àYy£\6(i,opçov, àyavop', àoi<^t|j,ov, a'j.êpoTov ayyo;, fiapuTupeTv^a, ^lé'Xioyap-^, p7.6u/.pr;-ivi^a, [j(ÔTr,v, yayyaXsa, yXcocTTZiTTrt^a, y/iGocjvov, y'Xu/.u^epx.vi, oioysv^, §£iv6v, ^LxOp'j>,V/iTov, ^u6uvT-/iv,

5 sù^apx-^, spyoTpuVj scTTavvôv, é-raïpov, £-d7ïTr,v, Ca<p>.sy£a, *(a[7.£v^, '(wvexpov, '(coo^ov/ipa, '/•/*)u>.upyiv, vîy/iTopa, ri^u^.ov, TiXioOuy-ov, 6a)i'Xo(popov, Gi/Asov, 6£or^£y[/.ova, Oa'XTV'.o'ovTy., tôuvay^, tcayyeT^ov, ï^fAOva, ï>.£oOu;7.ov,

lu xo^aXiiy.ov, xalôv, xaG3cp£iov, xapT£poy£ipa,

lap.7ïiav, 7;a[y-7TTr;pa, "XxTpe'jTviv, }.a'7-T:eT00VTa., (f. 100 v"] [Aapfy.zpsov, [j,0'jGav, j^.£yaV/ÎTopa, [/.apyapofpwvov,

V£)tpdêlOV, VO£pOV, VViy-£pTéa, V£(7T0px, V/l'<7TVlV,

^£ivofW.ov, ££Îvov, Eéviov, ^ouGov, ££vrjOp£7rTv;v, 15 o[xopi[/.oÔu[xov, oA'Jfy.'Tirt.ov, oXêiov, 6p(pavo^£X,Tav, TCavTap)C7i, xai.^£UTyiv, 7ra[A(p£yyvi, TuavàpicTov,

pOJ|J.x)^£0V, p'J(7TVÎV, pOr^OSt^Ti, p'/;TOpa, pcV.TXV,

coj'ppovi/.ov , G£[/.vàv, culV/i'— Topa, crstj-vo-poGwrov,

T7]);£xll)TÔv, Tapê-^, TSpXTOUpyOV, TV/lGtlV-eptfXVOV .

■20 u4;*/iXo(ppov', uTrepTarov, utj^i'pavTÎ, u7r£poyxov, cpiXoOeov, cpzpiov, cpwTauyov, (ppy.^[J.ova., içair^pôv, yp£Uoo-/l, )(^apo7ràv, j^api^V/iOéa, yap[xaTOp£y.Tav, ^puyocTToVjv, ^|;ivGov, t|;uy_auyvi', t|;'jyo^iwx.Tav, wvoTraTpiQv, à)/.u«j/,o— ov, cox,£a, w>'.uê£'X£[j.vov.

Emile Legraxd.

VIES ET RÉCITS D'ANACHORÈTES

(IV=-VIP SIÈCLES)

I. ANALYSE DU MS. GREC DE PARIS 159G PAR

F. NAU

II. TEXTES GRECS INÉDITS

EXTRAITS DU MÊME MS. ET l'UBLlÉS

PAR

Léon GLUGNET

{Suite) (1)

L'histoire suivante (p. 517-550) est analogue à celle du po- tier de Constantinople qui figure dans Evagrius (IV, 36) et aussi dans le présent manuscrit (p. 423-425). Cf. Les récits inédits du moine Anastase, Paris, 1902, pp. 60-61 :

^ir,yr,i7X^b \).oi iiq bvô[j.x-:i 'lojâvvr^ç, -o) vsvîr, MsX',T-/]vbç, 7:p2'^'\j.y. 7015JT0V. 'Oti or,(jh/ £v Apapàt -f, ziAsi, Éîjti y.'j-r, ~r,: Ap[j,sv(aç,

XpicTTtavwv, y.ai -psSa-a 'Eêpatcj -r,voç. L'enfant juif qui jouait avec les enfants chrétiens est instruit, puis baptisé par eux qui le

font aussi communier (îooj \iit -/.-A ïx -f^z k-n.y.z y.zvthyny.: ùiz

-riixtiz). Les parents s'en aperçoivent et chargent un de leurs coreligionnaires qui chauffait les bains publics de la ville de jeter l'enfant dans la fournaise, ce qui fut fait. Par un effet de la Providence, l'évêque voulut- le lendemain prendre un bain ; il trouva que l'eau n'était pas chaude, il en chercha la cause et trouva l'enfant vivant dans le foyer. "EXsys 5 -xXq -/.y}, -oj-o-

(1) Yoy. vol. VII, 1902, p. 604.

QU^iM

<i

88

REVUE DE L ORIENT CHRETIEN.

£Ùyo[xsv7i croi àpzç 7Trs[7-7r£Tai £';(i) àtV^AjV (2) .

aX)^o. . (f. 83 V°)

RupiXXo'j GTOiyzV si £"X£!.ç o'jo, yx[;-u,a ya Grf'jSiç, YP'JX'Xov ô'7.ov Ts^.s's!,. ToToç, oOto;, £ïi:.

a}Jo. (^f. 83 V°)

Aïay'/] £)^wv TOiaijTa, Kupi>^>.£, T£r,çpi àv otj/£'.,

[j/l] Xrp'^VVlV D.OotÇ, [XTITS X.y.TOTCTpX loLK^OlÇ'

(Îj; yàp Nxpxi.crGOç y.x)j'n, cb 5e cc6[y.aT0ç uêpiv [j7i'i/a(;, TeOvrjH'/i ty,; ys à-A^oyrA>.r,ç .

aAXo. (f. 83 V°)

rpy.'lai £7;!,y6ovLOuç yâpa.; acpOiTov, àXlà K'jpiÀ>>co uopiç, lleyyouAvoi àizQt-'vriç Ti'psTsp'/iç.

a7ao. (f. 84 r°)

Mv) y\oùoiav, [7/À, 'j/.u()p(07ra<7|xôv xa'X!. yapt^o'j,

Aoux.apt, Tïpoç S6^'/;v, ott'. /.£v/i r^a-av/i" è'pyp.y. [/.ot T'. Gélstç Tiropeotç OTirap aaêpoTov ècTi,

<zyr\\i.% £;,côOa)v TTiÇ voOo/.y.AT.OT'jv/iç.

a>.o(3). (f. Sir")

Eivl puo (pilaco r^jo à(7T£'pa;, 0'jv£y-a [joùvoi

cov TToOc'to ravTcov ei^lv àpeiOTEpoi' NaiocpUTOV yKyoy.y.i £vi Ow/.to aGT£'!.' tÇ!)0£,

■/ir^£ (-4) Kùpi};"Xov ôpzv r/;/.o|7.£vov [isTvia.

alAo. (f. 93 r°)

"E<7Tt )(_£7.'jç, vc'jpy.', TrTvvi/.Tpov r^£ TTO'j ; aùpa. GeoTo' ToToç (j^y.uxpord^Tjç Aiovucio; k'r.ç.

(1) £t; y'- Au-dessous de cette pièce, on lit d'une autre encre : Epiyramma N. ep. Crot. in Cyrillum palriarcham schisincUicum, in eius pertinaciam.

(2) Au f. 83 v", il y avait d'abord 7rÉ[j.Ti£Tai è? xôpaxa;. Quand l'auteur a substitué ài'Sriv à xôpaxa:, il a oublié de changer è; en sî?-

(3) Se trouve également au f. 91 r".

(4) D'abord xaî.

NICEPIIORE MELISSENE. Ei; Tov eCiyevyi' x.al rxvu Xoyiov (f. 93 r"]

T'/iç [A£y(zV/lc) £/-(-/.l'/;'jtaç) 7rpWToé'(£(7Tl7'piOv).

FvôJOi IwzvvriV ;7-y.7.a •ypu(7£0GTt,/.T0V éraipcov,

co ^cïve, 7:poa!,owv xv£'jfi.aTt à/pOovir,; ■/,y.l ^apispyov '!()£Î'v, "XyXiziv ôï ys''pova £i6ouç

>.w(jTWV yovc'(ov È'TTE'pavwTc xzpa.

N'.xri^dpoç £t; éauTo'v. (f. 93 1°)

Où'-' 7.-' '1t7.A'//i;, o'jt' £; 'Ay^p èvÔz'^' t/.avoj, 0'JT£ x(p'' alpsGEoi; 6oyf^,aTa Tzôint. (pspwv

■/.ELvcùv /piCTOi^-ayoi aèv, lyw ^', w; eTTAîTO r^/jlov, â'cr-oy.ai £/. /.par^tr,; zr,'j.(/.at. Oeioçoowv.

[E-:,- Tov K£Tr7rr,(W.] (f. 97 v" et 98 r")

'Ev R£).TOK, K£7:-Y,(^£, T£'?î fit^T^OJ èV.OoCcÇ C0'777£0 Ti'klOÇj lo[J.rjaÙV/] X,zH£' £77l-/.p£y-a77.Ç'

TO'JV£x,a àvTO^iat, ^'jct£; -/.al ylcrpo, Ô'Xu'j.tto'j

a(7£i (7 àp'^alou '7ravT0T£ £Ù£7:ir,ç.

aXko . Ev '/aziziGO'. /apiç /.al »7-ou(7at'7' k'TvT^go [xo'jax, x-priTCi; -oiviTcov xw-u,'., Ketty^^e, l'cp'j;.

y.Xko. Aîiêahwv àfîôT^wv s'! yEUf^to, y.\)ze K£7;r,^c,

[j.O'jçEcov, O'j y-i^TTSi; TVj\îy,7. XcoiTcpov. àA"X' o-acaç ct'j ]^xptv x,p-nvxi<7i, XEiTTa Tîp'|;a;

y.o'jcaç, âpy/J{^(ov EÙfTsêiTiV [/.sls^t,.

l'àpiciv oTTi cpzo; xal ij/.otoç à^uvsTotç.

à7.Xo.

'T{;.voydpaç [^iv ''Oy,T,co; aaauQ£r, Yj)aoç aarpa, Retcttt.oo; ReAto'j; aaêpoTz '7.£)v7wO[;.£voç.

89

■Wv

90 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Elç tÔv tspco-aTov -ml crocpcoraTov 'R^x/Skeiy.ç (f. 100 r")

Niy.vi(popoç /IGUSTvvi ao£i Ziiov'jGiov apytepaoyav,

ayyc};6(/.op(pov, àyavop', àot(^i;a.ov, aaêporov ayyoç, fiapuxpsTTTia, [3ié'>>iO)(_apyï, Paôux-pTim^a, [ic-kr.v, yayyaXsa, y'Xo)G(7z:<77rt(îa, y/iÔocuvov, y"Xu/,uScpx-^, ^loyevv], Setvôv, ^Lo(,Op'J7."X7iTov, ^'.ïOuvTriv,

o Euôapxri, gpyoTpuv, S(7Tavvov, sraïpov, £7707bT-/;v, ^acpleysa, ^y.{;,ev^, (^wvexpov, (^too^oTr^pa, r/julupyiv, -iîyvi'Topa, 7]r^upv, y)7Tri69u[Jî.ov, OalXoipopov, BéySkzov, Oeor^£y[xova, QaT^Tï'.o'ovrx, tèuvy.y^, i^ayye^ov, ï«^pvy., î>.£oOu|xov,

lu )tu^a>a[y/jv, y.où.ôv, -/.aOxpîiov, xapTspoysipa,

lî'.j/.-iav, Xa[x-Tr,pa, *ÀXTps'jTYiv, }.a|7,'77£TO0VTa, (f. 100 V"^ [7,ocp[7,zp£ov, [y.O'jciav, [j.£yxV/iTopa, (xapyapo'otovov,

VEXpoêtOV, VO£pOV, VVl|J,£pT£7.j Vs'iTTOpa, V/lW/JV,

Ç£ivofjo-/.ov, Ç£Îvov, ^Eviov, ^ouOov, ^£VoOp£7rTv;v, ci[xoptfxoÔu(/.ov, oX'jy.Tïiov, oXêiov, op(pavo^£/-Tav, Tûy-vrapy,-^, 77at(^£'jT7iv, 'Â:7.[x<p£yy;o, -avdcpKïTov, ptoy,aX£OV, p'jcTviv, pof^o£i^r,, p-/;T03a, ûôV.txv,

(jWCppOVlXOV, G£[AVOV, (JuTvV/i-TOpa, (7£tXV07706G(i)r0V, TVlX£-/,'Xl»Tàv, Tapê-îï, T£pO(.TOUpy6v, TV/iat|J.£pt[JLVOV.

•20 'ji|;r,Xo(ppov', oTïÉOTaTOv, ij;|/i'pav'?i^ uTripoyxov, (pO.oÔfiov, (pzpiov, çco-rauyôv, cppy.f^jxovy., cpair^pôv, y^^eioiO'n, j^apoTCÔv, j^apixlriOia, y7.pf7-a.T0p£/.Tav,

wvoîraTpr;V, W/'.'j'7-/.o-ov, w-/.£a, w/.uê£'l£y.vov.

Emile Legraxd.

Il

VIES ET RÉCITS D'ANACHORÈTES

(IV'-VIP SIÈCLES)

I. ANALYSE DU MS. GREC DE PARIS 1596 PAR

F. NAU

II. TEXTES GRECS INÉDITS

EXTRAITS DU MÊME MS. ET PUBLIÉS PAR

Léon GLUGNET

{Suite) (1)

L'histoire suivante (p. 517-550) est analogue à celle du po- tier de Constantinople qui figure dans Evagrius (IV, 36) et aussi dans le présent manuscrit (p. 423-425 1. Cf. Les récits inédits du moine Anastase, Paris, 1902, pp. 60-61 :

"OiiJTCV. 'Oti s*/](jiv £V ApapaT -r^ TriXei, ïq'i y.'j-r, ~f^z Ap[j.îv{aç,

-po6â"o)v TzoiiJ.^iot. £'.7'. TTvXXà, c'jViC'/] '^bcv^zG^ 7.1 £v Tw a\).y. T.Ç)bcy.-y.

•/pf.c7-t,avwv, y.y). zpicaTa 'Ecpa-^cu tiviç. L'enfant juif qui jouait avec les enfants chrétiens est instruit, puis baptisé par eux qui le

font aussi communier (iooj \y.it 7.y\ h. -■?,: àvûr v.zivoyv.y; wr

i,[j.z'.q). Les parents s'en aperçoivent et chargent un de leurs coreligionnaires qui chauffait les bains publics de la ville de jeter l'enfant dans la fournaise, ce qui fut fait. Par un effet de la Providence, l'évêque voulut- le lendemain prendre un bain ; il trouva que l'eau n'était pas chaude, il en chercha la cause et trouva l'enfant vivant dans le foyer. "Easys 5 raï; -/.a; toj-:;*

(I) Voy. vol. VU, 1902, p. 6U4.

92 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

Av/^p ":(,>; TO \'évcq Al'(Ù7:zio:, zo '6yc[xx 'Io)âvvr^c, s'jAao'^ç 7:avu

[j//; xcivojvwv ToTç àcizo t-^ç auvoccu t^ç èv XaAy.Y;c6vi, r^vc-jv tyj y.aOoXr//^ £7,y.X'(^(7ia. Tevo[jAvr,q cuv çuy^? Trpcçâasi t?;ç TzspGV/.f^q àXcoasoj; -^aOîv

£v TY] KùTTpw. Il continue à communier avec les hérétiques. Un homme vénérable lui apparaît par deux fois, lui ordonne de communier à l'église catholique et lui révèle enfin qu'il est Épi- phane. Il lui demande s'il a été à la métropole Constantia, s'il est entré dans l'église d'Épiphane et s'il veut être de la même foi qu'Épiphane (p. 350-551).

[j.zTT. TÔv a'jTOJ YCV£0)v £'.; [jApr, 'Ijaupia^; v.y.l y.aT£76r, elq -Jz-o^» Tivâ. Ev6a i>T.f,pyt'/ t\z [^.cvâoiov £'.; Y£po)V xpyyloç, ilye £;o)0£v

T2J [j.ova(7r/;picu auy.^v iJ.£yaÀ-/;v è vépwv... Un jour, par l'opération du démon, il voit une femme nue sur le figuier; à l'exemple de Notre-Seigneur, il maudit l'arbre et celui-ci perd la moitié de ses feuilles le jour même et le reste le lendemain (p. 55-2).

L'histoire suivante (552-553), relative au patriarche de Jéru- salem Amos, est inédite, croyons-nous. Il est remarquable que le chap. 149 de Moschus, consacré à Amos, figure aussi dans notre manuscrit (p. 589) dans les mêmes termes, mais le nom Amos y est remplacé par Élie. D'après notre manuscrit, l'au- teur assistait donc à l'ordination d'Élie en 493 et ne pourrait plus être Moschus :

Té^fové -iiq £V 'f) y.^((y. Xpid-rct) tij 6cOj 'qij.mv ttoXei (p. .553) ùpyie- iziGV.OT.cq ôv5[J.a-i 'A;x(oç. 'Hv sjtî;, v.y- âvépYsiav tcj Ha-avà [j.i- <jO[i.b'/ayoç, tcioutcç g)ç cjy. à'v tu sï~oi î-^pcy. 'Hv y.al a'JTOç; t;j cc^fic'j GyqiJ.y-oç, el y.xl àva^îo); r,v TcliTO oopwv. Ivaxà Se cu^r/(<)pr,GV/ 6£0li, 7:£pi£-£ai Tiç iJ.ovocyzq zlq 7:£ipaa'[j-bv, y.x\ [j.aSwv touto o «Ùtoç ocpytSTr^G-y.o-oç, b cvto)^ àvâç'.c^ y.a't rv;^ lepMfjÙTr^q y.al tcD «yy^AixcU cr)^r,j;,a':oç. 9£'p£i xov ;j.iva/bv, xai C7:£p £':;p£T:£, t^ ciGa7y.aX''a tov àaOcV^ •TTEpiTrcirjaaaOa',, tojto cjy. £-vtY)ij£v, «Xa' kv.oùaaq œjTO'^ -zo «YY^^ty-bv cy/^ya 5 7î£pi£6£6Xr(T2 b/iyyy.q '/ofpcv, ■Tzaviwv 6£a)p!:jvT0)v, £V£Gua£v aj-rbv To £vou|j-a tcu [xova'/cj, y.at à^éXuas [^.éacv ty;? 7:ÔÀ£0)ç, tcv

V'IES ET RÉCITS d'ANACIIORÈTES. 93

[j.cva-/bv -ù'by.- c'j [j///,po)r. à-ÎAu-; v.x'. ajT:v. Ty; aj-?; vjy-I oxi- vz-.xi aijTW é àvio^ 'lojâvvTj; c ^a^TTiarr,;. S7:a-£',Ac'j[j.£v;; -/.a», Àivwv ajTw' Tf' ouTO)ç iTTO'/^ja;; àT'.;xâa-ac to zyr^\j.x ;ac'j, o à'vOpto-e, jxsXXo) otV^v TTCsi^v [j.sTa c;j Tf, r,y.ip3: t-^ç y.pCjso); ÈttI -cî) |rl-(^;j.aTC? toj çî- cspij. Toîi os ùtv',!j6évtoç \i.zvx. çs5cu, àç)yz-y.i %-<Z,tv> '^xzv tou âvi^'J Iwâvvou TOJ '::poopi[;-o'j s^o) "v;? ■ttôÀcWC, •/.a-iVav-t toU vasii t:j aY'w'j ]ïlT£©avou y.aTa âvatoXa*;. KXaiojv £■::; tw â-ÔTucoiTCu r.py.y[j.y.-z: cO -^v z:'.r,a-aç. Kai TsXsioWavTCç ajTCj tcv vabv, -/.a: ■/.'j-x/.zi\):r^'3'x^t-zz 7,y.-y. -râvTa Tpi^ov, ècssT^ t'J'/îTv Œ'jyy/opr^o-sw.; tôv v^i/apTEV. 'Ez'-cpaivsTa', aÙTW ô àvio;; 'Iwâvvr;^ ày. o£UT£po'J AévcoV AAr,0£',av AÉyw, S'. "/.af. aAAO'j^ 7:£v:£ vacj>; 7.t(7£',ç ;;.S'- S'j ly.T'.sa; ;j.£{uOV5:ç, cj ;rr; (jUYXwp''îOr, •rj à[J.apTia, àXAa ob:r^-) TtoiTiGUi [>.t-x aou èv -f, ozczpx r^iiApy. tyjç y.p''T£Wç. IlapsAOiv-ro; Toy àp7t£i:i(7y.S7:cj tov àvOptôziviv (âfcv, y.al r,G-r; tcj ::paY;j,x-oç zpcYvwtjOévTs;, xa-:£p£; l'/.pivav tcj £Ç3tA£r.5G^va'. ts ajTcD cvoij.a èy. twv o'.-T'Jy^ojv t'^ç àyiar Xp'.jTCj toj Oscîi •/;[xwv Ava- ■j'iinii:. b /.'A ïr.zir^aTf.

Un vieillard servait une vierge et certains disaient : « Ils ne sont pas purs. » Le vieillard, en mourant, ordonna de planter son bâton sur «a tombe et le troisième jour, il porta des fruits

(p. 556).

La fille d'un homme très charitable meurt lorsqu'elle n'était encore que catéchumène. Le père donne tous ses biens aux pauvres et apprend en songe qu'elle a été baptisée; en effet, on ne la trouva plus dans son tombeau, elle avait été portée avec les lldèles [p. 556-557).

"0-t [j,£V yàp Msj-'av bvo[j.i'Ço'j(Jiv ccl ôsîai vpaç/al XpicTOv tov 0£Cv, 7:poor,Acv. Ojy. oioy. r.Siq èv Gyr,i).si^i àv-r/pfoTou Mz.(j(-r,- (1) tt.; v.y.- KO'j]j.svzq. ïr:\ toj àv à'{iziq Maupiy.bu ^xijCkidyq ^(é^'ovzv èv KoiVCTavtivi'j- ■jrÎAît, èv -z-q [j.y^(iv.f, -iv,vr^ ÙTzep^iWiiiV lyyy. 'xzitq iz yltovz: oy.pij.y.v.zù:. Ojto? èy.TrjUaTS Tcva vsTaptov ^^piff-tavov xai 9o6o'J;x£Vov tov Ocbv, y,al i3cuA6[j.£Voç aj-bv tcaxv^txi /.aî ty] [^,aY'.y.^ -:r/.vY] Trapaoouva'., èv [xi5 èc-Épa 7:ypzT/,zjy.7îy (p. 558) 5 y-iapoç [j.îcCtr,:; j'JYy.a6aA',y.£ja'ai ajTW.

Ils partent à cheval, arrivent enfin à un camp dans lequel se

(I) On semble faire ici un nom propre du mot [xsair/i;, qui signifie seulement inlermcdiaire. On remarquera que le Iiéros de ce récit joue bien, d'ailleurs, le rôlt^ d'entremetteur entre le notaire et le démon.

91 REVUE DE l'orient CHRÉTIEN.

trouvent des nègres (Aîôiottsç) présidés par un nègre. Le notaire fait un signe de croix et tout s'évanouit. Plus tard dans le temple du Sauveur, appelé ^XÉOpov, riniage de Jésus-Christ se tourne vers lui par deux fois et le remercie de sa foi (p. 557-560).

m. Toj XYicj Ao)po6£c'j. rispl TOI) [j/r, osîiXs'.v -v/y. -y-.c.yzly i-q loix (7'jViffî',. Ev Tatç '7:(xpoi.]j.iy.iq AiysT Otç [j//; b~ipyz.'. xu6£pVY;(nç, r.h-zo\j^iy ojaTTsp çpuÀÀa... jusqu'à c 6sbç ay.s-aas', 'qimq àirb toD xivc'jvou Twv (j-oiyoù^-ijy/ èauioîç, y.ai àruodsi y.paT'^aai t-^v cobv twv ';:aT£pwv •;i|xwv. 'Aij/rjv (pp. 560-567).

On trouve ensuite une nouvelle série de chapitres qui figurent dans Moschus : chap. 2 (p. 567); 7; 8; 10; 17; 22; 23; 35; 38; 40 (p. 569); 41; 42; 44; 46; 51; 52; 55; 56; 58 (p. 574); 59; 67; 73; 75; 80; 85; 95; 98; 103; 110; 112; 113; 114; 125. Vient alors (p. 582-585) l'histoire de l'évêque et des deux femmes fidèles dont on trouve la traduction latine dans Migne, P. L., t. LXXIll, col. 998-1000. On revient ensuite à Moschus : chap. 130 (p. 585); 140; 141; 142; 143; 144; 145; 147; 149 (au lieu d'A- mos, ce manuscrit porte 4rAia); 152; 153; 150; 159; 162; 163; 164; 168; 169; 171; 172; 175; 178; 182; 187; 181; 190; 191; 192 (p. 601).

IV. Viennent alors de nouveaux récits :

napiOaXXcv XCTS ^iXijcçc yépcvzi tivi, y.cd p-stà tb 'iroi^aai el)yr,v. i'/.âOiasi 0 yspwv o-tojTTWv y.y.l ttaÉ'/.wv c£ipiv, xal \j:r,oï oAo); àvavejcov.

Ils lui demandent de leur dire quelque bonne parole, et le vieillard leur dit enfin : « Vous avez dépensé votre argent pour apprendre à parler et moi j'ai tout quitté pour apprendre à me taire » (p. 602).

"EXsYÉ -iq z-.i h) 'AAsçavcpîîa -^v ■:<.• iCkoûziz^, v,y\ Ziù.iy.'j-J.q Tbv GdtvaTOV )va|j.6av£'. wasi TpiaxcvTa AiTpaç '/pjjicj -/.yX izypiyz.1 Tz-iùyzlz, b{évzT:o aùtbv ùYiàvai. 11 regrette ensuite son argent. Un de ses amis le lui rend, à condition qu'il aille à Saint-Menas et dise : « Ce n'est pas moi qui ai donné l'aumône, mais bien cet autre. » 11 le lait et tombe mort en passant la porte de l'église (p. 602).

AiTt^CQiya'O 0 ;j.axapicç Ao^(^i'^cç ô Trpsaê'Jxepoç t'^? àyiaç 'AvaaTa- (7£(oç, OTi TcaTpiyaèç tiç toï ~yKy-'.o\> zlyz yuvaïxa -xvu £u[j.opçpov, -^v ajTY; y.yl xavu k'Afq\JM'^, v.yl G'jvé'^r^ijyv àXÀr^Xotç £0); Itwv £ç*(]xcvTa.

Elle meurt et le patrice apprend à ses amis qu'elle est morte vierge comme il l'avait eue (p. 604).

VIES ET RÉCITS d'aXACIIORÈTES. 95

opzué zvn £Y"/.X£'.a'T(o, -/.ai TCaps'/.xAS'., t'va Oi;'r;-:a'. aj-îbv xa', tcoiTjUY] \).o-

vayiv. Le vieillard lui dit d'abord de vendre ses biens et d'en donner le prix aux pauvres, puis il lui ordonne d'observer complètement le silence, enfin il l'envoie dans un monastère d'Egypte et le fait suivre par un frère pour savoir s'il pourra traverser le fleuve sans parler. Quand le scholastique arrive au bord du fleuve, il invoque Dieu et un crocodile vient le porter sur l'autre rive...

'Ev 'AXs^avâpîîa; -f,^ WyÙTt'O'J àv TÔJ zIvm -r,- x\'iy.q Mxpixq. o'.- XcTTOVoi Ttvsç 'Aod oCkôypiry-z'. y.yzzi: thzpyô[j.vJO'. sic ty;v £-/.-/,A7; cr-'av vS: izzpybixz^oi ïoXs-ov Tiva ^'épc^-y. ;j.svaybv 7.aOY;;j.3vsv ïzm tcD ttuXwvoç

y.ai TiiTtpào-y.ovTa u-upioaç. Ils lui demandent le prix des corbeilles, il répond : 'X-l li/.x ^iz-r^).\vMy) . Ils en offrent cinq, il accepte; ils en offrent un, il accepte, car il a coutume de demander d'abord le juste prix, puis d'accepter ce qu'on lui donne. Ils vont voir sa cellule qui était si; -:z \j.i-;7. -.t-py.-Skz^t (1). Il les envoie v.z -y;v 0s;o:7(='j pour inviter un vieillard de ses amis à venir manger; celui-ci à ces paroles comprend que l'autre est mort et meurt lui-même dans la semaine qui suit (p. G04).

MsYta-ptavôç Tiç JTZoj-pÉsoiv ïr.l Koiva-TavTivoJzîA'.v ù~z Wy'/rjx- (T-tvoç sic [J'ip'Ct Tjpou, à-av-5 -vn zoXuêXs'-ovT', '/.y.-y. -r-Jjv zzz't [J:r^ l'/ovT'. c3-/^Y°''' OTTi; swv^ç Twv '.--:y.3[j.())v ày.s'Jaxç, Ï7:'ky^(iyaz r.ypy. -■r)v ôobv ij.'.y.piv. Kal ïy-zbtyq ■:y;v yi'ipy. iXsstvà v.y}. -razsivà èXâXîi ^•^Twv ÈX£r(;.».;jJvy;v. Il lui donne un Tp'.;j.7;7'.:v pris dans son y.sp;xcOj-

Xây.iov. Le pauvre lui annonce qu'en retour Dieu le sauvera d'un grand danger. Il arrive à Tyr, des -y\j.\j.yLyjxpizi le prient de demander pour eux un navire à Vy.zyuy). Il le fait et demande pour lui des chevaux de poste i^pzzzi). L'ap-/o)v dit aux ~y[j.^.y- yy.p\zi qu'ils auront le navire s'ils peuvent décider le ;/£7icrTp'.aviç à aller avec eux. Celui-ci accepte et continue son voyage par mer. Durant la nuit il se lève v.q ypv.yv et tombe à l'eau. Mais un autre navire le recueille et le conduit à son but. Son aumône l'avait sauvé (p. 606).

Ar^jy-r^aaTO -iç twv Tra-épwv 'izzpl xivoç ©iXcypfo^ou àvcpbç ôvôij-aTi Mapxupiou. 'Hv 5 oiYjYr^oa[J.£vo; -psaoj-rspcç «jx-^t-J;; ]j.i^(y.q, z~\ 7:ap£6âXXo[^.£v tw xj-w y.'jpw